Intérieur de l'église de Xishiku, à Pékin, Chine (Photo Wikimedia Commons, Peter17)
Vatican

L'accord Chine-Saint-Siège préserve le trésor de la foi

Gianni Valente, nouveau directeur de l’agence missionnaire vaticane Fides, a pris vigoureusement la défense de l’accord Chine-Saint-Siège dont le renouvellement prochain suscite la controverse. A ceux qui estiment que Rome et le pape François se sont laissés bernés par les communistes de Pékin, il oppose des effets concrets pour les catholiques chinois.

Il y a tout juste quatre ans, le 22 septembre 2018, les représentants du Saint-Siège et du gouvernement de la République populaire de Chine ont signé à Pékin l’Accord provisoire sur les nominations des évêques catholiques chinois. L’accord prévoyait une période d’application ad experimentum de deux ans. En octobre 2020, il a été prolongée de deux ans.

Aujourd’hui, les déclarations du pape François et du cardinal secrétaire d’État Pietro Parolin ont laissé entrevoir une intention de poursuivre le processus de négociation dans le but de confier la charge pastorale à des évêques dignes et aptes.

Depuis la signature de l’accord, il n’y a plus eu d’ordinations épiscopales illégitimes en Chine,  célébrées sans le consentement du pape, relève Gianni Valente. Ces ordinations illicites avaient causé de douloureuses lacérations parmi les catholiques chinois depuis la fin des années 1950. Depuis 2018, six nouvelles ordinations épiscopales ont eu lieu en Chine, les procédures incluant la nomination papale. Dans le même temps, six évêques dits «clandestins», consacrés dans le passé sans suivre les protocoles imposés par l’appareil chinois, ont demandé et obtenu la reconnaissance des autorités de Pékin.

Aujourd’hui, tous les évêques chinois sont en communion avec Rome

Gianni Valente admet que ce nombre reste faible, si l’on tient compte du total des diocèses catholiques en Chine qui sont vacants ou dirigés par des évêques très âgés. Mais tous les évêques catholiques chinois aujourd’hui sont en pleine et publique communion avec l’évêque de Rome.

L’accord sur les nominations d’évêques chinois touche aux fibres les plus profondes de la nature apostolique de l’Église et au dynamisme même de sa vie sacramentelle, relève le directeur de Fides. La question abordée dans l’accord concerne la foi des catholiques chinois, et la souffrance causée par les déchirures ecclésiales qui, au cours des dernières décennies, ont divisé le clergé et les laïcs, les communautés et les familles elles-mêmes. L’accord porte en outre sur la mémoire des martyrs et la validité des sacrements célébrés en Chine.

La pleine communion restaurée de tous les évêques avec l’évêque de Rome ne peut être qualifiée de «décevante» du point de vue du Saint-Siège, insiste Gianni Valente, surtout si l’on garde à l’esprit l’histoire dont on est issu.
«Ceux qui qualifient l’Accord d’opération aux résultats médiocres, voire d’erreur à regretter, doivent non seulement supprimer les références aux dynamiques sacramentelles qui font vivre l’Église, mais aussi occulter tout ce qui est arrivé au catholicisme chinois au cours des 70 dernières années.» 

Les catholiques ne sont pas les agents de forces hostiles

Pendant très longtemps les évêques et le Vatican étaient généralement désignés comme les «chiens de garde» de l’impérialisme occidental. Aujourd’hui, personne en Chine ne peut penser à insulter le pape et l’Eglise catholique comme des agents de forces hostiles.

Les catholiques peuvent vivre certes sans privilèges, mais sans être montrés du doigt et perçus comme un corps étranger, comme des hôtes exotiques ou des représentants de cultures lointaines, souligne Gianni Valente.
Leur situation peut entraîner de la fatigue, des déceptions, des souffrances, mais les catholiques ont la possibilité de confesser la foi au Christ. En témoigne la vie quotidienne de tant de communautés chinoises, dont l’agence Fides reçoit des nouvelles.
Les derniers papes ont attesté que leur communion avec l’Église catholique en Chine n’était pas à restaurer avec des instruments de suprématie juridique, simplement parce que cette communion était déjà en place, fondée sur le partage de la même foi catholique. C’est le seul trésor sur lequel on peut compter, même dans les événements les plus énigmatiques et controversés de l’époque actuelle, conclut Gianni Valente. (cath.ch/fides/mp)

Intérieur de l'église de Xishiku, à Pékin, Chine (Photo Wikimedia Commons, Peter17)
23 septembre 2022 | 13:48
par Maurice Page
Temps de lecture: env. 3 min.
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