La Cité du Vatican a adhéré à Interpol en 2008
Vatican

L’adhésion du Vatican à Interpol a permis l’arrestation de C. Marogna

Suite à un mandat d’arrêt international lancé par le Vatican le 7 octobre 2020, Cécilia Marogna, se présentant comme une diplomate de l’ombre travaillant pour Mgr Angelo Becciu, a été arrêtée le 13 octobre à Milan par la police italienne. Une première qui s’explique par l’adhésion en 2008 de la Cité-Etat à l’organisation policière internationale Interpol. Le vatican pourra en outre bénéficier de son aide pour obtenir l’extradition de la Sarde de 39 ans.

Cécilia Marogna, arrêtée à Milan, pourrait rester sur le territoire italien, mais dans une prison où les enquêteurs du Vatican se rendraient pour l’auditionner. Le Vatican ne possède en effet qu’une seule cellule. Un accord permet qu’à la demande du pape, des prévenus soient gardés dans la prison Regina Cœli, à Rome, ou tout autre pénitencier à proximité de la capitale italienne.

La justice de la Cité-Etat veut entendre «l’experte en relations internationales» du cardinal Becciu qui a reconnu avoir reçu, en plus de son salaire, 500’000 euros de la Secrétairerie d’Etat. Une somme perçue sur quatre ans qui, a-t-elle expliqué à la presse italienne, rémunérait des missions dites «de sécurisation de nonciatures (ambassades) dans des pays à hauts risques terroristes». La justice vaticane soupçonne un détournement de fonds orchestré par le cardinal Angelo Becciu au profit de celle qu’il a d’abord présentée comme sa nièce.

Localisation rapide

Depuis qu’il est membre d’Interpol, c’est la première fois que le Saint-Siège émet un mandat d’arrêt international. Selon plusieurs sources concordantes, la localisation de la suspecte a été «rapide et facile».

Avant octobre 2008 et l’adhésion de la gendarmerie du Vatican à Interpol via son Bureau central national (BCN), la cité papale devait passer par l’Italie, selon les Accords du Latran, pour bénéficier des prestations de l’organisation policière. Une situation qui rallongeait les délais administratifs et qui n’aurait pas permis l’arrestation aussi rapide de l’improbable diplomate de l’ombre de Mgr Becciu.

A l’initiative du BCN

La gendarmerie vaticane gère le Bureau Central National (BCN), organe dont doit disposer chaque état membre d’Interpol. Le principal mandat du BCN est de demander des informations auprès de bureaux homologues, dans le cadre d’enquêtes internationales sur des infractions ou des malfaiteurs, et partager des renseignements en vue d’aider d’autres pays.

Le BCN du Vatican, a donc lancé un mandat d’arrêt international auprès d’Interpol, en demandant à ses homologues italiens d’identifier l’endroit où se trouvait Cécilia Marogna et de la pister jusqu’à son arrestation. Une notice rouge (voir encadré) a été émise le 7 octobre dernier à cet effet par le secrétariat général d’Interpol afin que Cecilia Marogna puisse être interpelée dans n’importe lequel des 194 Etats membres de la centrale policière basée à Lyon.

Plan de «sécurisation des nonciatures»

Celle que la presse italienne surnomme «la dame du cardinal» prétend, en contrepartie des sommes versées, avoir aidé le Saint-Siège à «sécuriser certaines de ses nonciatures (ambassades) dans des régions sensibles et à hauts risques».

L’Italienne n’a pas non plus nié avoir acheté des sacs à main de luxe mais a laissé entendre qu’il s’agissait de cadeaux pour la femme d’un responsable nigérian. Ce dernier aurait alors été plus à même de pousser le gouvernement à agir pour améliorer la situation de l’Eglise catholique.

A l’issue d’un éventuel procès, Cécilia Marogna pourrait être incarcérée dans une prison italienne, ou ailleurs en Europe, après sa condamnation. Car depuis 2019, le plus petit Etat du monde a adhéré à la convention du Conseil de l’Europe sur le transfèrement des personnes condamnées. (cath.ch/msc/bh)

Interpol
L’Organisation internationale de police criminelle (OIPC), généralement abrégée en Interpol, est une organisation internationale créée le 7 septembre 1923 dans le but de promouvoir la coopération policière internationale. Son siège est situé à Lyon, en France.
Interpol est connue pour délivrer, entre autres, des notices rouges: des documents d’alerte qui, une fois publiés, permettent d’assurer la traque planétaire de criminels recherchés.
Ces documents, qui contiennent des éléments d’identification et des éléments juridiques sur les individus recherchés, sont diffusés à travers 194 pays membres. Ils facilitent grandement le travail des polices nationales en leur permettant d’identifier, de localiser et d’arrêter des individus recherchés sur la base de n’importe quel contrôle à des fins d’extradition. Ce dont a pleinement bénéficié la gendarmerie vaticane début octobre. BH

La Cité du Vatican a adhéré à Interpol en 2008
16 octobre 2020 | 13:35
par Max Savi Carmel
Angelo Becciu (110), Finances (184), Interpol (2)
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