Mgr Gualtiero Bassetti, archevêque de Pérouse, est le président de la Conférence épiscopale italienne (Photo:YouTube.com)
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Le chemin synodal italien en cinq questions

La 74e assemblée générale de la Conférence des évêques d’Italie s’est conclue le 27 mai 2021 par l’annonce de l’ouverture d’un chemin synodal. I.MEDIA décrypte cet événement important pour l’Église dans la péninsule – mais aussi pour le pape François, primat d’Italie.

1. Un succès pour le pape François

Lundi 24 mai, en ouverture de l’Assemblée générale, le pape François n’avait pas caché son insatisfaction : selon lui, les évêques italiens ont perdu du temps et oublié les efforts du passé. En 2015, lors de la précédente assemblée à Florence, ils avaient de fait déjà dessiné tous les contours d’un chemin synodal. Mais depuis, plus rien. Le Primat d’Italie a finalement obtenu ce qu’il demandait à chaque rencontre depuis des années, et ce avec plus d’impatience à chaque fois. Le cardinal Gualtiero Bassetti, président de la Conférence des évêques d’Italie (CEI), l’a bien rappelé en conclusion de l’assemblée, citant le pontife à de nombreuses reprises pour décrire les contours de ce que sera le chemin synodal dans la péninsule.

2. Le quatrième chemin synodal national en cours

Depuis le concile Vatican II, chaque diocèse peut, à son échelle, rassembler le Peuple de Dieu et organiser un synode – plus de 70 ont été organisés en France ces cinquante dernières années, par exemple. Parfois, ces synodes diocésains peuvent prendre une dimension nationale, comme cela a été par exemple le cas en Suisse en 1972, où les sept synodes diocésains se sont rassemblés pour former un synode national. Cette expérience, valorisée par Rome, qui compte même la développer lors de son prochain synode mondial sur la synodalité, tend à se développer ces dernières années. Le secrétaire du Synode des évêques au Vatican, le cardinal Mario Grech, a particulièrement mis en valeur ces expériences lors de ses dernières interventions. Le synode italien est le quatrième chemin synodal national en cours. En 2018, l’Allemagne a ouvert un itinéraire synodal, suivi en 2021 par l’Irlande puis récemment par l’Australie. À noter que dans ces trois cas, la question de la sécularisation et des abus est centrale, thèmes qui seront moins portés par le synode italien.

3. Démographie, travail, proximité: les grands thèmes abordés

Le grand enjeu est, selon le cardinal Bassetti, d’encourager une «conversion pastorale intégrale, fondée sur la parole de Dieu, l’Évangile et les conditions des personnes aujourd’hui». Pour cela, le synode doit partir de l’actualité, notamment celle révélée par le confinement, a-t-il insisté, pour rencontrer les lieux dans lesquels la population italienne souffre aujourd’hui. L’Église catholique compte notamment apporter sa «caresse maternelle» face à la «fragilité de tant de familles», notamment en abordant la question de «l’hiver démographique» que rencontre l’Italie depuis des années. Autres problèmes importants cités par le cardinal : «la solitude, l’éducation des enfants, les difficultés de ceux qui ne parviennent pas à joindre les deux bouts par manque de travail, l’immaturité émotionnelle qui conduit les familles à se briser».

4. Un but différent du synode allemand

Le président de la CEI a mis les choses au clair dès l’ouverture du chemin synodal : «le parcours synodal que l’Église italienne entame part de conditions très différentes de celles de l’Allemagne». Certains points ne seront pas abordés, a-t-il insisté, notamment «ceux du célibat des prêtres et du sacerdoce des femmes» qui ne «sont pas les problèmes fondamentaux qui assaillent l’Église et l’humanité en ce moment». Autant de points largement abordés par le «Synodale Weg” allemand depuis 2018.

5. Un vrai défi qui s’annonce

En Italie, 81% de la population se déclare catholique, dont un tiers de catholiques pratiquants. Et c’est d’eux que doit partir la démarche synodale, a insisté le pape François, qui doit se faire «de bas en haut». Pour la cinquième nation la plus catholique du monde, et la première d’Europe, l’enjeu d’un synode national est de taille : 155 diocèses et 20 archidiocèses auxquelles il faut ajouter une dizaine de circonscriptions spéciales (prélatures…) vont devoir discerner en tant que Peuple de Dieu pour parfaire la mission de l’Église dans la péninsule. Le Conseil permanent de la CEI a désormais la tâche de mettre en place un groupe de travail pour harmoniser les thèmes, l’agenda et les formes que prendront le synode national dans les prochains mois.  (cath.ch/imedia/cd/mp)

Mgr Gualtiero Bassetti, archevêque de Pérouse, est le président de la Conférence épiscopale italienne
29 mai 2021 | 09:21
par I.MEDIA
Temps de lecture: env. 3 min.
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