Emma González, 18 ans, figure de proue du mouvement #NeverAgain | © Keystone
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Le cri des jeunes: l'espérance d'un monde meilleur

Est-ce un simple concours de circonstances? Au lendemain de l’événement «March for Our Lives«, portés par les survivants de la tuerie de Parkland, le pape a appelé les jeunes à ne pas rester silencieux.

«Chers jeunes, c’est à vous qu’appartient la décision de crier», a affirmé François lors de la messe des Rameaux. Le moment n’était pas choisi au hasard. Il marquait le terme d’une semaine de réflexion durant laquelle 300 jeunes du monde entier se sont rassemblés au Vatican pour exprimer leurs attentes quant au prochain synode qui leur sera consacré en octobre prochain.

Le pape a insisté: «Il y a de nombreuses manières de rendre les jeunes silencieux et invisibles. De nombreuses manières de les anesthésier et de les endormir pour qu’ils ne fassent pas de bruit, pour qu’ils ne s’interrogent pas et ne se remettent pas en question».

Ras-le-bol

Une homélie prononcée également au lendemain de «March for Our Lifes” qui a réuni le 24 mars 800’000 personnes à Washington. Elle ont envahi l’artère principale, qui relie le Capitole à la Maison-Blanche, pour crier leur ras-le-bol face aux fusillades qui endeuillent les Etats-Unis. Cet événement a été organisé par les «survivants» de la tuerie de Parkland en Floride, qui avait fait 17 victimes en février dernier.

Ces jeunes lycéens sont également à l’origine du mouvement #NeverAgain (plus jamais ça) qui a pris des proportions planétaires via les réseaux sociaux. Ils réclament notamment un plus grand contrôle des armes aux Etats-Unis. «À tous les hommes politiques ayant reçu des dons de la NRA (National Rifle Association, principal lobby américain des armes à feu), honte à vous», lançait trois jours après le drame Emma González, 18 ans, figure de proue du mouvement.

«Nous cherchons à être écoutés»

A Rome, dimanche, le pape n’a toutefois pas directement fait allusion à la manifestation américaine. Mais il a affirmé: »Si nous, les aînés et les responsables – bien des fois corrompus – restons silencieux, je vous le demande: vous, est-ce que vous crierez?» De nombreux de médias américains y ont vu un lien de cause à effet.

En encourageant les jeunes à se mobiliser pour une société plus juste, le pape s’inscrit également dans le prolongement de la réflexion présynodale des jeunes. Dans un document de 12 pages, remis au pape à l’issue de la messe des Rameaux, ils expriment leur aspiration à être les acteurs du changement social. «Nous cherchons à être écoutés, à ne pas être de simples spectateurs de la société, mais des membres actifs. Nous voulons travailler à la construction d’un monde meilleur». La revendication est claire. Elle servira de «boussole» aux évêques du monde entier qui se réuniront en octobre prochain pour une réflexion consacrée à la jeunesse.

«March for Our Lifes” est l’illustration de cette capacité d’indignation de la jeunesse et de son aspiration à davantage de justice. «Nous sommes là pour le changement. Notre mouvement n’en est qu’à ses débuts», lançait du haut de la grande scène de Washington Camron Kasky, survivant de la fusillade. «Rien ne peut résister à des millions de voix qui réclament un changement», twittait dans la foulée Barack Obama. Pour l’ancien président américain, comme pour le chef de l’Eglise catholique, la jeunesse est porteuse de grandes espérances. (cath.ch/pp)


Quatre minutes de silence

Sur la grande scène de Washington, samedi 24 mars 2018, Emma González a marqué les esprits. Son hommage a duré 6 minutes et 20 secondes, soit le temps qu’il a fallu à Nikolas Cruz pour abattre 17 de ses camarades le 14 février dernier à Parkland (Floride). En larmes et immobile, le regard fixé droit devant elle, elle a notamment conservé le silence durant 4 minutes et 30 secondes.

Emma González, 18 ans, figure de proue du mouvement #NeverAgain | © Keystone
26 mars 2018 | 14:13
par Pierre Pistoletti
Temps de lecture: env. 3 min.
Jeunes (220), pape françois (2269), révolte (2), synode2018 (109), USA (12)
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