Le cardinal Luis Antonio Tagle est préfet de la Congrégation pour l’Évangélisation des peuples depuis 2019 | © Catholic Church of England/Flickr/CC BY-NC-ND 2.0
Vatican

«Le migrant rejeté pourrait être le grand-père d’un futur cardinal»

«Le migrant que vous rejetez pourrait être le grand-père d’un futur cardinal !» C’est l’avertissement qu’a adressé le préfet de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples, le cardinal Luis Antonio Tagle, lors d’une conférence-bilan d’un programme d’aide aux migrants le 15 juin 2021.

Se référant à son histoire personnelle, le cardinal philippin a souligné combien la rencontre avec les migrants fait progresser dans la foi et la compréhension du prochain. »Ces réfugiés me ramènent à mes racines», a-t-il confié, la voix chargée d’émotions. Et a poursuivi, les yeux baignés de larmes: «en eux, j’ai vu mon grand-père qui est né en Chine, mais a été forcé de quitter sa terre natale pour les Philippines avec son oncle, alors qu’il était encore enfant, à la recherche d’un avenir meilleur».

En tant que haut prélat de la Curie en charge de l’évangélisation, le cardinal Tagle s’est rendu dans des camps de réfugiés dans de nombreux pays – en Grèce, au Liban, au Bangladesh… Cependant, il affirme que la question des migrants se pose partout où on se trouve. Il déclaré avoir rencontré pour sa part trouvé une «partie» de lui-même dans ces confrontations.

Pour celui que ses concitoyens surnomme «Chito » – et que certains vaticanistes regardent comme un papabile – il se passe toujours «des choses incroyables» lors des rencontres avec les migrants. Face aux craintes et aux sentiments de rejet, il importe selon lui simplement de faire l’effort de susciter la curiosité des gens.

L’Érythréenne de Manille

Le cardinal Tagle a raconté comment une année, dans son ancien archidiocèse de Manille, il avait dû célébrer une journée internationale des migrants le jour du Jeudi Saint. Il avait alors décidé de proposer à des migrants – dont certains n’étaient pas chrétiens – de se faire laver les pieds, comme le veut la Tradition catholique à cette occasion.

Parmi eux, se trouvait une Érythréenne enceinte, explique-t-il. «Les paroissiens l’ont vu arriver, grande, avec sa démarche très élégante, et se sont demandés qui elle était», raconte le cardinal. Il leur avait répondu qu’elle venait d’Érythrée, et eux «s’étonnaient parce qu’ils ne connaissaient pas même l’existence de ce pays». Et une fois renseignés, se demandaient comment une personne venant d’un pays si lointain avait pu atterrir aux Philippines.

Voilà le bénéfice qu’on a à rendre les migrants visibles, conclut le cardinal Tagle. Cela rend les gens «curieux», et ensuite, «ouverts». L’Érythréenne, rapporte-t-il, a par la suite obtenu une bourse pour se former, et a pu faire venir sa mère pour l’aider.

La petite fille du Népal

Le cardinal a enfin témoigné combien les migrants aidés étaient grandement touchés par le soutien que leur apportent des membres de l’Église catholique partout dans le monde. Dans chaque camp que le Philippin a visité, on lui a demandé «pourquoi nous aidez-vous ?» Sa réponse, assure-t-il, était toujours la même : «parce que je crois en un Dieu qui me dit de vous aimer».

Une réaction à cette réponse, raconte-t-il les yeux à nouveau baignés de larmes, l’a particulièrement marquée. Elle provenait d’une petite fille dans un camp du Népal, qui lui aurait alors déclaré : «Votre Dieu est magnifique ! ».(cath.ch/imedia/mp)

Le cardinal Luis Antonio Tagle est préfet de la Congrégation pour l’Évangélisation des peuples depuis 2019 | © Catholic Church of England/Flickr/CC BY-NC-ND 2.0
15 juin 2021 | 16:36
par Maurice Page
Temps de lecture: env. 2 min.
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