Le pape François reçoit Mgr Gaillot, banni il y a 20 ans

Rome, 02.09.2015 (cath.ch-apic) Mgr Jacques Gaillot, évêque d’Evreux révoqué par Rome il y a vingt ans, a été reçu par le pape François 1er septembre 2015 pour une rencontre privée de trois-quarts d’heure. Démis de ses fonctions notamment suite à ses engagements politiques et à sa présence controversée dans les médias, Mgr Gaillot avait été alors nommé symboliquement à la tête du siège titulaire de Partenia, dans l’actuelle Algérie, sans territoire ni fidèles.

Le pape s’est présenté seul devant l’évêque de Partenia et le Père Daniel Duigou, qui l’accompagnait, au cours d’une rencontre dénuée de tout protocole, ont raconté par la suite les deux hommes aux médias français. «Il m’a donné une belle leçon de simplicité, de liberté. Il ne juge pas, il ne recadre pas», a confié Mgr Gaillot à propos du pape argentin.

«Nous sommes frères», aurait ensuite lancé le pape François à l’évêque mis au ban de l’Eglise pendant près de 20 ans. Dans un français un peu bancal, le pape a poursuivi la conversation avec les deux hommes, évoquant notamment la question des migrants, une cause importante aux yeux de Mgr Gaillot. «Les migrants sont la chair de l’Eglise», a alors assuré le pape à ses interlocuteurs.

«Le Christ veut sortir!»

L’ex-évêque d’Evreux, aujourd’hui octogénaire, lui a aussi raconté ses propres expériences pastorales auprès des personnes divorcées remariées ou des couples homosexuels, qu’il lui arrive de bénir. «La bénédiction de Dieu est pour tout le monde», aurait alors commenté le pape. «Cela fait vingt ans que je suis exclu, ce qui est mon passeport parce que je suis avec les exclus et les exclus se reconnaissent en moi», a aussi confié Mgr Gaillot au pape, qui lui aurait répondu: «très bien». Le pape François aurait alors ajouté: «Le Christ frappe à la porte de l’Eglise mais pas de l’extérieur… de l’intérieur pour que l’on ouvre la porte sur le monde, sur l’humanité. Il veut sortir !».

Au cours de cet entretien au cours duquel il aurait été peu question de la révocation de Mgr Gaillot survenue en janvier 1995, le pape François aurait aussi confié, interpellé par l’évêque sur une possible visite en France, que sa priorité allait aux «petits pays».

S’il n’était pas venu à Rome depuis longtemps, Mgr Gaillot s’était retrouvé auprès de Benoît XVI en septembre 2008, à Lourdes, en France. S’il avait dit être déçu par l’élection du cardinal Joseph Ratzinger en 2005, le prélat français avait alors confié trois ans plus à I.MEDIA être venu manifester sa communion. «Benoît XVI n’est plus Ratzinger, mais le pape, le successeur de Pierre», avait ainsi confié Mgr Gaillot. (apic/imedia/bl/mp)