Le métropolite Hilarion de Volokolamsk, 'numéro deux' du Patriarcat de Moscou | © Jacques Berset
International

Le Patriarcat de Moscou s’étend en Afrique au détriment d’Alexandrie

L’Eglise orthodoxe continue de se déchirer au plan international. Le Saint-Synode de l’Eglise orthodoxe russe vient en effet de créer un exarchat patriarcal en Afrique, au détriment du Patriarcat grec orthodoxe d’Alexandrie et de toute l’Afrique.

Il sanctionne ainsi la décision du Patriarche Théodore II d’Alexandrie de reconnaître la nouvelle Eglise orthodoxe d’Ukraine (OCU) fondée par le Patriarche œcuménique de Constantinople, qualifiée de schismatique par une partie du monde orthodoxe.

Reconnaissance du schisme ukrainien

Après la reconnaissance du schisme ukrainien par le patriarche Théodore d’Alexandrie, après sa concélébration avec le chef schismatique de «l’église d’Ukraine», note le Patriarcat de Moscou, une partie des clercs du Patriarcat d’Alexandrie ont désapprouvé la position de leur primat. Ils ont prié le patriarche Cyrille de Moscou et de toutes les Russies de les recevoir dans l’Eglise orthodoxe russe. Au moins 100 paroisses et leurs recteurs ont déjà déclaré leur désir d’intégrer le Patriarcat de Moscou.

Dans un premier temps, affirme le métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou (DREE), l’Eglise orthodoxe russe s’est abstenue de répondre positivement à ces requêtes. Elle espérait que le patriarche Théodore changerait de décision, et que les hiérarques de l’Eglise d’Alexandrie ne soutiendraient pas la légalisation du schisme.

Le métropolite Hilarion s’en prend une nouvelle fois au patriarche Bartholomée Ier

«Mais cela n’a pas été le cas. Lors de sa séance du 29 décembre 2021, le Saint-Synode a donc constaté qu’il était impossible de refuser plus longtemps de recevoir dans le Patriarcat de Moscou les clercs de l’Eglise orthodoxe d’Alexandrie en ayant fait la demande».

Le patriarche de Constantinople, Bartholomée Ier, dans le collimateur du Patriarcat de Moscou| © Jacques Berset

Commentant cette décision dans l’émission «L’Eglise et le monde» (Tserkov’ i mir), diffusée sur la chaîne de télévision Rossia-24, le métropolite Hilarion, a prévu que cette décision serait désapprouvée «par ceux qui luttent depuis des années contre l’Eglise orthodoxe russe». «Le Patriarcat de Constantinople, qui a pris les décisions illégales et anti-canoniques sur l’Eglise ukrainienne, est à leur tête».

Demandes «insistantes» du clergé africain

«Nous ne serions pas entrés en Afrique, a-t-il précisé, sans les demandes insistantes du clergé africain qui s’est adressé à nous après que le patriarche Théodore d’Alexandrie ait rejoint le schisme. Nous avons reçu la première requête il y a deux ans. Nous avons patiemment attendu. Nous avons étudié les requêtes de ces clercs. Nous avons envoyé divers signaux au patriarche d’Alexandrie, pour lui faire savoir que nous ne souhaitons pas intervenir sur le territoire de l’Afrique. Nos propositions ont été rejetées, le patriarche d’Alexandrie a montré qu’il n’avait pas l’intention de changer de politique au sujet de l’Ukraine. Que nous restait-il à faire ? C’est pourquoi nous avons reçu ceux qui se sont adressés à nous».

En dehors de ces 102 clercs, a précisé le président du DREE, il y a d’autres ecclésiastiques des pays d’Afrique qui souhaitent rejoindre l’Eglise orthodoxe russe. «Nous les accueillerons aussi», assène le métropolite Hilarion, précisant qu’il ne s’agit nullement d’une «invasion, ni d’une volonté d’affaiblir le Patriarcat d’Alexandrie d’une quelconque façon». Il souligne que la décision du Synode de l’Eglise orthodoxe russe permet aux fidèles orthodoxes des pays africains qui ne souhaitent pas être associés au schisme «d’être en communion avec l’Eglise orthodoxe canonique et de recevoir de prêtres canoniques la Sainte Communion et les autres sacrements». (cath.ch/mospat/interfax/be)

Le métropolite Hilarion de Volokolamsk, 'numéro deux' du Patriarcat de Moscou | © Jacques Berset
9 janvier 2022 | 18:07
par Jacques Berset
Temps de lecture: env. 2 min.
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