Le couvent de Bigorio, sur les hauteurs de Lugano, est un haut lieu de dévotion mariale | © mbeo/Flickr/CC BY-NC-ND 2.0
Suisse

Le plus ancien couvent capucin de Suisse érigé en sanctuaire marial

L’église du couvent capucin de Bigorio, au Tessin, a été érigée le 8 décembre 2021 en sanctuaire marial par Mgr Valerio Lazzeri, évêque de Lugano. Dédiée à l’Assomption de Marie, l’édifice sacré date du XIIIe siècle et est la première église conventuelle capucine de Suisse.

catt.ch/Cristina Vonzun: traduction et adaptation Davide Pesenti

La solennité de l’Immaculée Conception 2021 restera dans les annales du couvent capucin de Bigorio, situé dans les montagnes autour de Lugano. Au cours d’une célébration solennelle présidée par Mgr Lazzeri, l’église du lieu a été érigée en sanctuaire dédié à Sainte-Marie de l’Assomption. Elle est devenue ainsi le deuxième sanctuaire marial de Suisse italienne sous la responsabilité des Frères capucins, après celui de la Madonna del Sasso, sur les hauteurs de Locarno.

«Evénement historique»

Il s’agit d’une reconnaissance très importante accordée par le diocèse de Lugano à ce haut-lieu de dévotion mariale au sud des Alpes, considéré depuis cinq siècles comme un refuge sûr où déposer ses espoirs et ses angoisses face à l’existence.

Comme le témoignent les anciennes chroniques manuscrites conservées dans la bibliothèque du couvent, au fil des siècles, les fidèles de la région ont reçu de nombreuses grâces en contemplant et en priant l’icône de la Vierge Marie sur le maître-autel. Une effigie mariale datant du XVIe siècle, qui fut vénérée aussi par Saint Charles Borromée.

Lieu de foi et de culture

«Bigorio est comme un phare dans le brouillard. Et à l’occasion de la fête de l’Immaculée Conception, patronne des capucins, nous avons vécu un événement vraiment historique», se réjouit Frère Michele Ravetta, l’actuel gardien du couvent. Avec Frère Roberto Pasotti, responsable de l’accueil et l’autre frère capucin Ugo Orelli, responsable de la formation spirituelle, il vit ainsi dans l’un des plus anciens couvents capucins au monde.

Par la volonté de l’évêque diocésain, ce «phare dans le brouillard» assume désormais canoniquement la valeur de lieu de pèlerinage marial, reconnu et offert à tous. En ces temps difficiles de pandémie, la valeur d’un tel lieu de prière qui illumine, réchauffe et attire les cœurs au sommet de la montagne apparait encore plus évidente.

En quête spirituelle

Grâce à l’intuition du capucin tessinois Callisto Caldelari, le couvent est depuis 1966 un lieu d’accueil pour de nombreux hommes et femmes en quête de spiritualité. Avec l’ancienne église dédiée à l’Assomption, la bibliothèque, les grands espaces du couvent et la plus récente chapelle conçue par le célèbre architecte tessinois Mario Botta, ce monastère est une oasis de paix. En 2022, les Frères capucins ouvriront aussi un Bed & Breakfast. L’ouverture sur le monde extérieur est plus qu’un simple slogan, il est dans l’ADN de cette communauté tessinoise.

«Ceux qui nous rejoignent à Bigorio cherchent ici le silence, l’écoute, la présence fraternelle des capucins. C’est ce que le célèbre romancier italien Alessandro Manzoni appelait ›les frères du peuple’», observe Frère Michele, soulignant la vocation de formation spirituelle du lieu.

«Les participants aux cours et aux séminaires ont la possibilité de rencontrer la famille franciscaine du couvent. C’est une expérience de partage d’espaces communs qui fait une bonne impression sur ces hôtes, souvent des personnes éloignées des chemins de l’Église», précise le responsable de la communauté. Elles s’interrogent et cherchent le dialogue. Ici, elles rencontrent une atmosphère communautaire propice».

Dévotion mariale

Dans l’esprit du Concile Vatican II, le couvent tessinois est aujourd’hui un lieu où cohabitent deux âmes: une plus laïque, pour ceux qui participent au riche programme culturel proposé par les capucins, ainsi qu’à des journées d’étude. L’autre est celle des fidèles-pèlerins, mus par le désir de faire l’expérience du silence et de Dieu, ou de vivre des moments de prière communautaire.

«Les personnes qui viennent ici pour prier sont attirées par l’histoire des grâces liées à l’image mariale. Ils font preuve d’une profonde spiritualité, explique Frère Michele. Il suffit de penser que les fidèles montent à Bigorio à 6h15 pour participer à la liturgie eucharistique. En ce moment, les pèlerins sont moins nombreux, à cause de la neige, mais il y a toujours quelqu’un. Le dimanche soir, nous célébrons les vêpres puis la messe. Les gens entrent dans l’église, téléchargent l’application pour la liturgie des heures et prient avec nous. Cela me fait dire que les croyants contemporains ressentent un profond besoin de prier, aussi dans un contexte communautaire, de manière ›chorale’, c’est-à-dire avec le cœur, devant la Vierge Marie». (cath.ch/catt.ch/cv/dp)

Premier couvent capucin de Suisse
Le couvent de Bigorio a été fondé en 1535, dix ans seulement après la réforme capucine, dans l’esprit du renouveau catholique du XVI siècle. En 1577, saint Charles Borromée, archevêque de Milan, a consacré l’église conventuelle dédiée à l’Assomption. À l’intérieur, on retrouve une peinture de haute qualité, remontant au deuxième quart du XVIe siècle, représentant la Vierge et l’Enfant sur un fond paysager. Selon la tradition, il s’agit d’un présent du roi de Sardaigne à l’un de ses courtisans, devenu Frère capucin.
Pendant plusieurs siècles, le couvent demeura un centre de la vie érémitique, hébergeant plus d’une fois les chapitres de l’Ordre. Le couvent a ensuite été ouvert aux nouveaux membres de l’Ordre qui y passaient la première année de leur vie religieuse.
C’est après plusieurs agrandissements, en 1767, que le couvent a acquis ses caractéristiques architecturales actuelles.
Lors du Concile Vatican II (1962-1965), une nouvelle orientation a été donnée à l’activité du couvent qui, en 1966, est devenu un centre de référence pour la formation religieuse, spirituelle et culturelle en Suisse italienne. Par sa vocation, le couvent s’est fait connaître bien au-delà des frontières régionales.
Actuellement, 1’500 personnes se rendent chaque année au couvent pour participer à des séminaires, des cours et des journées de formation. DP

Le couvent de Bigorio, sur les hauteurs de Lugano, est un haut lieu de dévotion mariale | © mbeo/Flickr/CC BY-NC-ND 2.0
16 décembre 2021 | 09:31
par Rédaction
Temps de lecture: env. 4 min.
Couvent (15), Monastère (68), Tessin (125), Valerio Lazzeri (28), Vierge Marie (117)
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