La vidéo décalée des sœurs apostoliques de Saint-Jean (Saône-et-Loire) a fait le buzz et leur a permis de récolter plus de 183'000 francs. | ©Youtube, capture d'écran  
International

Le succès du financement participatif chrétien se confirme

En France, la plateforme chrétienne de financement participatif Credofunding décolle. Lancée en 2014, elle qui propose de financer de nombreux appels aux dons sur des projets chrétiens, a doublé l’an dernier les montants collectés, en dépit de la situation sanitaire.

Éric Didio ne cache pas son étonnement. Malgré les aléas de la crise sanitaire, la plateforme Credofunding, qu’il a créée voilà six ans, a collecté en 2020 plus du double du montant collecté l’année précédente, rapporte le quotidien français La Croix. Ce catholique lyonnais de 42 ans a quitté le monde de la finance en 2014 afin de lancer le premier (et jusqu’à présent le seul) site français de financement participatif chrétien. Son expérience personnelle et professionnelle lui avait fait prendre conscience des grands besoins de la part de structures ou institutions catholiques pour financer des projets, souvent immobiliers mais pas seulement. 

Sa «success story», qu’il avait racontée dans les colonnes de cath.ch, vient d’une idée simple: mettre au point une solution solidaire de financement: «Deux aspects m’intéressaient, raconte Éric Didio. Créer une vraie communauté autour de la plateforme et offrir deux manières de participer: les dons qui financent l’Église depuis deux mille ans mais aussi proposer des prêts, un système inédit dans le financement de projets chrétiens.»

Depuis la naissance de Credofunding, le succès est au rendez-vous, appuyé par une communication souvent audacieuse. À l’aide de clips étonnants qui connaissent un grand succès sur la Toile, près de 50’000 donateurs ont été atteints, 710 projets financés par la communauté, et plus de 12 millions d’euros collectés. Depuis 2018, la plateforme propose également des prêts, avec ou sans intérêts. Cette manière de soutenir des projets d’envergure a ouvert la voie à des investissements plus importants 19’000 euros (20’200 CHF en moyenne par projet).

Financement de projets éditoriaux

Céline Gauthier, une auteure de Montauban (Tarn-et-Garonne), a pu au-toéditer la collection «Zoom sur la Bible», une série de livres pour enfants qui éclairent des passages des Ecritures grâce à sa communauté de plus de 106 «credofunders». Cette aide lui permet d’envisager plus sereinement la diffusion du tome 1, sorti en septembre 2020 et d’amorcer la production des tomes suivants.

De nombreuses personnes viennent toquer à la porte du site de financement participatif. Chacun tente de se démarquer devant la multitude des projets, quitte à proposer un contenu décalé, susceptible de faire le buzz. C’est le choix qu’ont fait les sœurs apostoliques de Saint-Jean en réalisant une vidéo haute en couleur, qui leur a permis de récolter plus de 172’000 euros (183’111 CHF) auprès de 1’500 donateurs pour réaménager le prieuré de Semur-en-Brionnais (Saône-et-Loire).

Rénovation de bâtiments religieux

Parmi l’éventail éclectique que propose le site, des producteurs de musique côtoient des instituts catholiques, des œuvres de charité et des monastères comme l’abbaye Sainte-Marie de Boulaur, dans le Gers. Tenue par des sœurs cisterciennes depuis 1949, l’abbaye va prendre un nouveau tournant grâce à la générosité des investisseurs de Credofunding. Avec ces nouvelles manières d’appeler à la générosité, elles ont déjà pu recueillir 438’000 euros (466’295 CHF) pour la construction d’une nouvelle grange. Un objectif de 800’000 euros (851’680 CHF) sous forme de prêts obligataires.

Un modèle de financement complémentaire

Le modèle numérique émergent peut-il devenir le mode de financement privilégié des projets chrétiens et éclipser les solutions déjà existantes? Pas vraiment, selon Madeleine Tantardini, directrice de la Fondation des monastères. Depuis cinquante ans, cette fondation reconnue d’utilité publique vient en aide à tous les monastères qui ont besoin de travaux d’entretien ou de mise aux normes de leur patrimoine immobilier.

Le développement du financement participatif a immédiatement éveillé la curiosité de l’institution.  «Nous avons vu l’arrivée de ces nouveaux acteurs très dynamiques avec intérêt et bienveillance, indique Madeleine Tantardini. Avec Credofunding, nous avons même bâti un partenariat pour certains projets ciblés avec collecte limitée dans le temps. Mais en général, nous œuvrons davantage dans le suivi et la durée.»

Pas de concurrence donc, mais une complémentarité d’offres, pour des donateurs aux profils différents. Tandis que la Fondation des monastères bénéficie de legs et de dons récurrents, Credofunding attire un public plus connecté et qui n’a pas forcément l’habitude de donner. Si la Fondation des monastères n’a pour l’heure pas communiqué les chiffres des dons effectués durant l’année 2020, sa directrice l’assure: «Les donateurs ont été au rendez-vous.» (cath.ch/lcx/cds/cp)

La vidéo décalée des sœurs apostoliques de Saint-Jean (Saône-et-Loire) a fait le buzz et leur a permis de récolter plus de 183'000 francs. | ©Youtube, capture d'écran  
1 février 2021 | 12:04
par Carole Pirker
Temps de lecture: env. 3 min.
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