Les programmes d'Action de Carême profitent aux plus pauvres  

En 2018, plus de 2 millions de personnes ont pu bénéficier des programmes et des projets d’Action de Carême (AdC) dans 14 pays d’Afrique, d’Amérique latine et d’Asie, selon Bernd Nilles, directeur de l’œuvre d’entraide catholique à Lucerne. Une étude montre par exemple que les «Calebasses de Solidarité» d’AdC profitent aux plus pauvres, lit-on dans un communiqué du 5 juin 2019.

Mandatée par Action de Carême, une étude de l’Institute of Development Studies (IDS) a montré que le travail d’Action de Carême permet d’améliorer la situation économique des couches les plus pauvres de la population grâce aux groupes d’épargne solidaire. L’organisation, basée à Brighton, au Royaume-Uni, a étudié les actions menées par ces groupes d’épargne qui existent au Sénégal depuis 2005 sous le nom de «Calebasses de Solidarité» (CDS), et à Madagacar depuis 1998, à travers le programme «Tsinjo Aina – Les caisses d›épargne et de crédit protègent de la faim».

Depuis plus de vingt ans, les activités d’Action de Carême et de ses organisations partenaires s’articulent autour de ces groupes de solidarité adaptés aux particularités culturelles de chaque pays.

800 calebasses de solidarité

Au Sénégal, par exemple, le programme est axé sur plus de 800 calebasses de solidarité dans lesquelles les membres – dont plus de quatre cinquièmes sont des femmes – versent leur écot sous couvert de l’anonymat. Les membres peuvent ensuite bénéficier de prêts sans intérêts lorsqu’ils en ont besoin. Ce programme les aide aussi à cultiver des champs collectifs pour produire davantage d’aliments, notamment en garantissant la disponibilité de semences locales de millet et de maïs.

Dans ces groupes, les membres versent une cotisation anonyme, fixe ou variable, en espèces ou en nourriture, dans une caisse commune. Les fonds rassemblés permettent d’accorder des prêts à taux réduit ou sans intérêts grâce auxquels les membres peuvent payer l’écolage de leurs enfants, les soins de santé, la nourriture ou satisfaire d’autres besoins vitaux. Les groupes peuvent également prêter de l’argent ou fournir des céréales en cas de nécessité. La priorité est donnée à la solidarité et à la sécurité et non au profit. Action de Carême finance les formations et l’accompagnement des groupes réalisés par des animatrices et animateurs locaux, mais n’alimente pas directement les caisses.

L’efficacité évaluée

En 2018, Action de Carême a chargé Philip Mader, un expert réputé en microfinance et chercheur à l’IDS, en partenariat avec l’Université du Sussex, d’étudier l’impact de ces groupes d’épargne à Madagascar et au Sénégal. Avec l’aide d’équipes locales, Philip Mader et son équipe ont interrogé pas moins de 200 membres et 50 non-membres dans chaque pays, soit 500 personnes au total.

En outre, ils ont mené des débats avec des groupes de discussion, des groupes de solidarité et des employés et employées des organisations partenaires. Cette étude rigoureuse a confirmé que l’approche mise en pratique depuis vingt ans par Action de Carême apporte un réel soutien aux populations les plus démunies. Selon les membres, l’amélioration de leurs conditions économiques a été la contribution la plus importante. Il a également été observé un net resserrement de la cohésion sociale, accompagné d’un élan de solidarité accru. Les prêts, généralement accordés sans intérêts, servent véritablement à satisfaire des besoins vitaux et à faire face à des situations de détresse.

Bernd Nilles, directeur d’Action de Carême, met la main à la pâte pour préparer la soupe du Jubilé des 50 ans de la campagne oecuménique | © Jacques Berset

Initiative pour des multinationales responsables

Sur le plan politique, Action de Carême a également été très active en 2018. Grâce à ses efforts et à ceux d’autres organisations de coopération au développement, un contre-projet à l’Initiative pour des multinationales responsables a été présenté au Parlement avec l’objectif d’améliorer le respect des droits humains et de l’environnement partout dans le monde. Néanmoins, les préparatifs ont commencé en vue d’une éventuelle bataille référendaire en cas d’échec du processus parlementaire.

Les populations du Sud souffrent davantage des changements climatiques

De nombreuses organisations partenaires d’Action de Carême sont déjà confrontées quotidiennement aux conséquences des changements climatiques. Les mesures de Mitigation, Adaptation and Disaster Risk Reduction, c’est-à-dire les efforts d’adaptation et de réduction des risques de catastrophe visant à atténuer les effets des changements climatiques, sont particulièrement d’actualité.

Les populations vivant au Sud de la planète sont en effet celles qui souffrent le plus de ces changements. Contraintes de s’y adapter, elles demandent que des progrès concrets soient réalisés dans le débat sur le climat au niveau mondial. Action de Carême s’est jointe à l’Initiative pour les glaciers afin d’alimenter le débat et s’est engagée auprès de l’Alliance climatiques suisse.

2 millions de personnes touchées en Suisse

Le thème de la Campagne œcuménique de 2018 a souligné l’urgence d’un changement social, politique et économique pour assurer un avenir aux générations futures. Sous la devise «Prenez part au changement», Action de Carême, et les partenaires protestant et catholique-chrétien Pain pour le prochain et Etre Partenaires,  ont touché ensemble plus de 2 millions de personnes en Suisse. Grâce à plus de 200 événements organisés à travers le pays, les collaborateurs et collaboratrices des trois organisations, des personnalités internationales et des experts/es ont inspiré plus de 12’000 personnes à s’engager tant à titre individuel que collectivement pour des changements écologiques et sociaux qui tiennent compte des limites de notre planète.

Stabilité sur le plan financier

D’un point de vue financier, 2018 a été une année satisfaisante pour Action de Carême. Le produit des dons et des contributions (sans la DDC, la Direction du développement et de la coopération de la Confédération) s’élève à CHF 15’685’116 (année précédente : CHF 15’720’000). La contribution de la DDC de CHF 5’135’220 (CHF 5’049’149 en 2017) est légèrement supérieure à celle des comptes de 2017. Le total des produits d’exploitation, ainsi que des produits du négoce et des services, s’élève à CHF 21’889’927 (CHF 21’831’431 en 2017) et représente une augmentation de CHF 58’496 (0,27%) par rapport à l’année précédente.

L’exercice 2018 s’est clôturé avec des charges supplémentaires de CHF 1’102’530. Ce résultat est supérieur au budget, qui prévoyait un dépassement de coûts d’environ CHF 893’141, mais inclut des dépenses extraordinaires non prévisibles. (cath.ch/be)  Télécharger le rapport annuel 2018 : www.actiondecareme.ch/sur-nous/

Action de Carême est engagée auprès des groupes de solidarité au Sénégal | © AdC Ousmane Kobar
5 juin 2019 | 15:59
par Jacques Berset
Temps de lecture: env. 4 min.
Partagez!