Les économies des pays du Sud sont durement touchées par la pandémie de Covid-19 | © World Bank/Flickr/CC BY-NC-ND 2.0
Suisse

Les banques suisses appelées à annuler les dettes des pays pauvres

Une dizaine d’organisations de développement suisses, dont Action de Carême, appellent le 4 juin 2020 les banques helvétiques à remettre les dettes que les pays pauvres ont contractées auprès d’elles. Les organisations mettent en avant une situation d’urgence exceptionnelle liée à l’impact économique de la pandémie de Covid-19.

«Les banques suisses doivent assumer leurs responsabilités en tant que créanciers majeurs de ces pays», affirment les œuvres d’entraide catholique Action de Carême (AdC) et protestante Pain pour le prochain (PPP), ainsi que les organisations de développement Helvetas, Terre des Hommes Suisse, Solidar Suisse, Public Eye, KEESA, Solifonds, Multiwatch, Alliance Sud, et Swissaid.

Les signataires de la lettre ouverte relèvent que les nombreuses évolutions négatives de l’économie mondiale menacent les pays pauvres de la pire crise de la dette depuis les années 1980. Entamée avant l’apparition du coronavirus déjà, cette crise s’aggrave encore aujourd’hui.

Certes des ressources financières additionnelles ont déjà été allouées par des organisations multilatérales comme le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale, ainsi que par certains pays comme la Suisse, dans le cadre de l’aide humanitaire et de la coopération au développement. Mais, «elles ne sont pas suffisantes», assurent les organisations. Les pays créanciers et donateurs sont appelés à agir également aux plans financier et fiscal.

Une table ronde publique et transparente

Ces derniers mois, les Etats riches ont établi des dispositifs d’aide uniques dans l’histoire pour sauver leur propre économie. Mais les pays pauvres ne disposent pas de tels leviers de politique économique. La remise des dettes de ces derniers pourrait ainsi rapidement mobiliser des fonds supplémentaires pour faire face à la crise.

Et les banques helvétiques jouent un rôle clé en tant que créanciers privés des États, notent les organisations de développement. Elles exhortent donc le Conseil fédéral à convoquer une table ronde pour négocier les modalités d’une annulation urgente de la dette des pays pauvres par les banques suisses. Une rencontre dans laquelle les intérêts de la société civile devraient également être représentés. «Il faut que les préoccupations des populations des pays débiteurs les plus touchés par la crise du coronavirus soient entendues directement et de manière substantielle dans les négociations».

Les organisations signataires exigent par ailleurs que les banques concernées assurent la transparence de leurs prêts, de leurs conditions et des modalités de leur remboursement vis-à-vis du public. (cath.ch/com/rz)

Les économies des pays du Sud sont durement touchées par la pandémie de Covid-19 | © World Bank/Flickr/CC BY-NC-ND 2.0
4 juin 2020 | 11:04
par Raphaël Zbinden
Temps de lecture: env. 2 min.
Partagez!