Les Eglises du canton de Vaud lancent une action parrainages pour les migrants

Face à l’afflux de réfugiés, les Eglises du canton de Vaud ont décidé de raviver leurs réseaux de solidarité. A travers une action parrainages, elles invitent tout un chacun à s’engager bénévolement pour l’intégration des étrangers au-delà des préjugés et des clichés. «L’accueil est l’affaire de tous, ont-elles souligné le 16 décembre 2015 lors d’une conférence de presse à Lausanne.

Le canton de Vaud accueille actuellement entre 100 et 150 requérants d’asile chaque semaine et ses services peinent à faire face à cet afflux, a constaté la Conseillère nationale Cesla Amarelle. De nombreuses initiatives émanant de divers groupements ou de particuliers se sont déjà mises en place pour apporter leur soutien à ces personnes pour la plupart totalement démunies. «Nous ne pouvons pas supprimer leurs souffrances, mais nous voulons les aider à regarder vers l’avenir».

Les Eglises, tant protestante que catholique, bénéficient d’une expérience certaine dans l’accueil des migrants, depuis l’époque des boat-peoples vietnamiens et celle de la guerre des Balkans, a relevé Xavier Paillard, président du Conseil Synodal de l’Eglise réformée vaudoise (EERV).

«Notre foi nous invite à une conversion pour ne pas voir en l’étranger une menace potentielle ou un danger, mais d’abord un frère ou une sœur», a renchéri Michel Racloz délégué du vicariat épiscopal du canton de Vaud (ECVD). Pour lui cette initiative doit contribuer à atténuer les tensions, favoriser la paix sociale, surmonter les préjugés et éviter le repli sur soi et l’isolement.

Tendre la main aux migrants

Concrètement, l’action parrainages vise à démultiplier le nombre de personnes qui acceptent de tendre la main à ces migrants pour les accompagner dans leur situation de précarité, a expliqué Pascal Bregnard, responsable du département solidarité de l’ECVD. Trois types de parrainages sont prévus. Le premier est celui de mentor susceptible d’accompagner les migrants dans leur processus d’intégration en particulier pour la recherche d’un logement et d’un emploi.

Le deuxième type touche le lien social au travers d’activités ponctuelles ou régulières, comme des repas solidaire, des cours de français, des activités de loisir ou des échanges amicaux.

Enfin le parrainage soutien est de type défensif, avec un appui particulier pour les cas problématiques, avec des démarches juridiques, par exemple lors de procédures de renvoi. Ces personnes seront en lien avec les groupes et les organes juridique déjà constitués.

Aujourd’hui dans le canton de Vaud, un des enjeux de l’asile est l’accueil des mineurs non accompagnés. Des parrainages sont également imaginés pour cette population fragile en partenariat avec l’Etablissement vaudois de l’accueil des migrants (EVAM).

Chaque bénévole devra suivre une brève formation de base obligatoire contenant des éléments juridiques et déontologiques et quelques notions sur l’interculturalité.

Un effet ‘boule de neige’

Toutes ces actions se feront en concertation avec les divers services de l’Etat responsables de l’accueil des requérants, a insisté Xavier Paillard. La démarche des Eglises s’inscrit dans la complémentarité. Pour le moment au moins, les Eglises ne s’engagent pas dans la recherche et la mise à disposition de logements. «Nous avons quelques logement de dépannage, mais nous ne prévoyons pas de développer des lieux d’hébergement», relève Michel Racloz.

Les responsables de l’action parrainage ne se donnent pas d’objectifs chiffrés quant au nombre de bénévoles. Ils espèrent un effet ‘boule de neige’ et se disent persuadés que quelques personnes motivées sont capables d’en entraîner beaucoup d’autres. Beaucoup de paroisses sont prêtes à entrer dans la démarche, dans toutes les régions du canton, conclut Pascal Bregnard.

La première soirée d’information sur l’Action parrainages est fixée au 14 janvier 2016 à 20h au Boulevard de Grancy 29 à Lausanne.

 


 

Encadré

Un village-une famille

Nicolas Rouge, municipal de Giez, au pied du Jura, a expliqué comment sa commune s’est engagée pour l’accueil d’une famille de réfugiés syriens. Emu par la situation des migrants, il a interpellé ses collègues du Conseil municipal. Le syndic disposait dans sa ferme d’un logement inoccupé depuis plusieurs années. Ils ont alors crée l’association un village-une famille dont la première tâche a été de rafraîchir cet appartement. Une septantaine de personnes ont accepté de donner le coup de main nécessaire.

Le 4 décembre dernier, une famille de réfugiés syriens a pu s’y installer. «Le bébé d’un peu plus d’un an a fait ses premiers pas en tenant la main du syndic. La fillette de quatre ans est tout sourire et le garçon de six ans, bien que traumatisé, a commencé l’école. En allant chercher du lait à la ferme d’à côté, la maman a vaincu les réticences de la voisine qui ne voyait pas le projet d’un bon œil. Quant au papa, il a demandé la direction des points cardinaux pour pouvoir faire sa prière en direction de La Mecque.

Nicolas Rouge espère que son action donnera des idées à d’autres. Une quinzaine de communes de Suisse romande seraient prêtes à suivre cette démarche. «J’ai reçu des centaines de lettres. Les citoyens peuvent faire bouger leur commune. Il s’agit de mettre le débat sur la place publique et de briser les non-dits. Chacun peut intervenir auprès du Conseil municipal ou lors d’une assemblée communale», insiste-t-il. (cath.ch-apic/mp)

Une enfant réfugiée syrienne au camp de Zatari en Jordanie (Photo Maurice Page, 2014)
16 décembre 2015 | 13:33
par Maurice Page
Temps de lecture: env. 4 min.
Asile (78), ECVD (15), EERV (82), Réfugiés (419), Vaud (117)
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