La présidente brésilienne Dilma Rousseff, (photo wikimedia commons, Roberto Stuckert Filho, CC BY-SA 2.0)
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Les évêques dénoncent la procédure d''impeachment' lancée sur Dilma Rousseff

La Conférence des évêques du Brésil (CNBB) a pris position dans la crise politique qui secoue le pays depuis le 2 décembre et le lancement d’une procédure de destitution (»impeachment») sur la présidente brésilienne Dilma Rousseff.

Cette procédure a été initiée par son ennemi juré et ancien allié, Eduardo Cunha, président de la Chambre des députés. Ce dernier accuse Dilma Rousseff d’avoir maquillé les comptes publics en 2013, un an avant sa réélection. Mais la Commission Justice et Paix de la CNBB s’interroge publiquement sur les motivations réelles du président de la Chambre des députés.

La CNBB estime en effet qu’Eduardo Cunha n’a pas agi au nom des citoyens mécontents comme il l’assure, mais plutôt par vengeance personnelle. Le président est en effet impliqué dans le scandale de corruption autour de l’entreprise pétrolière nationale Petrobras et les géants du bâtiment et des travaux publics (BTP). Et il n’a pas reçu le soutien du Parti des Travailleurs (PT), le seul à pouvoir le sauver de poursuites judiciaires.

Une grave menace pour la démocratie

Manifestant une «immense appréhension» sur la crise politique qui s’ouvre, la CNBB appelle notamment les politiques à être responsables et à mesurer les conséquences possibles de leurs actes sur les citoyens, dans un Brésil déjà marqué par une grave crise économique et sociale. L’institution catholique regrette également que «la société soit menée à penser que cette décision (n.d.l.r. de lancer la procédure de destitution) a été prise pour des raisons strictement basées sur l’exercice du devoir politique, alors qu’il s’agit de protéger des intérêts contraires au bien commun».

La CNBB rappelle par ailleurs qu’une procédure d’impeachment peut constituer une grave menace pour l’exercice de la démocratie. «L’impeachment d’un président de la République menace directement les principes de la démocratie, conquis de haute lutte». Et de s’interroger: «Quelle autorité morale peut légitimer une décision capable d’aggraver une situation nationale déjà difficile avec des conséquences imprévisibles pour la vie du peuple? Il est fondamental d’aller dans le sens de l’union nationale, sans aucune démarche partisane, afin de construire un développement juste et durable».

Mensonge à la Nation

L’annonce de l’ouverture de la procédure de destitution a été faite le 2 décembre en fin de journée par Eduardo Cunha. Assurant qu’il n’était «pas heureux» de devoir prendre cette décision, le Président de la Chambre des députés l’a justifié par le fait que Dilma Rouseff avait, selon lui, «menti à la Nation».

La composition de la commission parlementaire spéciale nommée pour analyser la procédure sera rendue publique d’ici la fin de la semaine. Comme le prévoit la Constitution brésilienne, elle sera composée de 65 députés représentants tous les partis. Aucun délai n’est encore fixé sur le rendu de la décision finale. (cath.ch-apic/jcg/mp)

La présidente brésilienne Dilma Rousseff, (photo wikimedia commons, Roberto Stuckert Filho, CC BY-SA 2.0)
4 décembre 2015 | 14:44
par Maurice Page
Temps de lecture: env. 2 min.
Brésil (389), CNBB (59), Dilma Rousseff (9)
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