L'abbé Léonard Munynagaju, responsable de la pastorale des jeunes du Rwanda au milieu de participants au pré-synode des jeunes. | © B. Hallet
Vatican

Les jeunes Africains, ces «prophètes du continent»

Les jeunes Africains originaires, entre autres, du Gabon , du Burundi, du Kenya participent au pré-synode des jeunes à Rome qui s’est ouvert le 19 mars 2018. Ces «prophètes du continent» persévèrent dans la pastorale malgré la violence et un contexte économique difficile.

A plusieurs voix, une quinzaine de jeunes originaires, entre autres du Burundi, du Kenya, du Rwanda, ou encore du Gabon font résonner des chants africains dans le hall du collège Mater ecclesiae, où se déroule le pré-synode. Parmi ces jeunes se trouve l’abbé Léonard Munyangaju, secrétaire général de la Commission épiscopale pour la pastorale des jeunes (CEPJ) du Rwanda.

Rome le 19 mars 2018. Les jeunes Africains venus au pré-synode de plusieurs pays chantent dans le hall du Collège Matter Ecclesiae. | © B. Hallet

«C’était très joyeux de voir le pape parler et ouvrir son cœur aux jeunes», lance-t-il. Le prêtre accompagne des jeunes Africains à Rome… «pour la première fois et ils ont vu le pape!». Et c’est une bonne chose. Il les a ainsi encouragés à se prendre en main dans un contexte difficile, relève l’abbé Munyangaju.

Nombreux obstacles à la foi

Le secrétaire de la CEPJ et ces jeunes ont beaucoup à dire à l’Eglise. L’abbé évoque les jeunes chrétiens qui ne cachent pas leur foi mais dont l’enthousiasme se heurte au chômage, à la violence, au trafic d’êtres humains et au contexte économique difficile.

Les sectes, florissantes dans divers pays africains, notamment au Rwanda, posent un sérieux problème à l’Eglise qui a bien du mal à rivaliser avec des gourous qui promettent monts et merveilles aux jeunes en quête de matérialisme, loin d’une spiritualité sereine.

«Malgré tous ces obstacles, ils sont les prophètes du continent». L’abbé loue le dynamisme de ces jeunes qui se mettent au service de l’Eglise en l’interpellant et en demandant de quelle manière ils peuvent faire la pastorale par eux-mêmes.

Distance entre l’Eglise et les communautés

Ces jeunes ont préparé le synode. Ils ont pu poser leurs questions aux évêques du Kenya, de l’Ouganda, du Rwanda «qui les ont écoutés, ce qui est plutôt inhabituel», précise l’abbé Munyangaju. Car il évoque une autre difficulté pour les jeunes chrétiens d’Afrique: la distance que l’Eglise met entre elle et ces jeunes. «Il faut savoir que les prêtres n’approchent pas beaucoup les jeunes», indique le secrétaire de la CEPJ.

Rome le 19 mars 2018. Réunion pré-synodale des jeunes. Le cardinal Lorenzo Baldisseri, secrétaire général du synode des évêques parmi des jeunes Africains | © B. Hallet

Les jeunes rythment les chants en frappant dans les mains. Un attroupement se crée au milieu du hall, les smartphones se tendent à bout de bras. Le cardinal Lorenzo Baldisseri, présent dans le hall pour accueillir les participants au pré-synode, se joint à eux sans hésiter. Il reprend du bout des lèvres le refrain et esquisse un pas de danse. Scène inhabituelle dans ce collège romain. L’Eglise apprend à écouter les jeunes et semble se mettre à leur rythme. (cath.ch/bh)

L'abbé Léonard Munynagaju, responsable de la pastorale des jeunes du Rwanda au milieu de participants au pré-synode des jeunes. | © B. Hallet
23 mars 2018 | 07:15
par Raphaël Zbinden
Temps de lecture: env. 2 min.
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