Pour Claude Bachmann, ses tatouages sont son credo | © Vera Rütimann
Suisse

Les tatouages sont le credo de Claude Bachmann

Les tatouages sont sa passion. Claude Bachmann, animateur de jeunesse et étudiant en théologie à Coire, attire l’attention avec ses tatouages. Pour lui, ces images sont les traces de sa vie.

Vera Rüttimann kath.ch / traduction adaptation Maurice Page

Un motif de tête de mort, c’est ce qui manque à sa peau. Il ne reste pas beaucoup de place. Mis à part son visage, de nombreux motifs ornent le corps musclé de l’étudiant en théologie à la faculté de Coire. La plupart de ses tatouages sont visibles. «Pour moi, mon corps est mon journal intime. Tout ce qui a marqué ma vie, je veux l’immortaliser dans mon corps».

«Mon corps est mon journal intime».

Aller à contre-courant

Avec son apparence, Claude Bachmann a toujours nagé à contre-courant. Avant, il avait l’habitude de teindre en noir ses longs cheveux. Parfois, il peignait aussi ses ongles en noir. Il aime encore aujourd’hui écouter de la musique métal. «J’essaie d’être un penseur transversal constructif. En devenant professeur de religion, je me distinguais déjà parmi mes collègues.»

Son premier tatouage a été fait il y a dix ans. Lors d’un voyage de plusieurs semaines en Alaska, il s’est fait tatouer l’écusson de cet Etat américain sur la main. «Pour la première fois, j’étais seul dans une contrée sauvage. Cela a été très formateur pour moi», dit-il. Les étoiles sur sa main rappellent l’évasion des ses anciennes contraintes.

Les contrées sauvages d’Alaska

L’Alaska, souligne le Lucernois, est le lieu de son aspiration. Cela ne vient pas de nulle part. Sur le haut de son bras gauche, l’expression «Into the Wild» serpente sur sa peau. C’est le titre du film de Sean Penn consacré à l’universitaire Chris McCandless, qui a laissé derrière lui son ancienne vie pour devenir aventurier en Alaska, où il est mort en 1992.

«Walk», (Marche) disent les mains de Claude Bachmann | © Vera Rütimann

Car Claude Bachmann est aussi un passionné de cinéma. Sur la face interne de son biceps gauche, on lit en écriture gothique «O Captain, my Captain». L’extrait est tiré d’un poème de Walt Whitman cité dans son film préféré Le cercle des poètes disparus. «J’ai été fasciné par le professeur Keating à l’esprit éclairé, qui essaie d’inspirer les jeunes avec passion et d’éveiller leurs talents.» Dans son travail avec les jeunes, il se laisse guider par ce modèle.

«Cette expérience devait laisser une trace sur mon corps»

Nicolas de Flüe dans la peau

Ses tatouages offrent un regard sur son orientation spirituelle. «Ils sont mon credo». En soulevant son T-shirt, Claude Bachmann découvre son flanc droit. «Mein Herr und mein Gott» la prière de Nicolas de Flue (1417-1487) couvre une large surface de sa peau. Il a un lien particulier avec l’ermite du Ranft. Avant cela, à Rome, la ‘roue’ de Frère Nicolas avait trouvé une place sur son avant-bras gauche. En Alaska, il avait fait faire une croix de Taizé.

«Mon Seigneur et mon Dieu», la prière de Frère Nicolas dans la peau de Claude Bachmann | © Vera Rütimann

Le tatouage qu’il a fait graver après son pèlerinage sur la Via Francigena, qui relie Canterbury à Rome, témoigne de sa spiritualité. «J’ai été sur la route pendant cinq semaines. Cette expérience devait, elle aussi, laisser une trace sur mon corps».

Claude Bachmann a immortalisé également ses projets sur sa peau. Les mots «Exit Utopia» sur son bras droit rappellent la pièce de théâtre qu’il a montée avec des jeunes sur le thème du suicide des adolescents.

«Tes tatouages, cela ne va pas!»

Avec ses tatouages, Claude Bachmann attire les regards. Les gens lui restent attachés. Curieusement, selon l’homme de 34 ans, il n’y a guère de réactions de la part du milieu ecclésial. Les tatouages sont aujourd’hui devenus monnaie courante.

Il n’a reçu qu’une seule fois une réprimande : «Après une table ronde, une femme âgée s’est approchée de moi et m’a dit: ‘ce que tu dis est assez bon. Mais tes tatouages, cela ne va pas !»

Claude a naturellement acheté le livre «Tatoo & Religion» de l’écrivain germano-américain Paul-Henri Campbell paru récemment. Il y a découvert notamment la famille chrétienne palestinienne Razzouk, qui tatoue les pèlerins de Jérusalem depuis des siècles. «Si j’y vais un jour, je me fais immédiatement tatouer un motif religieux». (cath.ch/kath.ch/vr/mp)

Pour Claude Bachmann, ses tatouages sont son credo | © Vera Rütimann
1 avril 2020 | 17:00
par Maurice Page
Temps de lecture: env. 3 min.
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