L'ésotérisme a le vent en poupe chez les jeunes

Les pratiques ésotériques telles que l’astrologie, les oracles ou la médiumnité attirent de plus en plus les jeunes Suisses, surtout sur les réseaux sociaux. Si cette tendance permet de s’échapper de la morosité actuelle, elle recèle également des dangers.

Des comptes Twitter ou des chaînes YouTube dédiés à l’astrologie sont de plus en plus populaires dans la jeunesse suisse, relève le magazine romand L’Illustré du 21 avril 2021.

Irene Becci, professeure à l’Institut de sciences sociales des religions de l’Université de Lausanne y voit une tendance de fond, accentuée par la crise liée au Covid. L’ésotérisme constitue ainsi «une manière de questionner le monde, de chercher un sens qui se dérobe d’autant plus lorsque les repères traditionnels s’effritent». Pour la sociologue, «les jeunes se sont rendu compte de la faillibilité de la société, du système social, politique, des limites de la démocratie et du fait que leur futur est menacé par les défis écologiques».

Plus peur des sorcières

Les jeunes qui s’intéressent à cet ésotérisme 2.0 sont «butineurs, prennent le temps d’essayer différentes choses». Irene Becci relève aussi les interactions plus fréquentes entre spiritualité et féminisme, sous la figure de la sorcière, un terme qui n’a plus les connotations négatives du passé.

«On assiste aussi à une spiritualisation de l’écologie depuis une quinzaine d’années». Il ne s’agit plus seulement de sauver les ours polaires, mais de se dépolluer soi-même en revenant à une nourriture plus équilibrée. Il y a une valorisation de la dimension émotive de ce que la personne vit.

Attention aux dérives

Une tendance également de mieux en mieux acceptée socialement. «Depuis vingt ans, tout ce qui relève du domaine spirituel est beaucoup plus légitimé», assure la sociologue. On peut afficher son intérêt pour la lecture de son horoscope, raconter une expérience énergétique extraordinaire vécue lors d’une marche en montagne sans craindre de passer pour un demeuré ou un illuminé.»

L’Illustré note que les dérives existent toutefois et que le danger de voir certains apprentis sorciers causer des dégâts psychologiques à des jeunes plus fragiles n’est pas à négliger. Le risque est aussi réel de rentrer, sans s’en rendre compte, dans un mouvement sectaire. (cath.ch/illustre/rz)