Le Caire Cheikh Ahmed Al-Tayyeb, grand imam d'Al-Azhar | © A.-M. Cochand
International

L'imam d’Al-Azhar lance un appel pour mettre fin «aux fleuves de sang» du terrorisme

Après sa rencontre inédite avec le pape François au Vatican le 23 mai 2016, le grand imam de la mosquée d’Al-Azhar au Caire, en Egypte, Ahmed el-Tayeb, a donné aux médias du Vatican une interview exclusive. Dans cet entretien, la plus haute autorité de l’islam sunnite lance un appel au monde entier pour qu’il puisse s’unir et serrer les rangs afin de «mettre fin aux fleuves de sang» du terrorisme. Il décrit aussi le pape argentin comme un homme de paix, qui respecte les autres religions, et qui consacre sa vie pour servir les pauvres.

Interrogé sur les conflits et l’avancée du terrorisme islamique au Moyen-Orient, le grand imam d’Al-Azhar souhaite profiter de sa présence au Vatican pour lancer un appel au monde entier afin qu’il puisse s’unir et serrer les rangs pour affronter et mettre fin au terrorisme. «Mettez-vous d’accord tout de suite et intervenez pour mettre fin aux fleuves de sang», implore le professeur Ahmed el-Tayeb, s’adressant aux «hommes libres du monde».

«Oui, le terrorisme existe, mais l’islam n’a rien à voir avec ce terrorisme, et cela vaut pour les oulémas musulmans, et pour les chrétiens et musulmans en Orient, insiste-t-il. Ceux qui tuent les musulmans, et tuent aussi les chrétiens, ont mal interprété les textes de l’islam, soit intentionnellement, soit par négligence». A ce propos, Ahmed el-Tayeb détaille longuement le travail de l’université Al-Azhar pour clarifier les concepts musulmans qui ont été déviés par les terroristes: «nous avons (…) cherché à faire comprendre aux étudiants les concepts corrects, dont les extrémistes et terroristes ont dévié».

Davantage de victimes musulmanes du terrorisme

Pour la plus haute autorité de l’islam sunnite, la question du terrorisme ne devrait pas être «présentée comme une persécution à l’égard des chrétiens en Orient, au contraire, il y a plus de victimes musulmanes que chrétiennes, et nous subissons ensemble cette catastrophe». Enfin, estime-t-il, les religions ne devraient pas être «culpabilisées» à cause de la «déviation de certains».

Le grand imam d’Al-Azhar se montre très élogieux à l’égard du pape François, qu’il décrit comme «un homme de paix, un homme qui suit l’enseignement du christianisme qui est une religion d’amour et de paix». Il apprécie aussi qu’il soit un «homme qui respecte les autres religions», qui «consacre sa vie pour servir les pauvres» et «un homme ascétique qui a renoncé aux plaisirs éphémères de la vie mondaine».

A présent que les circonstances qui ont interrompu le travail de la commission de dialogue interreligieux entre Al-Azhar et le Vatican «n’existent plus, nous reprenons le chemin du dialogue», explique-t-il, souhaitant qu’il soit meilleur qu’avant. Née en 1998, la commission islamo-chrétienne de dialogue entre le Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux et l’université Al-Azhar ne s’est plus réunie depuis début 2011. L’université cairote avait rompu les relations en réaction aux propos de Benoît XVI condamnant un attentat meurtrier en décembre 2010 devant une église copte orthodoxe d’Alexandrie. Des propos alors vus comme une ingérence par l’imam d’Al-Azhar et les autorités égyptiennes. (cath.ch-apic/imedia/bl/mp)

Le Caire Cheikh Ahmed Al-Tayyeb, grand imam d'Al-Azhar | © A.-M. Cochand
24 mai 2016 | 15:27
par Maurice Page
Temps de lecture: env. 2 min.
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