L'uniatisme en Ukraine: Une plaie sanglante, selon le Patriarcat de Moscou

L’uniatisme en Ukraine reste une plaie sanglante, affirme le Patriarcat de Moscou, qui considère comme de toute première urgence de revenir sur les conséquences canoniques et pastorales de l’»uniatisme». Le Patriarcat veut mettre ce thème à l’agenda de la prochaine séance plénière de la Commission mixte pour le dialogue orthodoxe-catholique, prévue du 15 au 22 septembre 2016 à Chieti, en Italie.

Le torchon brûle à nouveau entre le patriarcat de Moscou et l’Eglise gréco-catholique ukrainienne de rite byzantin (EGCU), anciennement appelée «uniate» en raison de son rattachement à Rome. Moscou affirme que les «uniates» sont trop agressifs et mettent en danger le dialogue avec l’Eglise catholique.

L’uniatisme en Ukraine reste une plaie sanglante, affirme le Patriarcat de Moscou, qui considère comme de toute première urgence de revenir sur les conséquences canoniques et pastorales de l’»uniatisme». Le Patriarcat veut mettre ce thème à l’agenda de la prochaine séance plénière de la Commission mixte pour le dialogue orthodoxe-catholique, prévue du 15 au 22 septembre 2016 à Chieti, en Italie.

Une attitude «politisée»

«Peut-on dialoguer avec l’Eglise catholique romaine sur d’autres questions théologiques alors que le thème de l’uniatisme continue à rester une plaie sanglante, et que les leaders de l’uniatisme ne cessent pas de recourir à une rhétorique blasphématoire et politisée ? Le dialogue sur la question des conséquences canoniques et pastorales de l’union, violemment interrompu par la faute des gréco-catholiques, doit être rétabli au plus tôt», écrit le Patriarcat de Moscou.

L’Eglise orthodoxe russe dénonce l’attitude «politisée» des responsables de l’Eglise gréco-catholique en Ukraine après les critiques émises par Sviatoslav Chevtchouk, archevêque majeur de Kiev et de Galicie, et primat de l’ EGCU. Mgr Chevtchouk a donné le 24 juillet une interview au Département d’information de l’EGCU, dans laquelle il déclarait que la «Marche pour la paix, la charité et la prière pour l’Ukraine» était une «action politique» pro-russe.

Marche pour la paix au centre des critiques

En juillet dernier, à l’appel du métropolite Onuphre, primat de l’Eglise orthodoxe d’Ukraine, rattachée au Patriarcat de Moscou, des dizaines de milliers de fidèles se sont mis en route. Selon différentes estimations, plus de 80’000 fidèles orthodoxes ont pris part à cette procession, partant en même temps de la Laure de la Dormition de Potchaïev à l’Ouest, et de la Laure de la Dormition de Sviatogorsk, à l’Est. Leur but: se joindre le jour de la célébration du Baptême de la Rus’ et de la fête de saint Vladimir aux nombreux habitants de Kiev à la Laure de la Dormition des Grottes pour assister à la liturgie.

Durant leur marche, les fidèles venant de diverses direction ont demandé «ensemble au Seigneur et à la Sainte Mère de Dieu la fin de la guerre civile, le triomphe de l’amour, de la paix, du bien et de la concorde interconfessionnelle pour la terre d’Ukraine durement éprouvée», note dans un communiqué le Département des relations ecclésiastiques extérieures (DREE) du Patriarcat de Moscou.

Rhétorique agressive

Le DREE estime que «compte tenu de la rhétorique agressive sans précédent de l’archevêque suprême de l’EGCU, Sviatoslav Chevtchouk, et du cardinal Lubomyr Husar à l’encontre de l’Eglise orthodoxe ukrainienne canonique et du Patriarcat de Moscou en général», le thème de l’»uniatisme» devra être à l’agenda de la rencontre de Chieti. Le 19 juillet, le site officiel de l’EGCU a publié une interview du cardinal Lubomyr Husar, ancien chef l’Eglise gréco-catholique en Ukraine. Ce dernier a accusé la hiérarchie de l’Eglise orthodoxe ukrainienne canonique de manquer de sincérité et de poursuivre des objectifs politiques: «Ces processions sont annoncées et organisées par l’Eglise orthodoxe ukrainienne… Tout cela a l’air d’une vile ruse. C’est du cynisme, tout ce qu’il y a de pire!»

Le Patriarcat de Moscou, a déclaré Mgr Sviatoslav Chevtchouk, «est souvent utilisé comme instrument entre les mains de l’agresseur» et que le clergé du Patriarcat de Moscou a montré une large évidence de comportement «incompatible avec le nom de citoyen de l’Ukraine». Il estime que les Services de sécurité ukrainiens doivent s’occuper de ceux qui utilisent les fidèles du Patriarcat de Moscou comme des boucliers humains pour leurs activités anti-ukrainiennes».

Rappel de la rencontre de La Havane

Selon le DREE, «aujourd’hui, par leurs déclarations politisées, les dirigeants grecs-catholiques tentent encore une fois de mettre orthodoxes et catholiques dans l’impasse, d’empêcher la normalisation des relations et du développement du dialogue en Ukraine. Il est clair que les dirigeants de l’EGCU ne sont pas disposés à poursuivre aucune espèce de dialogue constructif avec l’orthodoxie canonique afin de parvenir à la paix et à la compréhension mutuelle». Et de déplorer que toute initiative de l’Eglise orthodoxe ukrainienne, «même une initiative aussi noble que la Marche nationale, ne suscite chez les gréco-catholiques que de furieuses attaques».

Le Patriarcat de Moscou rappelle dans ce contexte la déclaration commune du patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie et du pape François signée à La Havane le 12 février 2016, qui appelle à la réconciliation et à trouver des formes ce coexistence acceptables entre orthodoxes et gréco-catholiques. (cath.ch-apic/ugcc/mospat/orthodoxie.com/be)

 

Sviatoslav Chevtchouk, chef de l'Eglise gréco-catholique d'Ukraine | risu.org.ua
9 août 2016 | 13:35
par Jacques Berset
Temps de lecture: env. 3 min.
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