Derrière son Leica, Marcel Imsand était «un type qui a la foi». (© Keystone/Jean-Christophe Bott)
Suisse

Marcel Imsand, photographe et croyant

Le photographe Marcel Imsand, décédé le 11 novembre 2017, a marqué la Suisse romande de son regard plein de tendresse sur les êtres et les choses. Derrière son Leica, ce contemplatif était, disait-il, «un type qui a la foi».

Le curé de la paroisse Notre-Dame de Lausanne, l’abbé François Dupraz, se souvient: «Marcel Imsand m’a photographié sur un tracteur avec mon père, à Soral. J’avais 14 ans». Une photo parue alors dans Le Sillon romand. Le jeune adolescent est aujourd’hui le curé de la paroisse que Marcel fréquentait chaque semaine. Et l’abbé Dupraz a accompagné l’octogénaire jusque dans ses derniers instants: «Je lui amenais la communion tous les dimanches. Et il me remerciait…. C’était un homme de cœur, un homme de prière».

Attentif aux humbles

Marcel Imsand, photographe lausannois d’origine gruérienne… Le public retient de lui ses superbes photos en noir et blanc. Des vedettes ont passé devant son objectif: Barbara, Béjart, Brassens, Brel et d’autres. Mais aussi des gens simples: Luigi le berger, Paul et Clémence, le couple complice de Dizy, les deux frères gruériens. Toujours ce regard de tendresse, celle d’un «imagier de la beauté».



Jean Ducrest, Lausannois d’origine gruérienne, a bien connu Marcel Imsand. Il l’a conduit durant des années à la messe à Notre-Dame de Lausanne. «Il n’a jamais manqué la messe du samedi à 18 heures. Et il était attentif aux pauvres, aux personnes humbles, comme dans son travail. Quand il y a avait des mendiants à la sortie de l’église, il donnait volontiers quelque chose, toujours».



Un héritage gruérien

Ce sens de l’humilité se retrouve dans ses images. Ainsi les photos de Luigi le berger qui avaient nécessité des centaines d’heures de travail avec le pasteur et son troupeau. «Marcel a demandé une messe pour Luigi après son décès, se rappelle Jean Ducrest. Et il a été fâché car le prêtre n’avait pas mentionné le nom de Luigi durant la célébration».

Né en 1929 à Pringy, près de Gruyères, Marcel Imsand était resté fortement lié au canton de Fribourg. Il confiait à Philippe Dubath de 24 Heures, en 2007: «Quand je suis parti de Broc à 15 ans, je portais en moi, pour seul bagage, un héritage gruérien qui me m’a jamais quitté: la sensibilité aux gens humbles, au travail, à la nature, le fait de savoir qu’existent les chalets d’alpage, les désalpes, les fêtes villageoises liées à la terre. C’est cela mon secret, il m’a permis de vraiment rencontrer les gens dans tous les domaines de la société. Et mon goût pour la simplicité a fait que ces gens ont osé montrer la leur devant moi».



Un contemplatif

«Comme homme de la Gruyère, il était attaché à la chapelle des Marches à Broc, dit son ami Jeannot Ducrest. Il connaissait toutes les chapelles de la région… Il avait aussi une grande dévotion mariale». Le photographe était également proche d’Emile Gardaz (1931-2007), poète du Gros-de-Vaud et homme de radio, décédé voici dix ans. Deux artistes qui partageaient la même foi en Dieu.

A propos de la spécificité de sa manière de travailler, Marcel Imsand avait confié: «C’est l’amour que je porte aux gens, les gens qui m’ont touché, simplement par leur façon d’être ou par leur beauté. Je suis aussi sensible à la beauté des vieillards qu’à celle des enfants… Et puis la beauté de la nature dans laquelle mon enfance a baigné, compte beaucoup dans ce que j’aimerais laisser. J’ai toujours été un contemplatif…». (cath.ch/bl)

Derrière son Leica, Marcel Imsand était «un type qui a la foi». (© Keystone/Jean-Christophe Bott)
13 novembre 2017 | 17:24
par Pierre Pistoletti
Temps de lecture: env. 2 min.
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