Mgr Thomas Edward Gullickson, nonce apostolique pour la Suisse et le Lichtenstein (Photo:  Jacques Berset)
Suisse

Le nonce apostolique Thomas E. Gullickson plaide pour l'aide aux chrétiens persécutés

L’église des Jésuites de Lucerne, fraîchement restaurée, était archicomble, dimanche 22 janvier 2017, à l’occasion de la célébration du 70e anniversaire de la fondation de l’œuvre d’entraide catholique internationale Aide à l’Eglise en Détresse (AED). L’hôte d’honneur de la traditionnelle messe dédiée au Père Werenfried van Straaten (1913-2003), fondateur d’AED, était cette année Mgr Thomas E. Gullickson, nonce apostolique pour la Suisse et le Liechtenstein.

La foule a prié pour les chrétiens persécutés dans divers endroits du monde, particulièrement en ce moment en Syrie et en Irak, où une présence chrétienne de près de 2000 ans risque d’être effacée à tout jamais, a relevé Jan Probst, directeur national d’AED Suisse à Lucerne.

 

Lucerne Jan Probst, directeur national d’Aide à l’Eglise en Détresse Suisse (Photo: Jacques Berset)

La célébration solennelle, présidée par l’archevêque américain Thomas Edward Gullickson, entouré d’une quinzaine de prêtres et de gardes suisses, était animée musicalement par un chœur venu du canton voisin de Schwyz, le Jodelclub Männertreu Oberarth.

Le nonce «supporter enthousiaste» d’AED

Le nonce apostolique, à Berne depuis octobre 2015, n’a pas voulu parler spécifiquement de la situation des chrétiens en Ukraine, où il était en poste depuis 2011, avant d’être nommé représentant du pape en Suisse. N’étant plus en charge de cette région en conflit, le diplomate du Saint-Siège n’en commente plus les événements. De même Mgr Gullickson n’a pas abordé la question de la prochaine succession de Mgr Vitus Huonder, actuel évêque du diocèse de Coire. Il a cependant confié à cath.ch qu’il connaissait désormais mieux la diversité du catholicisme en Suisse. Ses premières interviews à des médias suisses avaient en effet suscité la polémique.

Par contre, devant la foule attentive, il a salué le travail mené par AED, l’œuvre d’entraide fondée en 1947 par le religieux prémontré hollandais Werenfried van Straaten, d’abord pour venir en aide aux réfugiés allemands ayant fui les territoires de l’Est européen. Dès 1950, le Père Werenfried porte secours aux chrétiens persécutés derrière le Rideau de Fer. En 1962, à la demande du pape Jean XXIII, l’AED étend son aide à l’Amérique latine puis, quelques années plus tard, à l’Asie et à l’Afrique.

Présente en Suisse depuis 1966

Actuellement, l’AED finance plus de 6’000 projets par an dans 140 pays sur tous les continents. En Suisse, l’œuvre d’entraide, présente depuis 1966, a récolté en 2015 près de 11 millions de francs, tandis qu’au plan international, les dons ont fortement augmenté, passant de 106 millions d’Euros en 2014 à plus de 130 millions en 2015, suite notamment aux souffrances des chrétiens du Moyen-Orient.

Lucerne Marco Reichmuth, président national d’Aide à l’Eglise en Détresse Suisse (Photo: Jacques Berset).

Le nonce, qui s’est déclaré un «supporter enthousiaste» d’AED, a mis en avant le caractère catholique de cette œuvre de droit pontifical, qui vit essentiellement de la générosité de simples catholiques. Il a  laissé entendre qu’elle n’est pas dépendante,  par conséquent, des subventions de collectivités publiques qui limitent la liberté d’action de ceux qui en sont bénéficiaires. Et de citer à ce propos des agences comme Caritas ou Renovabis, voire même la Conférence épiscopale italienne, «qui ont malheureusement dû renoncer à plusieurs reprises au financement de certains projets spécifiquement catholiques», parce qu’ils recevaient de l’argent public.

Pas d’argent public pour la construction de nouvelles églises

Il reconnaît certes que beaucoup d’argent public est consacré à la restauration d’édifices religieux, notamment de monuments historiques qui appartiennent à l’héritage culturel d’une nation. Mais il relève que l’argent provenant d’instances publiques ou neutres du point de vue confessionnel ne peut pas, la plupart du temps, servir à financer, par exemple, la construction de nouvelles églises, de chapelles ou de monastères de religieuses contemplatives qui ne vivent que de la production d’hosties ou de la fabrications d’ornements religieux.

Ce sont pourtant là des nécessités, «pas un luxe, mais une petite étincelle catholique», en particulier dans un environnement parfois hostile, dans des pays pauvres ou détruits par la guerre…

AED est là quand les autres refusent leur aide

Mgr Gullickson rappelle que c’est alors que l’œuvre d’entraide catholique AED est sollicitée, et qu’elle est l’une des seules qui apporte une telle aide spécifique. «La liberté des enfants de Dieu n’a pas seulement l’avantage d’être en mesure de soutenir de tels projets, qui sont exclus par d’autres parce qu’ils sont explicitement catholiques. L’indépendance face au secteur public change également, en fait fondamentalement, la nature de la gestion des biens confiés ou de l’argent recueilli pour des buts spécifiques».  (cath.ch/be)

Mgr Thomas Edward Gullickson, nonce apostolique pour la Suisse et le Lichtenstein
23 janvier 2017 | 07:32
par Jacques Berset
Temps de lecture: env. 3 min.
Partagez!