Le Père Olivier Bagnoud a été ordonné en 2008 | © Christine Mo Costabella
Suisse

Olivier Bagnoud: des prêtres aussi sont guérisseurs

Prêtre valaisan de la communauté Koinonia Jean Baptiste, Olivier Bagnoud vient régulièrement célébrer des messes de guérison en Suisse romande.  Avec l’autorisation du diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg (LGF).

Il boite légèrement, offre un regard presque enfantin et tutoie d’office. Le Père Olivier Bagnoud n’a pas l’air de se prendre pour une star; ce natif de Crans Montana a pourtant ses aficionados. Basé dans le val d’Aoste, il vient plusieurs fois par mois célébrer des messes de guérison à Genève, Fribourg, Vevey, Estavayer-le-Lac et Zurich.

Une messe de guérison? C’est une cérémonie durant laquelle on chante les bras en l’air, on se retourne vers son voisin, à l’invitation du prêtre, pour lui dire: «Dieu te connaît et Il t’aime» et où, à l’élévation, l’assemblée se met à chanter en langue, c’est-à-dire à improviser des mélodies sur des «cheu-leu-beu-leu-waï-baï-leï-leï».

Malgré le style qui en surprend certains, des malades affirment fréquemment avoir été guéris à l’issue de la messe et de la prière qui suit. Rencontre avec le Père Bagnoud à l’occasion d’une de ses venues au Cénacle, à Genève, en février 2019.

D’où vous vient ce don de guérison?
Olivier Bagnoud: C’est un don du Saint Esprit pour annoncer l’Evangile, que j’ai reçu par pure grâce comme le fruit d’une vie de prière personnelle avec la Bible, environ deux heures par jour. Jésus dit dans l’Evangile: «Allez dans la monde entier proclamer l’Evangile… Voici les signes qui accompagneront ceux qui auront cru en mon nom: ils chasseront les démons, imposeront les mains aux malades, et les malades s’en trouveront bien.»

Dans ma communauté, la Koinonia Jean Baptiste, nous vivons la prière de guérison tous les dimanches. Moi, il m’a fallu beaucoup du temps pour oser me lancer: j’avais peur! La première fois que je me suis risqué, j’avais 28 ans. C’était à Rome; j’ai senti que le Seigneur guérissait une personne qui avait des plaies aux pieds. Je l’ai dit, et j’ai demandé si quelqu’un dans le groupe se sentait concerné: personne n’a levé la main! En fait, une religieuse m’a dit plus tard que sa mère, qui n’était pas présente, avait été guérie au même moment de plaies aux pieds.

Quel sens ont ces guérisons?
C’est avant tout un signe pour nous aider à croire que le Seigneur Jésus est vivant, qu’il agit et qu’il a compassion de nous. C’est un signe pour la personne guérie, mais aussi pour les autres, afin que nous accueillions Jésus dans nos vies! C’est pour ça que j’invite toujours une personne guérie à témoigner.

Pourquoi tout le monde n’est-il pas guéri?
J’aimerais que Jésus guérisse tout le monde. Mais je constate que certaines personnes ont un témoignage poignant sans être guéries: je me souviens d’un homme qui avait un cancer. Les docteurs ne lui donnaient que quelques mois à vivre. Il est venu aux messes de guérison et il a commencé à aller mieux; surtout, sa vie intérieure a radicalement changé.

Pourtant, après deux ans, le cancer a repris très fort. Je l’ai revu quelques semaines avant sa mort: il bénissait Dieu pour sa maladie, car il disait qu’elle l’avait rapproché de lui. Et que les deux dernières années de sa vie avaient été les plus belles. «Maintenant, je sais où je vais», disait-il.

Vous-même, vous boitez…
J’ai une sclérose latérale primitive, une maladie du système nerveux central. C’est incurable et ça peut m’envoyer en chaise roulante. Pourquoi le Seigneur l’a-t-il permis? Je ne sais pas. Je lui dis que je le servirais mieux sans ça.

Je prie pour qu’il me guérisse et je pense qu’il le fera; mais une chose est sûre, je ne serais pas ici sans cette maladie. C’est elle qui m’a fait revenir en Europe en 2012, alors que j’avais un ministère fleurissant aux Etats-Unis. Elle me donne l’occasion d’évangéliser en Suisse.

«En Suisse, peu de gens osent témoigner»

Quelle est la différence entre ce que vous faites et ce qui se passe dans le cabinet d’un guérisseur?
La guérison, il faut savoir d’où ça vient. Moïse fait des signes devant Pharaon; les magiciens de la cour font les mêmes. D’où vient la puissance qui opère les miracles? Tout esprit qui confesse Jésus Christ venu dans la chair est de Dieu, dit saint Paul. Si la personne qui prie est en communion avec Dieu, si elle porte les gens à se tourner vers lui, ça vient de Dieu. Sinon, difficile à savoir. Surtout si le guérisseur utilise un secret; depuis que Jésus est venu, il n’y a plus de secret. Dieu s’est révélé entièrement.

Et ceux qui agissent par les énergies, sans secret?
Il y a des personnes qui ont naturellement ce don. Le problème, c’est quand on cherche à augmenter ses pouvoirs en se chargeant d’énergies extérieures. On ne sait pas trop à quoi, ou à qui on s’ouvre. Ce n’est pas parce que ça fonctionne que ça vient de Dieu.

Les personnes guéries à vos messes se tournent-elles vers Dieu?
Généralement oui. Mais une de mes souffrances, c’est de voir des gens guéris qui s’en vont sans aucune reconnaissance. La santé physique leur suffit. Ils font avorter quelque chose que Dieu voulait faire en eux; leur situation spirituelle risque d’être pire après qu’avant.

Je remarque aussi qu’en Suisse, peu de gens osent témoigner. Et s’ils témoignent, la réaction est: «OK, tant mieux pour toi». Il y a une atmosphère spirituelle de doute très forte.

Certains guérisseurs font payer leurs services. Et vous?
Dans ma communauté nous vivons de la Providence, c’est-à-dire de notre travail gratuit au service des personnes que nous touchons dans notre ministère. Nos besoins économiques sont couverts par les offrandes libres de ces personnes, voilà pourquoi pendant la messe, nous faisons une exhortation à la générosité avant la quête; mais chacun met ce qu’il veut. Il n’y a pas de prix d’entrée. Tout l’argent va à ma communauté. Quand je donne des retraites de formation biblique de deux jours, je suggère une participation de 50 francs; si vous allez dans une retraite New Age, c’est dix fois plus!

Comment votre activité est-elle perçue dans l’Eglise romande?
J’essaie toujours de travailler dans les paroisses, et si je ne trouve pas, dans des lieux d’Eglise comme ici, au Cénacle. Le renouveau charismatique suscite une certaine méfiance; mais depuis l’automne dernier, nous avons une permission officielle de l’évêque du diocèse, Charles Morerod (qui confirme cette information, ndlr).

Ne craignez-vous pas d’attraper la grosse tête quand vous obtenez des guérisons?
Vivre en communauté nous fait vite redescendre sur terre! Mes frères connaissent mes défauts (rire). (cath.ch/cmc)


Bio express

1968 Naissance en Valais. Cherchant la reconnaissance de son père, Olivier Bagnoud est toujours le meilleur à l’école et en musique (instruments à cuivre), qu’il exerce à haut niveau. Il intègre l’EPFZ pour devenir ingénieur agronome. Mais malgré ses succès, le jeune homme, qui s’est jeté à corps perdu dans le développement personnel et la méditation transcendantale, tombe en dépression et songe au suicide.

1991 Conversion dans le cadre du renouveau charismatique.

1995 Entre dans la Koinonia Jean Baptiste en Italie, une communauté nouvelle fondée en 1979.

2008 Ordonné prêtre.

2012 Commence un ministère de guérison en Suisse.


 

Jacinte Jomini ne va pas changer de look parce qu’elle est devenue croyante | © Christine Mo Costabella

«J’ai entendu dans mon cœur: tu es guérie!»

La jeune femme de 26 ans qui pousse la porte du café Les Trentenaires, à Fribourg, a les cheveux violets, un piercing à l’oreille et un maquillage sophistiqué. Elle marche comme vous et moi, mais il y a quelques années, avant de rencontrer le Père Bagnoud, Jacinte Jomini était en chaise roulante.

«D’aussi loin que je me souvienne, j’avais des douleurs dans tout mon corps, raconte cette Fribourgeoise d’adoption au visage poupin sous son look gothique. Ma mère m’expliquait qu’on était sur terre pour vivre des épreuves avant d’aller au paradis. Alors j’imaginais que tout le monde ressentait les mêmes douleurs que moi! Et je trouvais Dieu plutôt sadique.»

Riz et petits pois

Les médecins ne savent pas si Jacinte souffre de myopathie ou d’une maladie orpheline. La petite fille tombe tout le temps, se couvre de bleus, lâche des objets sans s’en apercevoir. Bien vite, elle ne peut plus suivre les cours de sport à l’école; vers 16 ans, elle a besoin de cannes pour marcher.

On lui découvre pas moins de 105 intolérances alimentaires à la même époque. «Je ne pouvais plus manger que du riz et des petits pois matin, midi et soir!», dit-elle en portant délicatement à la bouche, pour ne pas gâter son rouge à lèvre, une grosse cuillère de crème fouettée prélevée à la surface de son chocolat viennois.

A 17 ans, Jacinte a besoin d’une chaise roulante. Les sorties avec les amis sont drastiquement limitées: l’adolescente doit regagner son lit à 21h. Elle manque les cours, doit passer des heures en position allongée. A 18 ans, cette bonne élève qui rêve de faire les Beaux-Arts se voit attribuer une rente AI à 100%. «J’imaginais devenir un légume à 22 ans. J’ai un esprit plutôt guerrier, mais là, je pleurais tous les soirs.»

Une grande chaleur

C’est au cours d’une retraite au Verbe de Vie, à Pensier, qu’elle entend parler du Père Olivier Bagnoud. En 2012, elle et sa mère assistent à une messe de guérison du prêtre valaisan à la chapelle Saint-Justin, à Fribourg.

«On s’était mises tout au fond, moi dans ma chaise roulante, pour pouvoir partir avant la fin si j’étais trop fatiguée. Pendant la messe, j’ai senti une grande chaleur couler dans mes veines; alors que j’avais toujours froid, que je devais me réchauffer avec une bouillotte même par quarante degrés à l’ombre!»

Le lendemain, pourtant, Jacinte se sent encore plus mal. Elle se rend malgré tout à un enseignement du Père Bagnoud sur le pardon. «J’avais de grandes rancoeurs contre beaucoup de mes camarades de classe qui m’avaient mises à part à cause de ma maladie. J’ai réussi à leur pardonner.»

Peur d’être guérie

C’est le jour suivant qu’elle réalise, en faisant sa gymn, qu’elle a gagné en amplitude de mouvement. «La première évolution positive depuis le début de ma maladie!» Les progrès sont lents, mais constants: en six mois, elle peut lâcher les cannes, même si elle a toujours besoin de sa chaise roulante pour faire de longs trajets.

L’AI accepte que la jeune femme reprenne un apprentissage d’employée de commerce à 50%. Jacinte se demande cependant si elle n’avait pas peur de guérir entièrement: elle n’avait connu jusqu’ici que la maladie. La santé, c’était l’inconnu.

Seulement les crevettes

En 2014, l’apprentie se rend à nouveau à une prière de guérison du Père Bagnoud. Cette fois-ci, elle tombe dans le repos de l’Esprit (une forme de détente de tout le corps) et entend dans son cœur: «Tu es guérie». «C’est comme si cette phrase s’inscrivait sur mes organes», se souvient-elle.

Suite à la prière, elle part manger avec sa mère. «J’ai eu envie d’un burger. Ça m’était totalement interdit par mes intolérances! Ma mère m’a dit que j’étais folle: elle a refusé de me le payer. Mais j’étais sûre d’être guérie, alors je l’ai acheté moi-même. Et je n’ai pas été malade!»

Dès le lendemain, elle arrête de prendre ses nombreux anti-douleurs. La seule intolérance alimentaire qui lui reste aujourd’hui est celle aux crevettes, «mais je peux vivre avec». Jacinte peut courir, mais sans exagération, car elle est née avec une malformation des genoux.

Hors du moule catholique

La jeune femme a terminé son apprentissage en 2017 et commencé la même année une école en motion design (arts numériques) à Nyon. Pourquoi a-t-elle été guérie, alors que d’autres ne le sont pas? «Aucune idée. Comment voulez-vous que je réponde à cette question? Il m’arrive de pleurer en y pensant.»

Sa guérison inexpliquée – le professeur qui la suivait au CHUV lui a simplement souhaité de ne jamais la revoir – ne la met d’ailleurs pas à l’abri d’une autre tuile: Jacinte a récemment fait un  burn out. «Mais je sais désormais que rien d’insurmontable ne peut m’arriver, car je suis dans la main de Jésus. Je lui ai donné ma vie.»

Et ses cheveux violets, son piercieng, son travail de modèle de photo de nu? «Au début, j’ai essayé de me fondre dans le ›moule catholique’. Mais j’ai vite compris que ça ne me convenait pas. Je me dis que si le Seigneur m’a choisie, ce n’est pas pour que je devienne une autre!» (cath.ch/cmc)


Guérie après quarante ans de pertes urinaires

Chignon gris soigneusement noué sur la tête, Monika, 70 ans, ne souhaite pas révéler son vrai nom. Mais elle veut bien témoigner de sa guérison «par reconnaissance».

Quand elle écrit un email au Père Olivier Bagnoud en novembre 2017, cela fait quarante ans que Monika souffre de pertes urinaires, conséquence d’une opération chirurgicale. «Parfois, c’était comme un robinet ouvert! Je devais changer mes protections toutes les cinq minutes.»

Elle est allée à Lourdes, elle a fait des neuvaines pour demander la guérison, sans résultat. Son gynécologue lui a bien proposé une quatrième opération pour tenter de remédier au problème, mais sans prise en charge par l’assurance maladie. Monika n’en a pas les moyens.

Un café ou un schnaps

«Mon gynécologue m’a alors dit qu’il pensait à une autre solution: une messe de guérison! J’ai beau être croyante, je n’en revenais pas. De retour chez moi, j’hésitais entre un café ou un schnaps pour m’en remettre!» Elle contacte tout de même le Père Bagnoud «par obéissance au médecin».

Comme le prêtre ne viendra pas tout de suite célébrer de messe dans sa ville, la Zurichoise lui envoie un email. Il répond le lendemain qu’il prie pour sa guérison.

La retraitée commence à aller mieux avant même d’assister à la messe. Quand elle s’y rend, le Père Bagnoud lui propose de témoigner – «Je tremblais comme une feuille!». L’amélioration progresse durablement: aujourd’hui, un an et demi plus tard, à part quelques pertes quand elle tousse, Monika se sent guérie.

Sur sa chaise

«Quand mon médecin traitant m’a demandé comment ça allait, heureusement qu’elle était assise sur sa chaise! Moi-même, j’ai travaillé dans les soins: je sais que ce n’est pas à mon âge que ces choses-là s’améliorent.»

Qu’est-ce qui a changé pour elle?»La reconnaissance et la confiance. Je prie davantage pour les malades. Et je continue d’aller aux messes de guérison du Père Bagnoud pour rendre grâce et pour prier pour les autres.» (cath.ch/cmc)

 

 

Le Père Olivier Bagnoud a été ordonné en 2008 | © Christine Mo Costabella
8 avril 2019 | 16:24
par Raphaël Zbinden
Temps de lecture: env. 10 min.
Partagez!

‘Secret’, guérisseurs…l’affaire de Dieu ou du diable?

Faiseurs de ›secret’, rebouteux et autres magnétiseurs ont depuis longtemps pignon sur rue en Suisse romande. Mais est-ce l’action de Dieu ou du diable? cath.ch présente des éléments de réflexion avec différents témoignages et points de vue.



L’œuvre du diable



Un signe de Dieu



Troisième voie