Le pape François commémore avec Sant’Egidio les martyrs chrétiens d'aujourd'hui

Le pape François célébrera le 22 avril prochain une liturgie de la Parole avec la communauté Sant’Egidio à la basilique San Bartolomeo all’Isola, sur l’île Tibérine à Rome. Cette cérémonie se tiendra «en mémoire des nouveaux martyrs des XXe et XXIe siècle», explique un communiqué de la salle de presse du Saint-Siège publié le 12 avril 2017. Les martyrs coptes égyptiens sont dans toutes les mémoires.

Cette année encore, dans le cadre de la Semaine sainte, la Communauté de Sant’Egidio a fait mémoire des chrétiens qui, dans de nombreux endroits du monde, ont été l’objet de persécutions, discriminations, privation de liberté religieuse et atteinte à leur vie. Elle le fait en rappelant les noms et les histoires des victimes, et en reprenant les paroles du pape François: «Aujourd’hui, au 21e siècle, notre Eglise est une Eglise de martyrs».

«Au 21e siècle, notre Eglise est une Eglise de martyrs»

Après les attaques sanglantes qui sont frappé dimanche 9 avril dernier deux églises coptes en Egypte, «la mémoire des martyrs veut lancer un message fort de solidarité à ces chrétiens dont le témoignage désarmé constitue un scandale face aux violences et à la terreur», écrit Sant’Egidio.

A Rome, la veillée de prière œcuménique qui s’est tenue mardi 11 avril dans la basilique Santa Maria in Trastevere, à Rome, était présidée par le cardinal Kevin Joseph Farrell, préfet du dicastère pour les laïcs, la famille et la vie.

En Egypte, Pâques est au recueillement après les attentats du 9 avril

Dans les églises coptes orthodoxes d’Egypte, Pâques sera célébrée dans un esprit de recueillement et de prière, en faisant mémoire des martyrs tués dans le cadre des massacres du Dimanche des Rameaux. Les moments conviviaux et les réceptions avec les représentants d’institutions publiques, sociales et religieuses qui précèdent et suivent généralement la célébration des solennités liturgiques sont annulés pour cette raison, annonce le secrétaire du Saint Synode copte orthodoxe, Raphaël.

Des pétitions spontanées – comme celle lancée par Me Hani Ramsès, avocat et militant de l’Union des jeunes Maspero – ont demandé au Patriarcat copte orthodoxe de mettre de côté les habituelles réceptions organisées pour accueillir les vœux traditionnellement présentés aux évêques et aux prêtres par les autorités civiles et religieuses locales à l’occasion des grandes festivités chrétiennes.

Manipulations du Coran dans une perspective djihadiste

En cette année tristement endeuillée par les attentats terroristes, Pâques sera vécue par les chrétiens égyptiens dans le recueillement, scandée seulement par les liturgies et les prières.

Par le passé, la question des vœux de Noël et de Pâques à adresser aux chrétiens égyptiens a été au centre de polémiques récurrentes entre groupes et représentants de la communauté islamique, polémiques accentuées par les récentes initiatives des institutions officielles de l’islam sunnite égyptien – à commencer par l’Université islamique d’Al-Azhar – visant à lutter contre la diffusion de doctrines extrémistes et les manipulations du Coran dans une perspective djihadiste.

Des salafistes prêchent la haine des chrétiens

A l’occasion du dernier Noël, le prédicateur salafiste Abdul Hamid avait émis une fatwa réaffirmant que les vœux adressés par un musulman à un chrétien à l’occasion de solennités liturgiques représentaient «un péché grave» alors que le cheikh Mahmud Lotfy avait été jusqu’à affirmer que, pour un musulman, la haine envers les chrétiens constitue une sorte de «précepte religieux».

Après ces prises de position nauséabondes, la Maison de la fatwa, organisme égyptien présidé par le grand mufti d’Egypte et chargé de diffuser des lignes directrices concernant l’application des préceptes coraniques, avait réaffirmé qu’un musulman ne doit avoir aucune hésitation à présenter des vœux à des amis et connaissances chrétiens à l’occasion de leurs fêtes et solennités liturgiques. Elle avait souligné que ce comportement contribue à alimenter la coexistence pacifique entre les différentes composantes de la société égyptienne, qui reste toutefois encore profondément marquée par les barrières confessionnelles.

Al-Azhar dans le collimateur

Après les massacres du Dimanche des Rameaux, qui a fait 46 morts et près de 130 blessés à Tanta et Alexandrie, les polémiques reprennent de plus belles, notamment au sein de la communauté islamique. L’intellectuel Islam Buheiry, connu pour ses positions critiques envers le gouvernement et l’islam officiel, a de nouveau attaqué l’actuelle direction de l’Université islamique d’Al-Azhar, l’accusant de tolérer au sein de ses programmes des enseignements et positions justifiant les violences à l’encontre des «infidèles».

Le sous-secrétaire d’Al-Azhar, Abbas Shoman, a cependant réaffirmé mardi 11 avril que les auteurs des massacres dans les églises ont violé les enseignements de l’islam, agissant dans le but précis de «détruire l’Egypte».

Mgr Antonios Aziz Mina, évêque copte catholique émérite de Gizeh, qualifie de manipulatrices les initiatives de ceux qui font référence aux massacres du Dimanche des Rameaux pour fomenter des oppositions entre chrétiens et musulmans en Egypte.

«Le pays est uni», affirme Mgr Antonios Aziz Mina

«Le pays est uni, indique l’évêque à l’agence d’information vaticane Fides, de nombreux musulmans sont meurtris autant que nous. Cette fois, il est visible que leurs paroles ne sont pas dictées par les circonstances. Les événements de Dimanche dernier les ont profondément touchés (…)  Il est maintenant clair aux yeux de tous que les terroristes perpètrent des massacres pour déstabiliser le pays et qu’ils visent justement à rompre la coexistence entre chrétiens et musulmans. Nous n’avons pas besoin d’être défendus de l’extérieur. Nous avons seulement besoin de ne pas être séparés de nos frères musulmans. Ce sont eux qui peuvent nous défendre et nous devons les aider et aider la police à résister à ces groupes étranges qui sèment la mort, en se cachant derrière des idéologies pseudo religieuses». (cath.ch/fides/sant’egidio/be)