Pape François: «L’argent divinisé» menace l’humanité toute entière

«Il y a un terrorisme de base qui émane du contrôle global», exercé par l’argent sur la terre et qui «menace l’humanité toute entière», a lancé le pape François. Il s’adressait à 5000 membres des Mouvements populaires, le 5 novembre 2016 au Vatican.

Les membres de cette organisation internationale étaient réunis à Rome depuis le 2 novembre pour leur troisième Rencontre mondiale. Dans un long discours, le pape François a qualifié ces mouvements qui luttent contre la pauvreté et l’injustice dans les pays en voie de développement, de «semeurs de changements» et de «poètes sociaux». Il a ainsi salué les millions de petites et grandes actions «liées par une même créativité», à l’image d’une poésie».

Dans la première partie de son allocution, le pape François a dénoncé «le mécanisme de destruction» qui avance en sens contraire aux efforts menés par les Mouvements populaires. Il a ainsi fustigé le moteur de «l’argent divinisé» qui gouverne avec le «fouet de la peur». «Aucune tyrannie ne se maintient sans exploiter nos peurs», a-t-il déploré, «Le terrorisme naît quand tu as chassé la merveille du créateur, l’homme et la femme, pour les remplacer par l’argent».

«Le souffle froid de la peur»

«La peur vient alimenter, manipuler… Parce qu’au-delà d’être une bonne affaire pour les marchands d’armes et de mort, elle nous affaiblit, nous déstabilise, détruit nos défenses spirituelles», a martelé le pape François. Il faut reconnaître alors «le souffle froid de la peur» qui se cache derrière la guerre, la xénophobie et les propos intolérants. Seul antidote pour le pontife: «la miséricorde». Laquelle est beaucoup plus efficace que les antidépresseurs, anxiolytiques, murs, armes ou alarmes, a-t-il assuré. «Et c’est gratuit: c’est un don de Dieu», s’est-il exclamé, provoquant des applaudissements.

Le successeur de Pierre a ensuite affirmé que les pauvres qui s’organisaient pour sortir de la misère «imitaient Jésus», évoquant l’épisode où ce dernier est jugé par les pharisiens pour avoir guéri la main atrophiée d’un homme un jour de sabbat. Le pontife a souligné que dans les deux cas, «les hypocrites, pour défendre leur système injuste» s’opposent à ce que d’autres soient guéris. Il a enfin confié ne pas douter que les membres des Mouvements populaires eux aussi devaient faire face à des persécutions.

Fonder une nouvelle démocratie

Par la suite, le pape a mis en garde les Mouvements populaires contre les politiques qui cherchent à les placardiser ou les corrompre. «Ils vous maintiennent dans la case des politiques sociales», a prévenu le pape, de manière à tenir les acteurs sociaux «à l’écart du système». C’est ainsi que la démocratie s’atrophie et devient une formalité, a-t-il regretté. La démocratie perd dès lors de sa représentativité. Le pontife a encouragé les participants à refonder la démocratie qui traverse une vraie crise. Il les a invité à pratiquer «l’austérité» contre la tentation de la corruption et à prêcher en donnant l’exemple. «L’exemple est plus fort que mille mots, mille ›j’aime’ sur Facebook, mille ›retweets’, mille vidéos sur Youtube».

A la fin de son discours, le pontife a cité Martin Luther King (1929 – 1968), «lequel savait toujours choisir l’amour fraternel même au milieu des pires persécutions et humiliations». 92 mouvements populaires de 65 pays étaient réunis autour du thème des trois T: ‘travail, toit et Terre: prendre soin de la nature, des migrants et des réfugiés’. (cath.ch-apic/imedia/ah/rz)