Des papes à visage humain

A la veille de la présentation romaine de son livre Les Photos secrètes du Vatican le 24 novembre 2017, Caroline Pigozzi, journaliste à Paris Match, a partagé les motivations d’un tel ouvrage. Co-écrit avec Giovanni Maria Vian, directeur de L’Osservatore Romano, ce livre réunit plus de 300 photos inédites sur le Saint-Siège.

Caroline Pigozzi est grand reporter pour le magazine Paris Match depuis 1992, dont elle une des spécialistes des questions liées à la religion. Dès 1996, elle est une des rares journalistes à côtoyer régulièrement le pape Jean Paul II et à l’accompagner dans ses voyages. Elle a reçu la médaille de vermeil de l’Académie française pour son livre Jean Paul II intime, en 2005. Elle a écrit plusieurs ouvrages sur le Vatican dont Les robes rouges en 2009 et Le Vatican indiscret, en 2012.

 

Que trouvera le lecteur en parcourant un tel ouvrage?
Beaucoup de gens qui ne sont pas passionnés par la religion pensent qu’un pape c’est un personnage de cirque que l’on place sur une estrade, qu’il n’est qu’une icône. On ne se rend pas forcément compte qu’il est également un chef d’Etat, une personne avec des angoisses, qui, tous les jours, doit transmettre un message. On suppose difficilement par exemple qu’il puisse posséder des chats comme c’était le cas pour le pape Benoit XVI…

Comment la photographie restitue cette humanité?
Derrière l’image d’Epinal du pontife se cache une vraie personnalité qui change selon les papes et ressort dans chaque photo. A travers les détails, on peut notamment observer la façon avec laquelle est rangé un bureau: les nombreux dictionnaires posés à portée de main de Benoit XVI indiquent à quel point il est méticuleux. Le pontife allemand a beau être extrêmement érudit, on constate qu’il a besoin de tout vérifier. Les gens qui ont du caractère tels que les papes, ont généralement un visage très expressif, très bien restitué par les photos.

Vous évoquez dans ce livre, la «foi en la photographie», qu’est-ce que cela signifie?
C’est un vieux réflexe que j’ai. On ne peut pas avoir passé un quart de siècle à Paris Match sans être totalement imprégné par la photographie. Il n’est pas toujours nécessaire de parler, parfois il suffit de voir des photos. Elles ne mentent pas. Dans ce livre, pas une seule n’est retouchée. Il n’y a pas de maquillage, seulement l’instinct de la pellicule, très souvent plus fort que beaucoup de paroles.

Pourquoi avoir collaboré avec Giovanni Maria Vian ?
Parce que nous ne voyons pas du tout la même chose lorsque l’on regarde une même photo. Il est plus intellectuel que moi, et étant à la tête de L’Osservatore Romano, il est imprégné du Vatican de l’intérieur, donc cela offre une très bonne complémentarité. Au départ, nous étions tellement enthousiastes avec Giovanni Maria Vian que nous avons d’abord au l’idée de faire une exposition, mais les musées français semblaient se heurter à des questions de laïcité.
Voyant la taille de la photothèque de Paris Match, la plus grande concernant le Vatican, nous avons finalement déduit qu’une exposition ne suffirait de toute façon pas. Seul un livre nous permettrait de présenter autant de photos. La difficulté a été le choix des images, nous en avions tellement que nous avons constitué un cahier de 64 autres photos dans l’optique d’une nouvelle version dans le futur. (cath.ch/imedia/ah)

24 novembre 2017 | 17:33
par Bernard Hallet
Temps de lecture: env. 2 min.
Livre (103), Photo (3), Saint-Siège (170)
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