Le patriarche maronite et le chef du Hezbollah appellent les réfugiés à rentrer en Syrie

Le patriarche maronite Béchara Raï a déclaré le 30 septembre 2017 que les réfugiés syriens au Liban devraient rentrer chez eux. Hassan Nasrallah, chef du puissant parti chiite Hezbollah a fait de même lors d’un discours à l’occasion de la commémoration de l’Achoura, jour de deuil en mémoire du martyr à Kerbala de l’imam Hussein, petit-fils du prophète Mohamed.

«La superficie de la Syrie est plus grande que celle du Liban et nous ne pouvons pas attendre l’Etat syrien» pour organiser le retour des déplacés, «car ils ont leur propre agenda politique», a déploré le chef de l’Eglise maronite. Il se trouvait le 30 septembre à Zahlé, dans la plaine de la Bekaa, où vivent de nombreux déplacés syriens. «Nous devons œuvrer ensemble afin d’assurer leur retour chez eux, sans aucune rancune», a-t-il déclaré lors d’une visite pastorale dans cette ville.

Menace sur l’identité et l’avenir du Liban

Le patriarche d’Antioche des maronites estimait déjà, le 28 juin 2016 à New York, que la multitude de réfugiés passant leur existence dans des conditions précaires et parfois désespérées représentaient un bassin de recrutement potentiel pour les organisations terroristes. «Le Liban a accueilli des centaines de milliers de réfugiés de Syrie et d’Irak qui ont fui leur pays à cause de la guerre et l’instabilité politique. Ils estiment qu’ils peuvent compter sur le pays du Cèdre pour l’aide en cas de besoin, et bien que ce soit un grand compliment pour le Liban, il n’en reste pas moins qu’ils représentent un lourd fardeau qui menace son identité et son avenir».

Le cardinal Béchara Raï estime en effet depuis longtemps qu’il faut éviter à tout prix l’installation permanente des réfugiés dans des conditions souvent à la limite du supportable sur les terres où ils ont trouvé refuge.

Accord obligé avec le gouvernement syrien

Le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a appelé lui aussi le 30 septembre 2017 les réfugiés syriens à rentrer dans leur pays. «Il est temps de rentrer en Syrie, a dit le leader chiite. Il est dans votre intérêt de retourner chez vous et de participer à la reconstruction du pays». «Tout le monde veut y prendre part, même au Liban, a encore affirmé Hassan Nasrallah. Il a déploré que certains appellent à faire du Liban un acteur-clé dans la reconstruction de la Syrie «tout en refusant de discuter avec le gouvernement syrien». Il a cependant salué la rencontre entre le ministre libanais des Affaires étrangères Gebran Bassil et son homologue syrien Walid Moallem la semaine dernière à New York.

Le Liban accueille plus d’un million de réfugiés ayant fui le conflit en Syrie voisine, beaucoup vivant dans des camps. Une relance de dialogue direct avec le régime de Damas a été suggérée à plusieurs reprises par le Hezbollah et les partis pro-Assad comme passage obligé au retour des déplacés. Cette proposition a fait polémique au Liban, certains partis refusant de dialoguer avec le gouvernement syrien à Damas.

Un immense fardeau

Près de 1,5 million de Syriens (près du tiers de la population libanaise) ont trouvé refuge au Liban, dont seulement 1,2 million sont enregistrés auprès du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR). Il faut y ajouter plus de 50’000 Palestiniens et presque autant de Libanais vivant en Syrie, qui sont arrivés au Liban en raison de la guerre dans ce pays. C’est sans compter encore les quelque 400’000 Palestiniens, descendants de ceux qui ont fui ou ont été chassés de Palestine lors de la création de l’Etat d’Israël en 1948, et qui n’ont pas la nationalité libanaise. (cath.ch/orj/com/be)

Liban Famille musulmane dans un camp de toile à Zahlé
1 octobre 2017 | 11:33
par Jacques Berset
Temps de lecture: env. 2 min.
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