le Cardinal George Pell (Photo: youtube)
Vatican

Pédophilie: Rencontre «émouvante» du cardinal Pell avec des victimes d'abus

Le cardinal australien George Pell a rencontré durant près de deux heures une douzaine de victimes de prêtres pédophiles venues à Rome pour assister à ses auditions devant la Commission royale australienne, le 3 mars 2016.

Dans une déclaration qu’il a lue à l’issue de la rencontre, le préfet du Secrétariat pour l’économie a qualifié la pédophilie dans le clergé de «plaie» et ajouté que «même un seul suicide, c’est trop». Le haut prélat est accusé d’avoir couvert des prêtres pédophiles dans son ancien diocèse de Ballarat, en Australie.

Des personnes abusées se sont suicidées

«J’ai rencontré une douzaine des survivants de Ballarat et j’ai écouté leur souffrance, elle a été dure», a commencé le cardinal, qualifiant ce face-à-face de «honnête» et «émouvant». «Même un seul suicide, c’est trop, et il y a eu de nombreux suicides tragiques, a-t-il poursuivi. Je m’engage à travailler avec le groupe (de victimes, ndlr) pour essayer d’arrêter cela, afin que le suicide ne soit plus vu comme une option pour ceux qui souffrent».

Egalement membre du Conseil de cardinaux (C9) chargé d’aider le pape à réformer la curie, le cardinal a aussi promis qu’il continuerait de coopérer avec la Commission pontificale pour la protection des mineurs dirigée par le cardinal Sean O’Malley, archevêque de Boston. Il en outre souhaité aider les victimes à Ballarat, et soutenu l’éventuelle création d’un «centre de recherche pour favoriser la guérison et améliorer la protection».

David Ridsdale, porte-parole des victimes et neveu du prêtre pédophile Gerald Ridsdale, a pour sa part qualifié la rencontre de «extrêmement touchante». Dans la matinée, accompagné de deux autres victimes, il avait aussi passé deux heures avec le jésuite allemand Hans Zollner, membre de la Commission pontificale pour la protection des mineurs et président du Centre pour la protection des mineurs de l’Université pontificale Grégorienne.

«J’aurais pu faire plus»

Lors de sa quatrième audition devant la Commission royale australienne, dans la nuit du 2 au 3 mars, le cardinal Pell avait reconnu avoir été informé, en 1974, par un étudiant de l’école de Ballarat de mauvais comportements d’un enseignant, Edward Dowlan. Ce dernier a par la suite été reconnu coupable d’actes pédophiles sur une vingtaine d’enfants. Alors prêtre chargé par l’évêque de s’occuper de l’éducation catholique, George Pell prévient l’aumônier de l’école, sans chercher à en savoir plus.

«Il m’a dit quelque-chose du genre: Dowlan se comporte mal avec les garçons», a-t-il raconté à la Commission. «Avec l’expérience de 40 années plus tard, certainement, j’aurais pu faire plus», a admis le préfet du Secrétariat pour l’économie. «Il me l’a dit par hasard, il ne m’a pas demandé de faire quelque-chose», s’est-il justifié, expliquant avoir pensé que l’ordre des Frères chrétiens se serait occupé de l’affaire, au lieu de l’étouffer.

Responsabilité de l’évêque de Ballarat

Lors de cette audition, l’avocat du cardinal Pell a aussi précisé que son client avait lui-même demandé dans une lettre, en 1998, la démission d’un autre prêtre pédophile, Peter Searson. Une décision non soutenue par le Saint-Siège. Selon le cardinal Pell, ce cas relevait seulement de la responsabilité de l’évêque de Ballarat Ronald Mulkearns, directement tenu au courant. (cath.ch-apic/imedia/bl/be)

le Cardinal George Pell
3 mars 2016 | 17:53
par Jacques Berset
Temps de lecture: env. 2 min.
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