Portail sud de la cathédrale de Fribourg. Les mages et saint Nicolas entourent la Vierge et l'enfant Jésus (photo SBC Primula Bosshard)
Suisse

Le portail sud de la cathédrale de Fribourg rendu à la lumière

Caché depuis près de cinquante ans, le portail sud de la cathédrale de Fribourg a retrouvé la lumière. Le sourire des saints, sculptés dans la molasse vers 1330, rayonne à nouveau aux yeux du public.

L’ouverture du pont de la Poya, à fin 2014, a libéré la cathédrale St-Nicolas du flot des 25’000 voitures qui passaient quotidiennement à ses pieds. La pollution et le bruit désormais écartés du quartier, le Bourg peut à nouveau dévoiler ses joyaux aux visiteurs, a expliqué le 30 novembre 2016, Stanislas Rück, conservateur des Biens culturels du canton de Fribourg. Le portail sud de la cathédrale, construit vers 1330, en est un. Antérieur au portail principal du jugement dernier, il raconte l’adoration des mages auxquels viennent inévitablement se mêler saint Nicolas et sa suite.

Le défi de la restauration était de taille. L’ouvrage avait subi l’outrage du temps. Après la suppression au XIXe siècle de l’avant toit qui le protégeait, les infiltrations d’eau avaient abîmé la pierre tendre. Au XXe siècle, la pollution automobile avait fait le reste. A côté de statues en relativement bon état, d’autres saints et prophètes avaient perdu leur tête ou leurs membres, certains n’avaient plus forme humaine. Tant et si bien que dans les années 1970, on leur avait construit un sarcophage de planches pour les protéger. En privant du coup les Fribourgeois de la vue de ce portail.

Restaurer, reconstituer ou recréer?

Fallait-il restaurer, reconstituer, recréer? Le portail n’est pas neuf, explique Stanislas Rück. «Nous l’avons voulu consolidé et lisible, tout en gardant les traces du temps et des diverses rénovations successives. Les deux règles de la déontologie actuelle: ne rien inventer et rester réversible ont été respectées. Avec une exception, la taille d’une console contemporaine illustrant l’homme-I-Phone, due au ciseau du sculpteur bernois Volger Kurz.

Depuis la reprise des travaux en 2014, pas moins d’une trentaine d’entreprises ont travaillé sur le chantier pour un coût de 1,8 million de francs, couverts par le canton, propriétaire de la cathédrale, et par la Confédération.

La première maison du peuple

«La cathédrale est la première maison du peuple de Fribourg» s’est plu à souligner le prévôt du chapitre cathédral, le chanoine Claude Ducarroz. «La porte est à la fois le lieu de l’accueil et le lieu de l’envoi, vers la rue, la cité, le monde. Le programme du portail qui représente l’adoration des mages à Bethléem correspond à ce mouvement. Il est un symbole de la vie chrétienne. Les autres personnages saint Nicolas bien sûr, mais aussi les saintes Catherine, Barbe, ou Madeleine, sont tous de la famille. Conserver, embellir, restaurer est bon pour tous», a conclu le chanoine.

L’ouverture du portail-sud est aussi le prélude aux importants travaux de requalification du quartier du Bourg planifiés pour les années 2019-2021. Il s’agira de lui redonner une ambiance piétonne, relève Nicole Surchat Vial, architecte de Ville. Les aménagements extérieurs, en particulier le pavage et l’éclairage, permettront une nouvelle mise en scène du périmètre de la cathédrale.


La cathédrale St-Nicolas et 15 ans de chantier

La clôture des travaux de rénovation du portail sud de la cathédrale St-Nicolas s’accompagne d’une importante publication qui relate dans le détail les travaux menés depuis une quinzaine d’années sur l’édifice construit de 1283 à 1490.

Ce travail complète et apporte quelques retouches à la monographie publiée en 2007, a noté son coordinateur Aloys Lauper. En 150 pages de texte et de photos inédites, l’ouvrage apporte de nombreux éclairages nouveaux sur les phases et les techniques de construction du Moyen Âge, sur la charpente exceptionnelle, sur les cloches, sur la reconstruction du choeur en 1630, ou encore sur les autels du XVIIIe siècle. Il offre également une visite guidée de la cathédrale avec les dernières nouveautés. En bonus, grâce aux techniques du XXIe siècle, une image laser saisissante offre en grand format une ’empreinte’ de la cathédrale. «Le relevé au laser nous fournit neuf points par cm². Ce nuage de milliards de points permet une reconstitution numérique très précise.»  (cath.ch/mp)

Patrimoine Fribourgeois 21, La cathédrale St-Nicolas et 15 ans de chantier, Fribourg, décembre 2016, 152 pages

 

Portail sud de la cathédrale de Fribourg. Les mages et saint Nicolas entourent la Vierge et l'enfant Jésus (photo SBC Primula Bosshard)
30 novembre 2016 | 16:25
par Maurice Page
Temps de lecture: env. 3 min.
Partagez!