Leonardo Boff: ils sont là en tant qu’acteurs sociaux

Porto Alegre: Des milliers de chrétiens au troisième Forum social mondial (FSM)

Sergio Ferrari, envoyé spécial au FSM

Porto Alegre, 27 janvier 2003 (APIC) Des milliers de chrétiens et croyants de diverses confessions participent au troisième Forum social mondial (FSM) qui se tient du 23 au 28 janvier dans la capitale de l’Etat de Rio Grande do Sul. «La majorité d’entre nous sommes ici en tant qu’acteurs sociaux et non comme membres d’Eglise ou groupes religieux», fait remarquer Leonardo Boff, lors d’une interview accordée à l’envoyé spécial de l’agence oecuménique ENI.

Leonardo Boff, l’un des pères fondateurs de la théologie de la libération, anime durant le FSM plusieurs conférences, tables rondes et ateliers de réflexion et d’échanges. «Nous les théologiens, nous avons deux pieds. L’un dans l’univers de la réflexion et des idées. L’autre sur la terre ferme. Dans mon cas, je travaille dans les favelas (bidonvilles) de ma ville: Petropolis», lâche-t-il.

Ce travail concret pour la justice et l’égalité est l’essence de la théologie de la libération. «Notre question et notre engagement sont comment aider les gens à vivre, à se rapprocher du Royaume de Dieu dans la vie quotidienne sur la terre.» Ceci explique pourquoi les théologiens, en tout cas au Brésil, sont fortement engagés dans les différents mouvements sociaux. «Et cela montre notre profil dans ce Forum social mondial. Nous venons en tant que compagnons de route de ces mouvements, en tant que militants et acteurs sociaux.»

Pour le théologien brésilien, auteur de plus de 40 ouvrages, le FSM exprime «l’urgence de la société civile mondiale. Il offre une base certaine pour construire une nouvelle utopie qui permette de configurer la planète avec d’autres forces et conceptions sociales. Pour nous, ce ne sont pas la richesse et le marché qui sont le sujet historique, mais les gens, les pauvres, les majorités humiliées et exclues.»

Le FSM se tient chaque année depuis 2001, parallèlement au Forum économique mondial – l’une des grandes rencontres de personnalités économiques, financières et politiques du monde entier, qui a lieu à Davos, en Suisse. Un exemple concret de cet engagement est donné par les fortes organisations sociales brésiliennes, dont beaucoup sont issues de la pastorale et des Eglises. «Le Mouvement des Sans-Terre compte parmi ses leaders des anciens capucins, dominicains, et des représentants des communautés ecclésiales de base», rappelle Leonardo Boff.

L’oecuménisme de l’action

Non seulement les catholiques, mais les luthériens, les méthodistes, les baptistes et d’autres Eglises protestantes travaillent avec ces mouvements. «Quand nous partageons avec les gens et aussi entre nous, nous sommes tous égaux et nous nous sentons profondément oecuméniques.»

C’est cette conviction qui explique, en partie, l’existence d’un solide réseau de forces sociales, poursuit Leonardo Boff. «Plus de 100’000 communautés de base, environ un million de cercles bibliques, 3’000 mouvements sociaux. Toute cela donne un sens à l’utopie et explique, en outre, l’importance du nouveau gouvernement du président Luiz Inacio Lula da Silva qui affirme vouloir rester proche de ce grand mouvement tant qu’il sera au pouvoir.»

Religieux conseillers spirituels et politiques du président brésilien

Le théologien de la libération brésilien, ancien prêtre franciscain, apportera ses conseils dans le domaine de la spiritualité et de la politique. «Avec le dominicain Frei Betto, le président Lula da Silva compte sur nous, comme consultants, accompagnateurs et amis que nous sommes depuis environ 30 ans».

Il sera donc important pour les chrétiens engagés dans ce mouvement de partager cette réalité depuis le Brésil avec les participants au FSM réunis à Porto Alegre, conclut Leonardo Boff. «Nous sommes convaincus que cette estime de soi du peuple brésilien, ce désir de citoyenneté et de participation, sont très liés avec sa mystique religieuse, à laquelle les Eglises et les croyants ont tant apporté.» (apic/eni/be)

27 janvier 2003 | 00:00
par webmaster@kath.ch
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