Le diocèse de Coire a un mode d'élection de son évêque particulier (Photo:Marcel Kessler/Pixabay)
Suisse

Qui sera le nouvel évêque de Coire? Cinq noms émergent

Le processus de nomination du nouvel évêque de Coire se poursuit depuis la démission de Mgr Vitus Huonder, en avril 2019. Le nonce apostolique en Suisse, Mgr Thomas Gullickson, est en train de se renseigner sur les candidats potentiels. Parmi eux, des personnalités connues, telles que Mgr Urban Federer, Père-Abbé d’Einsiedeln, ou le chanoine Joseph Maria Bonnemain, délégué de l’administrateur apostolique pour les relations avec les corporations ecclésiastiques et les cantons.

Raphael Rauch, kath.ch/traduction et adaptation: Raphaël Zbinden

Le siège de l’évêque de Coire est vacant depuis que Mgr Vitus Huonder, qui l’occupait depuis 2007, a démissionné, pour raisons d’âge, en avril 2019. Le Valaisan Pierre Bürcher, évêque émérite de Reykjavik (Islande) a été nommé administrateur du diocèse en mai 2019.

La Congrégation pour les évêques, à Rome, doit prochainement recevoir une nouvelle liste de candidats de la nonciature apostolique en Suisse, basée à Berne. Selon les informations de kath.ch, une nouvelle série de consultations est en cours : «l’ambassadeur» du pape en Suisse, le nonce Thomas Gullickson, se renseigne auprès des instances ecclésiastiques sur les candidats possibles pour le siège épiscopal de Coire. Sur la liste devraient se trouver Ruedi Beck, Joseph Maria Bonnemain, Mgr Urban Federer, Adrian Lüchinger et Mario Pinggera.

Qui est Joseph Maria Bonnemain?
Si son nom est effectivement retenu pour la phase finale, Joseph Maria Bonnemain est la personnalité qui aura probablement les meilleures chances d’être élue par la frange conservatrice, actuellement majoritaire, du chapitre de la cathédrale de Coire. Il est lui-même membre du chapitre et jouit, également en dehors de cette instance, d’une bonne réputation.

Joseph Bonnemain, vicaire épiscopal du diocèse de Coire | DR

Les connaisseurs du diocèse le considèrent comme un bâtisseur de ponts: en tant que membre de l’Opus Dei, son profil plutôt conservateur pourrait assurer une certaine continuité dans le diocèse. En tant que délégué de l’administrateur apostolique pour les relations avec les corporations ecclésiastiques et les cantons, il s’est montré favorable au système dual.

Il est en outre secrétaire du comité d’experts sur les «Agressions sexuelles dans un contexte ecclésial» de la Conférence des évêques suisses (CES). Il y apporte son expertise sur les abus sexuels et de pouvoir, en tant que spécialiste en droit canonique et médecin. Il est également actif dans le domaine de la pastorale des hôpitaux. A 72 ans, Joseph Maria Bonnemain serait cependant un évêque de transition. Un évêque est en effet censé présenter sa démission au pape à ses 75 ans. Bien qu’une prolongation de quelques années à ce poste soit éventuellement envisageable.

Urban Federer, Père Abbé d’Einsiedeln | © Pierre Pistoletti

Qui est Urban Federer ?
Il est le candidat favori des catholiques progressistes: l’Abbé du monastère d’Einsiedeln, âgé de 52 ans, est originaire de Zurich. Estimant faire partie d’une génération post-moderne, il est expert en musique sacrée. Urban Federer est également un germaniste accompli ; il a obtenu un doctorat sur le thème: «L’expérience mystique dans le dialogue littéraire».

Le bénédictin est un intervenant très recherché par les médias, entendu aussi bien dans le monde catholique que dans les milieux profanes et urbains. Fort d’une pensée moderne, il est, en tant que bénédictin, en même temps inséré dans une tradition ecclésiale ancienne. Nombreux sont ainsi ceux qui le croient capable d’ouvrir un nouveau chapitre dans le diocèse de Coire, en proie à des dissensions. Son âge est un aspect qui parle à la fois en sa faveur et en sa défaveur. Mgr Urban Federer est en effet relativement jeune, puisqu’il a fêté son 52e anniversaire le 17 août 2020. Il pourrait ainsi diriger le diocèse de Coire pendant plus de deux décennies.

Qui est Ruedi Beck ?
Il est assez surprenant que le nom de Ruedi Beck se retrouve sur l’une des listes du nonce. Après tout, il n’appartient pas au diocèse de Coire, mais à celui de Bâle. On peut se demander si le chapitre de la cathédrale de Coire choisirait une personne de l’extérieur. Ruedi Beck est représentant d’un courant diaconal et charismatique dans l’Eglise. Dans le passé, il s’est distingué dans le travail avec les réfugiés. En 2005, il a comparu devant un tribunal de Bâle pour avoir hébergé un migrant sans statut légal. Des charges dont il a été acquitté.

Ruedi Beck est curé de la Hofkirche, à Lucerne | © Regula Pfeifer

Il est également connu pour ses déclarations fracassantes, dur genre «Blocher diffame l’Eglise». Ce membre des Focolari est actuellement pasteur de la Hofkirche de Lucerne. De 2000 à 2003, il a été co-directeur du Centre international pour les étudiants en théologie du mouvement des Focolari, à Rome. Ruedi Beck était déjà pressenti en 2010 pour succéder à Kurt Koch en tant qu’évêque de Bâle. Mais Felix Gmür a finalement été nommé. Né en 1963, il ferait également un évêque relativement jeune.

Qui est Adrian Lüchinger?
Adrian Lüchinger est prêtre à Horgen (ZH). Né en 1965, il est un peu plus jeune que Ruedi Beck. Il est membre du Forum des prêtres du diocèse de Coire (Forum Priester der Diözese Chur), qui milite pour que le prochain évêque soit un «bâtisseur de ponts». Un groupe qui critique également «l’aliénation croissante entre une grande partie des fidèles et les responsables de l’Eglise diocésaine». Il est détenteur d’un doctorat avec une thèse concernant «L’infaillibilité papale chez Henry Edward Manning et John Henry Newman».

À l’occasion du Synode des familles à Rome en 2014, Adrian Lüchinger avait déclaré au journal Zürichsee-Zeitung: «Sans vouloir paraître désabusé après vingt ans passés dans l’Église, je suis devenu réaliste. Comme pour la question de l’infaillibilité, il y a toujours des pour et des contre concernant le changement. Mais on peut espérer que des évolutions positives auront lieu dans l’activité pastorale et que nous pourrons profiter de la vague de sympathie pour le pape François, et s’emparer ainsi un peu de cet élan».

Qui est Mario Pinggera?
Curé de Richterswil (ZH), il serait au mieux un outsider dans la course à l’évêché de Coire. Ce musicien d’église passionné est également un conférencier pour la musique sacrée à Coire. Il a rédigé une thèse de doctorat intitulée «La musique et l’église sous l’influence de la dictature nationale-socialiste au Tyrol du Sud». Pour le prêtre né en Allemagne en 1969, musique et pastorale vont de pair, comme il l’avait expliqué à la Zürichsee-Zeitung en 2019 : «Au moins 50% de mon activité pastorale a trait à la musique. Lorsque je rends visite à des personnes dans des maisons de retraite, nous chantons souvent ensemble. C’est quelque chose de parfois davantage apprécié que la parole. Les éléments non verbaux sont souvent négligés dans l’Eglise».

Quels sont les autres noms en circulation?

Les autres noms sur lesquels le nonce cherche actuellement des informations sont inconnus. Comme l’a rapporté la Neue Zürcher Zeitung en février 2020, Mgr Gullickson aurait distingué quatre religieux considérés comme conservateurs: Martin Grichting, actuel vicaire général du diocèse de Coire, Andreas Fuchs, vicaire général dans les Grisons, Martin Rohrer, directeur du séminaire St. Luzi à Coire, et Gion-Luzi Bühler, curé de la cathédrale de Coire.

L’évocation de ces noms avait provoqué un tollé au printemps, notamment de la part de la conseillère d’Etat zurichoise Jacqueline Fehr et des membres de la «Conférence de Biberbrugg», qui regroupe les représentants des corporations ecclésiastiques du diocèse. Ces derniers avaient adressé une lettre de protestation au Conseil fédéral. Il est possible que les candidats progressistes ou modérés qui ont été inclus au panel constituent une réponse à la liste «conservatrice» du printemps. (cath.ch/kath/rr/rz)

Le diocèse de Coire a un mode d'élection de son évêque particulier
20 août 2020 | 12:26
par Rédaction
Temps de lecture: env. 5 min.
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