La police congolaise a utilisé des gaz lacrymogènes contre les manifestants (Photo d'illustration:Monusco/Flickr/CC BY-SA 2.0)
International

RDC: huit morts dans des interventions contre des rassemblements catholiques

Huit personnes ont été tuées, le 31 décembre 2017, en République démocratique du Congo (RDC) lors de l’intervention des forces de l’ordre contre des rassemblements de fidèles catholiques.

En plus des 8 personnes tuées dont 7 à Kinshasa et une à Kananga, dans le centre du pays, les forces de l’ordre en ont interpellé 82 autres, dont des prêtres, à travers tout le pays, rapporte l’AFP.

Le Comité des laïcs catholiques (CLC) avait appelé à une marche à travers tout le pays, pour réclamer l’application de l’accord politique dit «de la Saint-Sylvestre». Le document a été signé le 31 décembre 2016 suite à une médiation de l’Eglise catholique entre le pouvoir et l’opposition. Il était censé sortir la RDC de la crise politique dans laquelle elle est enlisée depuis novembre 2016, après l’expiration du mandat du président Joseph Kabila.

L’ONU appelle le gouvernement à la retenue

Le 30 décembre, André Kimbuta, gouverneur de Kinshasa, avait annoncé l’interdiction des marches du CLC. Dans un communiqué diffusé par la radio-télévision nationale du Congo (RTNC), il a justifié sa mesure par un manque d’effectif de police pour sécuriser la manifestation. Il a de plus argué que les organisateurs ne lui avaient pas fourni d’information sur leur itinéraire.

Après la publication de l’interdiction des marches du CLC, le gouvernement congolais a coupé internet, déployé les forces de l’ordre dans plusieurs endroits stratégiques des grandes villes et brouillé le signal de certaines radios locales, telles que le média onusien radio Okapi.

La veille, le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, avait appelé le gouvernement et les forces nationales de sécurité de la RDC, à faire «preuve de retenue et à respecter les droits du peuple congolais aux libertés d’expression et de manifester pacifiquement».

Pas l’unanimité au sein de l’Eglise

Au sein de l’Eglise catholique, l’appel à la manifestation du 31 décembre n’a pas fait l’unanimité. Au Nord-Kivu, l’évêque de Goma, Mgr Théophile Kaboy, avait publié un communiqué dans lequel il indiquait que l’Eglise catholique ne menait aucune marche ce 31 décembre. L’évêque a cependant appelé les fidèles à s’organiser, «sans violence, conformément aux dispositifs de la Constitution», tout en invitant à la prière et à la solidarité.

L’évêque de Beni-Butembo, Mgr Sikuli Paluku Melchisédech, a adressé un message similaire aux fidèles de son diocèse. Il les a exhortés à prononcer des prières pour la paix dans le pays.

A Kisangani également, les catholiques n’ont pas répondu à l’appel du CLC. L’archevêque du diocèse, Mgr Marcel Utembi, ayant souligné, le 30 décembre, que cette «structure des laïcs catholiques» n’existait pas dans son diocèse. Il a en outre, pour «des raisons de sécurité», interdit la célébration du 120e anniversaire de l’évangélisation de la ville de Kisangani, qui devait se dérouler le 31 décembre.

Les Eglises du «réveil» boycottent la marche

Dans de nombreuses autres localités de l’intérieur du pays, l’appel du CLC n’a pas été non plus suivi. A Uvira, Fizi et Mwenga, les messes se sont déroulées normalement, et les fidèles ont regagné leurs maisons, après la prière.

Dans la province de l’Equateur dont le chef- lieu est Mbandaka, la plupart des fidèles qui voulaient manifester à la sortie du culte dominical ont été dispersés. Les principaux axes routiers et lieux publics de la ville ont été quadrillés par les forces de l’ordre.

Ceux qui tentaient de manifester ont été dispersés à coup des grenades lacrymogènes.

De leur côté, des Eglises dites de «réveil» avaient, elles aussi, appelé au boycott de la marche du CLC. (cath.ch/ibc/ag/rz)

La police congolaise a utilisé des gaz lacrymogènes contre les manifestants (Photo d'illustration:Monusco/Flickr/CC BY-SA 2.0)
1 janvier 2018 | 16:18
par Raphaël Zbinden
Temps de lecture: env. 2 min.
RDC (126)
Partagez!