Le représentant du président algérien met les choses au point

Rome: Charles de Foucauld n’est pas une figure du colonialisme français

Rome, 14 novembre 2005 (apic) A l’occasion de la béatification du père Charles de Foucauld, Abdelkader Djeghloul, envoyé au Vatican par le président algérien Abdelaziz Bouteflika, a écarté toute controverse: «la présence coloniale française n’avait rien à voir avec la présence chrétienne».

Abdelkader Djeghloul, envoyé au Vatican par le président algérien Abdelaziz Bouteflika pour la béatification du père Charles de Foucauld a qualifié d’»ami de l’Algérie» l’ancien militaire devenu ermite au Sahara et nouveau bienheureux. Interviewé à Rome le 14 novembre 2005 par l’agence I.MEDIA, partenaire de l’Apic, au lendemain de la béatification du père de Foucauld, Abdelkader Djeghloul a défendu la mémoire du père de Foucauld, un temps abusivement soupçonné de «collaboration» avec l’armée française.

Interrogé sur la figure parfois controversée du père Charles de Foucauld (1858-1916), béatifié au Vatican le 13 novembre 2005, le conseiller du président de la République algérienne et sociologue a ainsi estimé que «jamais la société algérienne, au niveau de ses élites ou de sa population, n’a confondu présence chrétienne et présence coloniale» française.

Charles de Foucauld, a expliqué le représentant algérien, «a choisi un morceau de terre d’Algérie pour vivre de manière intense le rapport à Dieu et ne peut être qu’un ami». «Qu’il ait été militaire, qu’il ait gardé des accointances avec certains services français, cela n’a aucun intérêt», a-t-il soutenu. Abdelkader Djeghloul a ainsi invité à faire «un distinguo fondamental» entre la présence chrétienne en Algérie et «la présence coloniale française, qui est un phénomène social, militaire, économique et politique, dont le contentieux a été réglé dans les faits lorsque le peuple algérien a récupéré son indépendance (en 1962, ndlr)».

«Si vous me parliez de la loi du 23 février dernier, je vous dirai que pour l’Etat algérien et pour une immense partie de la population, cela a été ressenti comme une insulte, mais cela n’a rien à voir avec Charles de Foucauld, le rapport au christianisme n’est pas politique», a encore lancé Abdelkader Djeghloul. Le 23 février 2005, le parlement français a adopté une loi «portant reconnaissance de la nation et contribution nationale en faveur des Français rapatriés», réaffirmant le «rôle positif de la présence française outre-mer», notamment en Afrique du Nord. Ce geste a été vivement critiqué par Alger qui s’apprête pourtant à signer un traité d’amitié avec Paris avant fin 2005.

Les grandes figures catholiques ont été aux côtés du peuple algériens

A propos de sa venue au Vatican, Abdelkader Djeghloul a encore affirmé qu’il ne s’agissait pas «d’un échange de politesses ou d’une visite protocolaire», mais que cela signifiait que, «pour le président Bouteflika, tout ce qui peut contribuer au dialogue des civilisations et des religions, en particulier des religions intra-abrahamiques, est une priorité». Le conseiller du chef de l’Etat algérien a alors expliqué que Charles de Foucauld était «revenu à la foi chrétienne, sous l’effet de sa rencontre avec l’islam». «Le rapport profondément amical entre les musulmans d’Algérie et le christianisme est lié aux grandes figures catholiques qui n’ont pas été des figures coloniales, qui, au contraire, ont été aux côtés du peuple algérien comme l’abbé Scotto, l’abbé Bérenguer et surtout le cardinal Duval que certains Français d’Algérie exécraient et avaient même baptisé Mohammed Duval», a-t-il encore souligné.

Abdelkader Djeghloul, qui a brièvement salué Benoît XVI au terme de la cérémonie de béatification dans la basilique Saint-Pierre, le 13 novembre 2005, a confié lui avoir fait part, en français, «des sentiments de chaleureuse confraternité abrahamique». «Pour le musulman que je suis, passer trois heures et demie dans la basilique a représenté une communion, dans la même ferveur, avec le peuple de Dieu priant», a-t-il conclu.

Le 5 juillet 1830, la prise d’Alger par les troupes françaises a mis fin à la domination turque (1554-1830) et ouvert la période de la colonisation. Celle-ci s’est achevée après la guerre d’Algérie (1954-1962) – ou guerre d’indépendance – et la signature des Accords d’Evian du 18 mars 1962. (apic/imedia/ami/vb)

14 novembre 2005 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture: env. 3 min.
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