Cinq cardinaux se lancent dans la bataille

Rome : Pétition pour proclamer le dogme de ’Marie co-rédemptrice de l’humanité’

Rome, 13 février 2008 (Apic) Cinq cardinaux ont lancé le 1er janvier une pétition afin d’inviter Benoît XVI à promulguer la Vierge Marie ’co-rédemptrice de l’humanité’. L’agence I.MEDIA a pris connaissance de cette lettre qui a été adressée au pape. En juin dernier, le Saint-Siège avait démenti que Benoît XVI souhaitait lancer une consultation en vue de proclamer ce 3e dogme marial.

Cette initiative a été prise par les cardinaux Telesphore Toppo, archevêque de Ranchi en Inde, Luis Aponte Martinez, archevêque émérite de San Juan à Puerto Rico, Varkey Vithayathil, archevêque majeur de Ernakulam-Angamaly (Inde), Riccardo Vidal, archevêque de Cebu aux Philippines, et Ernesto Corripio y Ahumada, archevêque émérite de Mexico.

Du 3 au 7 mai 2005, ces cinq prélats avaient parrainé à Fatima (Portugal) un congrès marial sur le thème de la «coopération de la Vierge Marie à l’oeuvre de Rédemption de l’homme». A l’issue de cette rencontre, les participants avaient adressé au pape le «voeu» de voir proclamer la Vierge ’Mère spirituelle de l’humanité tout entière, co-rédemptrice de Jésus, le rédempteur, médiatrice de toutes les grâces de Jésus l’unique médiateur, et avocate avec Jésus-Christ, au nom de l’espèce humaine’, peut-on lire dans la lettre des cardinaux traduite en plusieurs langues, mais dont l’original est en latin.

L’objectif de ce nouveau dogme marial serait de «renforcer la mission oecuménique de l’Eglise et proclamer l’Evangile dans toute sa plénitude». En effet, «en ces temps de grande confusion parmi les nombreux mouvements du christianisme et les peuples non-chrétiens au sujet de la doctrine mariale, nous estimons opportune une définition solennelle précisant l’enseignement constant de l’Eglise concernant la mère du rédempteur», peut-on encore lire dans cette lettre. «En ce début de troisième millénaire», les cardinaux signataires souhaitent ainsi «éclairer» les «autres traditions religieuses» sur le rôle de la Vierge dans la doctrine catholique.

Demande appuyée par des millions de fidèles

Le 7 juin 2006, le cardinal Telesphore Toppo avait personnellement présenté cette requête à Benoît XVI au nom de tous les participants à la rencontre de Fatima. Le pape «a reçu ce voeu et ses arguments avec gratitude et a exprimé son intention de les étudier sérieusement», peut-on lire dans la lettre datée du 1er janvier dernier. Les évêques, à qui a été adressée cette pétition, sont invités à faire part de leur point de vue, à la signer et à adresser leur réponse au souverain pontife. Les cardinaux promoteurs de cette pétition assurent que, ces 15 dernières années, 500 évêques et 7 millions de fidèles catholiques ont déjà appuyé cette demande de voir proclamer ce 3e dogme marial.

Le 21 juin dernier, alors que la presse avaient annoncé que le pape voulait travailler à la proclamation de ce nouveau dogme, le directeur du Bureau de presse du Saint-Siège, le père Federico Lombardi, avait déclaré «sans fondement» l’information selon laquelle Benoît XVI allait lancer une consultation auprès de tous les évêques en vue de proclamer Marie ’co-rédemptrice de l’humanité’.

Parmi tous les titres que la tradition chrétienne a attribués à la mère de Jésus, celui de ’co-rédemptricé, apparu au 15e siècle, a connu ses heures de gloire dans la première moitié du 20e siècle. En 1943, Pie XII déclara Marie ’co-rédemptricé avec le Christ. Il reconnaissait alors que la Vierge participe à l’expiation des péchés des hommes avec son fils. Mais ce titre fut délibérément abandonné par le Concile Vatican II (1962-1965) qui le jugeait «équivoque». Aujourd’hui, certains milieux catholiques conservateurs militent pour le retour de ce titre, avec celui de Marie ’avocate et médiatrice’.

La Vierge Marie collabore au salut de l’humanité

Ainsi, au milieu des années 1990, à la demande de Jean Paul II (1978-2005) et de la Congrégation pour la doctrine de la foi alors présidée par le cardinal Joseph Ratzinger, l’Académie pontificale mariale internationale s’était penchée sur la question. Selon certains experts favorables à la proclamation d’un nouveau dogme, la Vierge Marie, qualifiée de ’nouvelle Eve’, collabore au salut de l’humanité. Mais l’Académie avait estimé que ce sujet était «bien loin de faire l’unanimité théologique essentielle qui, pour ce qui est des questions doctrinales, reste la condition indispensable d’une définition dogmatique».

Un dogme est une vérité de foi contenue dans la Révélation et proposée par le magistère extraordinaire de l’Eglise à l’adhésion des catholiques. Outre les dogmes proclamés avant le schisme de 1054, 3 dogmes sont propres à l’Eglise catholique : L’Immaculée conception de Marie, proclamé par Pie IX (1846-1878) en 1854; l’infaillibilité pontificale, proclamé par Pie IX lors du Concile inachevé de Vatican I (1870) et l’Assomption de la Vierge Marie, proclamé en 1950 par Pie XII (1939-1958).

Les deux dogmes mariaux – l’Immaculée conception et l’Assomption – sont une source de difficultés dans les rapports oecuméniques avec les Eglises issues de la Réforme. Quant au dogme de l’infaillibilité pontificale, il pose problème en particulier dans les rapports avec les Eglises orthodoxes. (apic/imedia/hy/bb)

13 février 2008 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture: env. 3 min.
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