Saint-Gall: des députés veulent «museler» les Eglises

Des députés saint-gallois veulent interdire aux Eglises de s’exprimer sur des sujets politiques. Leur démarche fait suite aux critiques provoquées par l’engagement public des Eglises dans la campagne pour des Multinationales responsables.

Les trois parlementaires saint-gallois Walter Locher (Parti libéral radical, PLR), Christoph Bärlocher (Parti démocrate chrétien, PDC) et Michael Götte (Union démocratique du centre, UDC) ont déposé une proposition de loi exigeant que les Eglises se comportent de manière totalement neutre dans le domaine politique, rapporte le quotidien régional Toggenburger Tagblatt le 28 décembre 2020. Les trois députés rappellent que les autorités politiques sont obligées de diffuser, dans un contexte de votations, des informations correctes et modérées. «À ce jour, aucune règle de ce type ne s’applique aux autorités ecclésiastiques», font-ils ainsi remarquer.

Pour les députés, la campagne «unilatérale» menée par les Eglises en faveur de l’initiative pour des Multinationales responsables – acceptée par une courte majorité du peuple, mais rejetée par une majorité de cantons le 29 novembre 2020 – a montré que la situation actuelle était problématique. Cela va, à leurs yeux, à l’encontre de la liberté de vote. Ils ont souligné que les communautés religieuses reconnues de droit public bénéficiaient d’un «statut spécial privilégié» impliquant des obligations de comportement.

Une neutralité équivoque

Le gouvernement saint-gallois n’a pas fait de commentaire sur la proposition des trois députés. Mais en novembre, il avait déclaré, à propos de l’engagement des Eglises dans la campagne, qu’une «exigence de neutralité imposée [aux Eglises] par l’Etat n’aurait guère de sens». Les autorités saint-galloises ont considéré qu’il n’appartenait pas aux cantons de décider quels sujets pourraient être ou non commentés par les Eglises.

Des personnalités des Eglises elles-mêmes se sont interrogées sur leur comportement durant la campagne. Rita Famos, la nouvelle présidente de l’Eglise évangéliques réformée de Suisse (EERS), a admis que les Eglises avaient «peut-être dépassé les limites lors de cette votation». La pasteure bernoise a surtout estimé que l’affichage de banderoles en faveur de l’initiative sur des églises avait été problématique.

A noter que l’EERS, ainsi que la Conférence des évêques suisses (CES), se sont déclarées à plusieurs reprises en faveur de l’initiative. (cath.ch/tt/rz)