Le Conseil des Eglises du Proche-Orient assimile la reconversion de la basilique Sainte-Soiphie en mosquée à "une attaque à la liberté religieuse" | © Flickr/Dan/CC BY-SA 2.0
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Sainte-Sophie: les Eglises du Proche-Orient fustigent la Turquie

La décision des actuels responsables de l’Etat turc de reconvertir Sainte-Sophie à Istanbul en mosquée représente «une attaque à la liberté religieuse». C’est ce qu’affirme le Conseil des Eglises du Proche-Orient (MECC) dans un communiqué par lequel il déplore avec fermeté le énième changement d’usage de l’antique basilique chrétienne décidé par le Président turc, Recep Tayyip Erdogan.

Dans sa prise de position, le MECC – le rassemblement d’Eglises du Moyen-Orient. C’est aussi la branche régionale du Conseil œcuménique des Eglises. invoque également une prise de position ferme de l’ONU et de la Ligue arabe à ce sujet, rapporte l’agence vaticane Fides. L’institution suggère de déposer un recours devant la Cour suprême turque afin de faire respecter «le symbolisme historique représenté par Sainte-Sophie».

La donnée la plus insidieuse de l’ensemble de l’affaire, souligne le message, consiste dans le fait que la décision turque intervient à un moment historique marqué par la tentative de faire grandir les rapports de coexistence pacifique et solidaire entre chrétiens et musulmans. Il fait allusion notamment au Document sur la fraternité humaine pour la paix dans le monde signé le 4 février 2019 à Abou Dhabi par le pape François et par le cheikh Ahmed al-Tayyeb, grand imam d’al Azhar.

Un coup dur pour le dialogue entre chrétiens et musulmans

La décision turque relative à Sainte Sophie, indique le MECC, représente un coup dur à toutes les initiatives de dialogue entre chrétiens et musulmans lancées au cours de ces trois dernières décennies, y compris en tant que réponse aux dangers de l’extrémisme et du fanatisme religieux.

Le Patriarcat de Babylone des Chaldéens exprime lui aussi «tristesse et douleur» pour le sort du monument qui était devenu un symbole de la possible coexistence solidaire entre le christianisme et l’islam, à une époque où il convient d’affronter ensemble les conflits. «Les musulmans d’Istanbul, indique la déclaration du Patriarcat, n’ont pas besoin d’une nouvelle mosquée dans leur ville, où en existe déjà un nombre incalculable».

Les pasteurs de l’Eglise chaldéenne, et son Patriarche Louis Raphaël 1er Sako, déplorent le fait que le Président Erdogan n’ait pas pris en considération le fait que son choix aurait attristé des millions de chrétiens du monde entier, oubliant également l’accueil fraternel réservé par tant de chrétiens aux immigrés musulmans arrivant en Europe après des voyages difficiles et dangereux.

Le 10 juillet 2020, dans un discours à la Nation, le président Erdogan a annoncé que Sainte Sophie serait rouverte au culte islamique à compter de la prière du vendredi 24 juillet, en soulignant que la reconversion en mosquée du monument symbole d’Istanbul représentait «un droit souverain» de la Turquie.

Quelques heures avant le discours du chef de l’Etat turc, avait été rendu public le texte de la décision par laquelle le Conseil d’Etat turc avait annulé le décret du 24 novembre 1934 du président de l’époque, Mustafa Kemal. Il avait transformé en musée l’antique Basilique byzantine de Sainte Sophie, devenue mosquée après la prise de Constantinople par les ottomans (1453).

«Je pense à Sainte-Sophie et je suis profondément attristé» a déclaré le pape François en s’adressant aux fidèles présents sur la Place Saint-Pierre après la prière de l’Angelus du Dimanche 12 juillet. (cath.ch/fides/bh)

Le Conseil des Eglises du Proche-Orient assimile la reconversion de la basilique Sainte-Soiphie en mosquée à «une attaque à la liberté religieuse» | © Flickr/Dan/CC BY-SA 2.0
13 juillet 2020 | 15:38
par Bernard Hallet
Temps de lecture: env. 2 min.
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