L'émigration clandestine des côtes africaines sur des pirogues est souvent mortelle   | © www.seneweb.com
International

Sénégal: Evêques inquiets de la croissance de l'émigration irrégulière

Les évêques de la Conférence épiscopale du Sénégal, Mauritanie, Cap Vert et Guinée-Bissau sont préoccupés par la recrudescence de l’émigration irrégulière par pirogue dans certains de leurs pays, et par la montée progressive de l’intolérance religieuse. Ils invitent à plus d’ouverture, de tolérance et de dialogue.

Les évêques, réunis en session ordinaire du 9 au 15 novembre 2020 dans le diocèse de Nouakchott, en Mauritanie, ont appelé à une «prise en charge conséquente» de la jeunesse africaine. «Malgré les efforts déployés pour améliorer leur condition sociale et économique, la situation demeure très critique pour beaucoup de jeunes», ont-ils souligné dans un communiqué. Pour ce faire, ils ont invité les  dirigeants de leurs Etats à poursuivre les initiatives entreprises pour apporter «des solutions satisfaisantes» aux difficultés que rencontrent les jeunes.

400 jeunes se sont déjà noyés

Depuis début octobre, quelque 1’500 jeunes qui tentaient l’émigration irrégulière en Espagne et 29 convoyeurs ont été interpellés par les services de sécurité de leurs pays. Environ 400 autres jeunes ont péri dans les eaux de l’Océan atlantique, lors d’accidents de leurs pirogues  pendant la traversée, rapporte le site sénégalais Dakaractu. Qui précise le 22 novembre 2020 que «dans les Iles Canaries, il y a plus de 17’000 migrants africains qui seraient arrivés au niveau des côtes».

De son côté, le site d’information sénégalais seneweb  écrit le 21 novembre que 100 jeunes qui voulaient rallier l’Espagne sont portés disparus, après le chavirement de la pirogue qui les transportait avec 50 autres migrants. Le 24 octobre, au moins 140 personnes sont mortes suite au naufrage de leur embarcation aux larges de Saint-Louis, au nord, dernière ville sénégalaise avant la Mauritanie, a indiqué le 5 novembre  l’Organisation internationale pour les Migrations (OIM), pour laquelle il s’agissait du drame le plus meurtrier en 2020. Le Vatican a compati à ce drame.

Actes suicidaires interdits par l’islam

Le 16 novembre 2020, par la voix de son porte-parole, Serigne Bass Abdou Khadre Mbacké, calife général des Mourides, a déploré la semaine dernière le phénomène croissant de l’émigration clandestine qui provoque la mort de nombreux jeunes Sénégalais. Dans son message, le marabout avertit: «Personne ne doit pas prendre les pirogues pour voyager surtout sur de longues distances. Ceux qui font cela, qu’ils sachent que c’est un suicide et s’ils meurent, ils iront en enfer !» Le patriarche de Touba considère que ces actes sont suicidaires, et par conséquent interdits par l’islam.

Au sujet de la «montée progressive» de l’intolérance religieuse, la Conférence épiscopale du Sénégal, Mauritanie, Cap Vert et Guinée-Bissau a relevé qu’elle se manifeste par «une violence multiforme, due parfois à des idéologies qui prônent l’exclusion et l’intolérance basées sur la religion, l’origine, la culture, l’ethnie ou l’appartenance politique».

A l’occasion de leur réunion, les évêques, qui ont procédé à l’élection d’un nouveau bureau, ont élu le cardinal Arlindo Gomes Furtado, évêque de Santiago du Cap Vert, comme président de la Conférence épiscopale. (cath.ch/ibc/be)

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23 novembre 2020 | 11:06
par Ibrahima Cisse
Temps de lecture: env. 2 min.
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