«Spotlight «, ou l'Evangile vécu par les autres...

Spotlight «, ou l’Evangile vécu par les autres…

Le film «Spotlight», sur le scandale des abus sexuels dans le diocèse de Boston aux Etats-Unis, continue de susciter des réactions et commentaires de personnalités d’Eglise. Une des dernières en date est celle de Mgr Alain de Raemy, évêque des médias au sein de la Conférence des évêques suisses. «Il faut regarder la réalité en face», estime-t-il dans un billet publié sur le site du diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg.

Si vous n’avez pas vu ce film, Oscar 2016 du meilleur film et du meilleur réalisateur, alors que vous vous dites catholique, vous devez y aller ! Car vous serez éprouvé, littéralement mis à l’épreuve, dans votre foi, pour votre foi.

C’est une histoire vraie, terriblement vraie. Et vous rendrez grâce à Dieu, au prix de votre honte, pour l’œuvre de vérité d’un journalisme acharné, œuvre de journalistes si vrais qu’ils vont payer, eux, de leur foi personnelle, leur conscience professionnelle. Une foi perdue, non pas par la faute du monde, mais par la faute de l’Eglise, de 250 prêtres abuseurs et d’au moins un évêque ” protecteur «. Et cela à Boston, ” la très catholique «, il y a à peine 15 ans. Comme ailleurs, comme chez nous.

Un des journalistes qui mène l’enquête, qui entend les victimes et ” leurs prêtres «, finit par confier à sa collègue : J’avais la foi enfant. Je m’en suis éloigné adulte. Je pensais la retrouver en vieillissant…, mais maintenant je l’ai perdue, définitivement. Et à sa collègue, elle qui accompagnait encore chaque dimanche sa grand-mère à l’église, de répondre : oui, en moi aussi, quelque chose est cassé, anéanti, fini.

C’est alors sans joie aucune, mais avec la bonne conscience du devoir évangéliquement accompli, que leur enquête triomphera d’une omerta institutionnelle qui protégeait tout et tous, à une seule exception près : les victimes. Jamais l’hypocrisie pharisienne n’aura été aussi évidente, après Jésus, et chez les siens.

Que penser, que dire, que faire ? D’abord regarder la réalité en face. Pleurer avec les victimes. Parler avec ceux qui parlent. Dénoncer. Corriger. En toute vérité. Et se confronter encore et encore à l’évangile. Et pas seulement en matière sexuelle. Car toute déviance est une honte. Et en blesse plus d’une et plus d’un. Restons donc en carême. En vrai carême. En carême de conversion.

Pour que l’évangile ne soit pas vécu seulement par les autres… 

Que Pâques nous soit Résurrection ! 

+ Alain de Raemy

 

Mgr Alain de Raemy, évêque auxiliaire de Lausanne, Genève et Fribourg et 'évêque des médias'
2 mars 2016 | 11:34
par Maurice Page
Temps de lecture: env. 2 min.
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