Suisse: L’Action de Carême et Pain pour le prochain lancent la campagne «Clean Clothes»

Pour des habits produits dans la dignité

Berne, 12 janvier 1999 (APIC) Pour garantir des prix attractifs, les fabricants de vêtements ont largement délocalisé leur production dans les pays pauvres. Lorsqu’ils achètent des habits, les Suisses connaissent-ils les conditions de vie et de travail de celles et ceux qui les produisent en Asie, en Amérique latine, en Afrique ou en Europe? Partout des ouvrières s’épuisent à la tâche dans des conditions très dures pour des salaires de misère. Pour que cela change, l’Action de Carême, la Déclaration de Berne et Pain pour le Prochain lancent une campagne commune «Pour des habits produits dans la dignité».

Le principe de la campagne baptisée ” Clean Clothes» (vêtements propres) est simple. Les consommateurs sont invités à adresser des cartes postales aux fabriquants pour demander des habits produits dans la dignité. «Nous avons renoncé à une campagne de boycott parce qu’en fin de compte, elle se retournerait contre les travailleurs», explique Susanne Blättler, de la Déclaration de Berne. Cette démarche qui fait partie intégrante de la campagne de Carême des Eglises suisses, ne veut pas culpabiliser ou réduire le plaisir de s’habiller, mais inviter à une consommation plus responsable et consciente, précisent les organisateurs.

Les entreprises de confection délocalisent leur production à la recherche d’une main-d’œuvre flexible et bon marché. Les ouvrières et ouvriers qui produisent les vêtements n’y trouvent pas leur compte. Quels que soient le pays d’origine, la marque ou le distributeur, les conditions de travail sont souvent indignes: horaires de travail interminables (jusqu’à 93 heures par semaine), salaires insuffisants, mesures de sécurité et de santé lacunaires, discipline militaire, vexations diverses, restrictions ou absence de droits syndicaux.

Un code de conduite complet

Conscientes de l’importance croissante des questions éthiques dans la consommation, certaines entreprises suisses de l’habillement ont commencé à développer des initiatives, malheureusement encore incomplètes. Pour que les conditions de travail s’améliorent notablement, la campagne «Clean Clothes» demande l’adoption d’un code de conduite complet garantissant le respect des droits fondamentaux des travailleurs, l’interdiction de l’exploitation des enfants, l’assurance d’une vérification indépendante et la possibilité pour les ouvriers de s’organiser librement et de dénoncer sans risque toute violation de leurs droits.

Lancée dans 10 pays européens, la campagne «Clean Clothes» a déjà démontré que la mobilisation des consommateurs a de l’influence sur la politique sociale des marques et distributeurs de vêtements: Nike, Adidas, Levi’s, H&M, C&A en ont fait l’expérience. Au tour des entreprises suisses maintenant. C’est en 1990 qu’a démarré, en Hollande, la première campagne «Clean Clothes». Depuis lors, dans neuf pays européens, diverses organisations lui ont emboîté le pas pour demander l’amélioration des conditions de travail dans la production des vêtements et des articles de sport.

En 1997, à l’initiative de la Déclaration de Berne et de Terre des Hommes Suisse, plus de 40’000 cartes postales ont été envoyées aux marques et aux grands distributeurs de chaussures de sport. Elles leur demandaient de garantir de bonnes conditions de travail et une rémunération équitable dans l’industrie asiatique des articles de sport. (apic/com/mp)

12 janvier 1999 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture: env. 2 min.
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