Suisse romande: Fermeture du journal traditionaliste «Controverses» et de «Tradiffusion»

Mauvaise gestion et surestimation des capacités financières

Bulle, 22 octobre 1998 (APIC) Mauvaise gestion et surestimation des capacités financières ont eu raison du mensuel lefebvriste «Controverses», fermé officiellement en octobre par la Fraternité saint Pie X. A Bulle, «Tradiffusion», la maison d’édition du journal traditionaliste qui ne paraissait déjà plus depuis près d’un an, ferme elle aussi ses portes pour la fin de l’année.

«Tradiffusion» – qui édite des livres, produit des cassettes-audio et vidéo et diffuse de la littérature catholique traditionaliste et bien marquée à droite – a licencié son personnel fin août (deux postes et demi). Le magasin – qui vendait également des objets de piété dans 30 pays différents, et pas seulement aux intégristes! – liquide désormais ses stocks.

Très engagée financièrement dans ses écoles, la Fraternité saint Pie X se voit ainsi contrainte de se séparer d’un instrument au service de son «apostolat par la presse». Le District Suisse ne pouvait plus éponger les déficits structurels de l’entreprise, hésitant entre «l’approche commerciale et l’œuvre apostolique». La diffusion de la pensée traditionaliste par les cassettes se poursuivra (pour les fidèles de langue allemande) par le biais de Verax-Verlag, et pour les francophones grâce aux Editions «Les Amis de saint François de Sales» à Sion, liées à la Fraternité.

Fondée en 1988 pour soutenir financièrement le mensuel traditionaliste «Controverses», la maison d’édition à Bulle ne fêtera donc pas son 10ème anniversaire. Le District Suisse de la Fraternité, constate son supérieur, le Père Niklaus Pfluger, ne peut plus supporter le poids des dettes qui grèvent l’entreprise. Il met en cause des «carences au niveau du marketing et de l’organisation, un mélange curieux de professionnalisme et d’apostolat, mais aussi une surévaluation financière de nos possibilités» ainsi qu’une «propension trop incontrôlée à se tourner vers des initiatives toujours plus aventureuses».

Selon Olivier Rouot, dernier rédacteur en chef de «Controverses», le journal définitivement condamné par la Fraternité avait le vent en poupe. A la fin, sans compter les ventes au numéro, il avait plus de 1’000 abonnés en Suisse romande, en France, en Belgique, au Canada francophone et en Afrique. Pour un tirage de 1’500 exemplaires, O. Rouot estime son public à plus de 6’000 lecteurs. Le journal en couleurs avait 24 pages et offrait 16 rubriques, avec 12 correspondants permanents. «Trop cher pour le District Suisse», commente le Père Pfluger. Quant au chiffre d’affaires de «Tradiffusion», dans la meilleure période, il a approché le million de francs suisses, pour se situer cette année autour des 600’000 francs.

Les «tradis» auront deux journaux au lieu d’un

Pour récupérer les lecteurs du défunt journal de la Fraternité, les deux ex-rédacteurs en chef de «Controverses» s’adressent désormais à leur ancien public avec deux journaux différents se réclamant également de la «Tradition». Le premier rédacteur en chef, Eric Bertinat, à Charmey, a lancé une nouvelle publication, «Le Petit Journal». «Sur une base tout à fait indépendante», tient-il à préciser. Il s’agit d’une publication bimensuelle de 8 pages tirant à 250 exemplaires. Son cheval de bataille est l’histoire et la politique suisses. Vues de droite, bien sûr, car avant sa venue dans le canton de Fribourg, l’horloger de Charmey fut un responsable important du parti Vigilance à Genève.

Suite à la disparition de «Controverses», E. Bertinat a inauguré une nouvelle rubrique qui traite librement de la «Tradition», pas exclusivement de celle se réclamant de l’héritage de feu Mgr Lefebvre.

Olivier Rouot, pour sa part, a rapatrié de Versailles le journal lefebvriste «De Rome et d’ailleurs», fondé en France en 1979. Il l’a installé à La Tour de Trême, près de Bulle. Le 1er numéro paru en Suisse à la mi-septembre a été tiré à 3’500 exemplaires, avec un important lectorat français. Le but d’Olivier Rouot est de transformer dès l’an prochain ce journal, qui paraît encore tous les deux mois, en un mensuel destiné en majorité au public suisse resté fidèle à Mgr Lefebvre. (apic/be)