L’ouverture d’esprit de certaines Assemblées de Frères en cause

Suisse romande: Schisme entre darbystes

Lausanne, 20 mars 1998 (APIC) L’ouverture d’esprit de certaines Assemblées de Frères darbystes est à l’origine du schisme qui pointe. Les Assemblées de Frères, dites darbystes, connaissent un clivage de plus en plus important en Suisse romande. Une quinzaine de ces communautés – sur la quarantaine que compte la Romandie – sont sur le point de s’exclure des autres.

Les membres de ces Assemblées de Frères reprochent à certaines communautés leur état d’esprit et leurs méthodes, notamment leur ouverture à des «moyens charnels» pour annoncer et vivre le message du Christ.

Le schisme a en réalité éclaté il y a plusieurs mois dans le mouvement darbyste romand, même si les responsables des communautés tiennent à demeurer extrêmement discrets à ce sujet. Des communautés comme celles de Genève, Nyon, Rolle, Aubonne, Morges, Vevey ou Bienne, tentent de conserver une ligne «darbyste» stricte. Ainsi l’utilisation de diapositives, le recours à des instruments de musique pour accompagner le chant, la mise sur pied de rencontres au programme préétabli seraient «contraire à la liberté de l’Esprit»… laquelle interdit toutes ces pratiques. D’autres communautés, comme celles de Lausanne, Chexbres, Sonceboz plaident pour une certaine ouverture. Et certaines Assemblées se sont déjà scindées à cause de ces principes.

Ruptures dans d’autres pays

Dans le monde francophone, cette division, qui apparaît comme significative dans l’histoire du mouvement, s’est cristallisée à l’occasion de l’exclusion d’un membre de la communauté de Marseille. Pierre Oddon était connu dans ce milieu, en France comme en Suisse. Ce Méridional a fait preuve d’une liberté qui a dérangé. Sa communauté l’a exclu, considérant que ses méthodes étaient impropres à la proclamation de l’Evangile.

Cette exclusion n’a pas été reconnue par toutes les Assemblées en France et en Suisse comme c’est d’ordinaire la coutume. Le débat a couvé pendant deux ans et s’est durci depuis un an. Certaines Assemblées plus conservatrices ont posé un ultimatum aux autres quant au respect de la décision de Marseille. C’est ce qui a entraîné cette scission au sein du mouvement.

Dans le monde germanophone et en Hollande, un débat comparable a également vu le jour ces dernières années. W.J. Ouweneel, un membre hollandais de ces communautés, a remis en question la pertinence de vivre coupé du monde. Il s’est aussi demandé si les Frères lisent convenablement les écrits de John Nelson Darby, le fondateur du mouvement. Cette prise de position a entraîné une cristallisation des positions. Cette rupture au sein des communautés de Frères risque de s’étendre au plan mondial, aux Etats-Unis comme au Canada, mais aussi dans les pays en voie de développement où les Frères soutiennent des missionnaires. En effet ceux-ci devront bien se décider en faveur de l’un ou de l’autre camp.

Une histoire faite de schismes

Le mouvement darbyste existe en Suisse romande depuis 1845. En fait, dès les années 1820, des assemblées dissidentes de l’anglicanisme s’étaient formées en Angleterre. Sous l’influence d’un ancien prêtre anglican, John Nelson Darby (1800-1882), une scission se produisit en 1845 entre les «Frères étroits» – qui suivirent Darby – et les «Frères larges» qui se réclamaient de George Müller (1805-1898). J.N. Darby entreprit de nombreux voyages à travers l’Europe et des communautés apparurent en Allemagne (sous le nom de «Elberfelder Brüder») et en France, surtout dans la vallée du Rhône, en Haute-Loire et dans le Sud-Ouest.

En Suisse romande, dès 1840, Darby parvint à rassembler autour de lui des protestants touchés par le «Réveil» du 19e siècle et séparés des Eglises nationales. Il considérait l’Eglise comme infidèle et revendiqua l’application du «sacerdoce universel des croyants». Cela signifie qu’il n’y a pas de ministères ordonnés dans le mouvement et que, jusqu’à ce jour, les Frères n’ont jamais nommé de pasteurs. Les darbystes ont déjà vécu une scission importante à la fin des années soixante. En 1985, une douzaine de ces communautés ont fusionné officiellement avec les Assemblées et Eglises évangéliques de Suisse romande (AESR).

Les Frères darbystes n’admettent en leur sein que des personnes dont la foi et la vie sont jugées irréprochables. Lors de leur culte, tous les Frères peuvent prendre la parole, mais les femmes doivent se taire. Ils ont publié leur propre version de la Bible, ainsi que leurs propres commentaires. Leur système d’interprétation des Ecritures (le «dispensationalisme») distingue sept périodes dans l’histoire du salut. Après l’échec de la sixième dans l’apostasie de l’Eglise, la septième verra advenir le millénium précédé par «l’enlèvement de l’Eglise» et le Jour du Christ. (apic/spp/pr)

3 mai 2001 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture: env. 3 min.
Partagez!