(Photo:Pixabay.com)
Suisse

Suisse: vers une séparation des mariages civils et religieux?

Le conseiller national zurichois Claudio Zanetti (UDC) soumettra en septembre prochain une motion parlementaire demandant la séparation des mariages civils et religieux. Deux porte-parole de diocèses suisses, Giuseppe Gracia, pour Coire, et Hansruedi Huber, pour Bâle, réagissent.

Claudio Zanetti veut supprimer du Code civil suisse, par l’intermédiaire d’une initiative parlementaire, le passage qui stipule que «le mariage religieux ne peut précéder le mariage civil» (article 97, alinéa 3). Le conseiller national catholique déplore en effet que «les chrétiens soient discriminés par rapport aux autres modes de vie». Il prend comme exemple un couple de concubins vivant depuis longtemps ensemble. Ils ne subissent, sur le plan juridique, aucun désavantage par rapport à un couple marié. Il affirme également que beaucoup de couples voudraient pouvoir ne contracter qu’un mariage religieux, pour des raisons personnelles ou familiales. Claudio Zanetti ne trouve pas normal que ces personnes soient forcées de passer au préalable par une union civile.

Le mariage homosexuel en toile de fond

Giuseppe Gracia, porte-parole de Mgr Vitus Huonder, évêque de Coire, soutient la motion de l’élu zurichois. «Pour la communauté chrétienne, le mariage signifie l’union d’un homme et d’une femme», rappelle-t-il dans l’hebdomadaire alémanique Schweiz am Wochenende. «Lorsque l’Etat s’écarte de ce consensus, il perd sa crédibilité pour s’immiscer dans les mariages religieux des communautés croyantes, en exigeant notamment que le mariage civil précède le mariage religieux». Du moment que l’Etat ne tient plus au mariage homme-femme, il doit se demander quels arguments il pourrait avancer contre la polygamie et la polyandrie, interroge Giuseppe Gracia.

La fin du mariage comme sécurité sociale?

Hansruedi Huber, porte-parole de Mgr Felix Gmür, évêque de Bâle, a également commenté la motion dans un article publié sur la page de son diocèse. «Dans l’Eglise catholique, le sacrement du mariage est considéré comme ‘un vœu indissoluble de fidélité devant Dieu entre un homme et une femme’». Si l’Etat abandonne cette définition, «on peut se demander si la notion de ‘mariage’ doit encore exister dans un contexte étatique». Au vu des multiples formes de vie commune existant aujourd’hui et du taux élevé de divorces, l’institution civile du mariage va de moins en moins de pair avec une sécurité sociale, commente le porte-parole. Cette sécurité pourrait bien aujourd’hui devoir être assurée en dehors de l’état civil, avertit-il.

Un débat utile?

La motion de Claudio Zanetti pourrait sembler «à première vue inoffensive, voire inutile, mais elle a le potentiel d’ouvrir le débat sur la nécessité de conserver le mariage comme une institution étatique ou de le déplacer dans la sphère privée». Au final, il sera essentiel de savoir si «dans une société diversifiée, mobile et sécularisée, pourront encore exister des formes de partenariats qui seront considérés par les autorités comme particulièrement dignes de protection ou de soutien», conclut Hansruedi Huber.

Gehrard Pfister, le président du Parti démocrate chrétien (PDC), s’oppose par contre à un changement de la loi en la matière. Cela n’apporterait selon lui aucune valeur ajoutée. Dans Schweiz am Wochenende, il souligne que dans d’autres pays, la séparation complète de l’Eglise et de l’Etat n’a pas fait progresser la société. (cath.ch/sys/rz)

 

27 juillet 2017 | 17:07
par Raphaël Zbinden
Temps de lecture: env. 2 min.
Mariage (125)
Partagez!