Le processus synodal national poursuit sa réflexion et ses débats | © Christian Merz
Suisse

Suisse: vers un bureau synodal national?

Le paysage ecclésial suisse ressemble à un patchwork. La tendance de chacun est de bricoler ses propres solutions. Un ‘hearing’ sur le processus synodal, réuni le 26 septembre 2022 à Lucerne, a proposé quelques scénarios pour une meilleure collaboration, dont celui de la création d’un bureau synodal national. Cette initiative n’a pas fait l’unanimité.

Raphael Rauch kath.ch / traduction adaptation Maurice Page

Le groupe de réflexion mixte entre la Commission pastorale de la Conférence des évêques (CES) et la Conférence centrale catholique romaine (RKZ) avait convoqué un ‘hearing’ à Lucerne pour discuter des suites du processus synodal national lancé à Einsiedeln le 30 mai dernier.

Organes, conseils, commissions: qui étudie les organigrammes de la Conférence des évêques suisses (CES) et de la Conférence centrale catholique romaine (RKZ) doit faire preuve de patience. Des structures doubles compliquées, des processus pénibles, peu d’output: C’est ainsi que les participants ont résumé le paysage ecclésial suisse.

Quel «aggiornamento»?

Au moment où l’on s’apprête à célébrer le 60e anniversaire de l’ouverture du Concile Vatican II qui a voulu être un «aggiornamento», de l’Eglise, le processus synodal doit lui aussi être une mise à jour pour conduire l’Eglise suisse vers l’avenir.

«Nous avons besoin d’une stratégie et d’une coordination claires», affirme Arnd Bünker, secrétaire de la Commission pastorale. Au nom du groupe préparatoire, le théologien évoque l’idée d’un ‘bureau d’architecture synodale’ national: la CES et la Conférence centrale devraient regrouper leurs ressources avec la Commission pastorale et s’unir au niveau national dans le domaine de la planification pastorale, du développement de l’Eglise et du travail de fond. Un bureau synodal commun devrait assumer «la responsabilité opérationnelle de la synodalité à l’échelon national», explique Arnd Bünker.

Cela signifierait également que la CES et la Conférence centrale collaboreraient plus étroitement à l’avenir. Mais les évêques sont-ils vraiment prêts à partager le pouvoir et l’influence? «Pour l’heure, il s’agit de développer des scénarios qui devraient être présentés lors de l’Assemblée de la CES de mars 2023. Les évêques attendent d’avoir un projet mieux développé pour débattre et se prononcer», a expliqué à cath.ch Davide Pesenti, secrétaire général de la CES.

«Cela me rappelle l’Eglise réformée»

Lors de la discussion à Lucerne, la proposition présentée par Arnd Bünker a rencontré un écho partagé. «Cela me rappelle l’Eglise réformée», estime un participant. «Nous devons d’abord attendre le processus synodal mondial», dit un autre. Eva-Maria Faber, professeur de théologie à Coire, estime que «le processus en Suisse est la partie la plus difficile». «Je suis heureux d’être catholique. Mais c’est une aventure», commente l’Abbé Peter von Sury du monastère de Mariastein.

Des délégués de Suisse étaient réunis à Lucerne pour parler du processus synodal | © Christian Merz

Daniel Kosch critique la collaboration avec les évêques

La présidente de la Conférence centrale Renata Asal-Steger souligne : «Les structures sont importantes pour que nous puissions parler des contenus».«Nous aspirons à un départ, à un véritable pèlerinage. En même temps, nous sommes fatigués de toutes nos structures», admet Daniel Kosch.

Pour le secrétaire général sortant de la RKZ, il existe déjà à l’échelon national un «merveilleux accord synodal» entre la RKZ et la CES, mais il n’est pas vécu. Daniel Kosch souligne que l’on ne peut pas faire l’économie d’un débat sur les structures : «Il y a des choses que nous ne pouvons résoudre qu’au niveau national. Par exemple dans la pastorale des migrants ou dans le traitement de la crise des abus».

Il fait aussi son autocritique : «De nombreuses décisions sont prises dans des cercles restreints – sans dimension spirituelle, sans participation. Cela ne concerne pas seulement les évêques, mais aussi les autorités ecclésiastiques».

Vers un organe de concertation plus large

Pour Arnd Bünker, le groupe de réflexion composé de quatre hommes, qui a jusqu’à présent suivi le processus synodal, devrait être remplacé dès que possible par un autre organe plus large qui pourrait être le point de départ d’un bureau synodal national.

Le vicaire général pour la partie germanophone du diocèse de Sion, Richard Lehner  a répondu en insistant sur les sensibilités régionales et la proportionnalité. «Je ne peux pas m’imaginer que la Suisse romande se contente d’une seule personne», dans cet organe. Il me manque aussi les communautés religieuses.» Les critiques portent également sur le fait que l’organe devrait être composé à parts égales de femmes et d’hommes.

Plus largement, les participants on aussi invité à ne pas oublier les migrants, les sans-voix, les personnes éloignées de l’Eglise dont la parole doit être entendue. De même le niveau régional devrait être maintenu. Il ne s’agit pas tant de nouvelles structures que de revivifier celles qui existent.

Il appartient désormais à la commission pastorale de la CES de décider des prochaines étapes. (cath.ch/kath.ch/rr/mp)

Le processus synodal national poursuit sa réflexion et ses débats | © Christian Merz
27 septembre 2022 | 17:13
par Maurice Page
Temps de lecture: env. 3 min.
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