La grande synagogue de Rome a accueilli le pape François (Photo:Yaniv Yaakubovich/Flickr/CC BY-ND 2.0)
Vatican

Synagogue de Rome: le pape appelle à la «vigilance» après la Shoah     

Visitant pour la première fois la synagogue de Rome, le 17 janvier 2016, le pape François a appelé à maintenir une «vigilance maximale» pour défendre sans cesse «la dignité humaine» après la «barbarie la plus inhumaine» que fut la Shoah. Troisième pape à se rendre dans le grand temple situé sur les bords du Tibre, le chef de l’Eglise catholique a assuré que «la violence de l’homme sur l’homme» était «en contradiction avec toutes les religions» et il a redit «non à l’antisémitisme».

Avant d’entrer dans la grande synagogue de Rome, dans le quartier du Ghetto placé sous très haute sécurité, le pape s’est arrêté devant une plaque faisant mémoire de la rafle du 16 octobre 1943, lors de laquelle plus de 1’000 juifs furent déportés à Auschwitz. Il y a déposé un gros bouquet de roses blanches. Il a fait de même, par la suite, devant l’inscription évoquant l’attentat palestinien de 1982, dans lequel un petit garçon juif de 2 ans, Stefano Gaj Tachè, trouva la mort.

Accueilli au seuil de la synagogue par le grand rabbin de Rome, Riccardo di Segni, le pape a ensuite fait son entrée dans le temple comble. Traversant la synagogue, il a longuement salué les personnes présentes, serrant notamment la main de quelques survivants de l’Holocauste, recevant alors les applaudissements nourris de l’assemblée.

Les leçons du passé

«Chers frères et sœurs (…), nos relations me tiennent beaucoup à cœur», a assuré le pape François en soulignant le «lien unique et particulier» du dialogue entre chrétiens et juifs. Saluant ces derniers avec la belle expression de «frères aînés» formulée 30 ans plus tôt par Jean Paul II, le pape a replacé sa visite dans les traces de ses prédécesseurs, après la venue du pape polonais en 1986 et celle de Benoît XVI en 2010. «D’ennemis à étrangers, nous sommes devenus amis et frères», a aussi déclaré le pontife qui a redit fermement «oui à la redécouverte des racines juives du christianisme; non à l’antisémitisme».

Durant cette visite, qui intervenait dans le sillage du 50e anniversaire de la Déclaration conciliaire Nostra aetate, le pontife argentin a exprimé sa proximité aux survivants de la Shoah, durant laquelle, a-t-il déploré, «six millions de personnes, seulement parce qu’elles appartenaient au peuple juif, ont été victimes de la barbarie la plus inhumaine, perpétrée au nom d’une idéologie qui voulait substituer l’homme à Dieu». Dans un discours applaudi à de nombreuses reprises, le pape a fait mémoire avec gravité des larmes des victimes de la Shoah, qui «ne doivent jamais être oubliées». Et le pape François d’appeler à une «vigilance maximale pour pouvoir intervenir au bon moment en défense de la dignité humaine et de la paix», en tirant les leçons du passé.

La vie est sacrée

Appelant à s’engager pour la paix, la réconciliation, le pardon et la justice, en particulier en Europe, en Terre Sainte, au Moyen-Orient, en Afrique, le pape a assuré que la violence de l’homme sur l’homme était en contradiction avec toutes les religions dignes de ce nom, et en particulier avec les trois grandes religions monothéistes. «La vie est sacrée» et «tout être humain, en tant que créature de Dieu, est notre frère, indépendamment de son origine ou de son appartenance religieuse», a aussi rappelé le pontife. «Ni la violence ni la mort n’auront jamais le dernier mot devant Dieu», a-t-il lancé. Au premier rang se tenait un responsable de la communauté musulmane de Rome, aux côtés de nombreux représentants des autorités civiles.

Le grand rabbin Riccardo Di Segni lui a fait écho en accueillant la visite de l’évêque de Rome comme l’occasion de confirmer que les différences religieuses ne sauraient justifier la haine et la violence. A une époque de guerres et terrorisme justifiées par des visions fanatiques inspirées par la religion, a ajouté le rabbin, la venue du pape est un «signal très fort». Avant lui, dans un discours aux accents politiques, la présidente de la communauté juive de Rome, Ruth Dureghello, avait dénoncé l’antisionisme et les attaques terroristes contre l’Etat d’Israël.

Avant de se retirer pour un entretien privé avec le grand rabbin, le pape François a encouragé chrétiens et juifs à «offrir à toute l’humanité le message de la Bible sur le souci de la création» pour une écologie intégrale devenue désormais prioritaire. (cath.ch-apic/imedia/ak/ami/rz)

La grande synagogue de Rome a accueilli le pape François
17 janvier 2016 | 18:54
par Raphaël Zbinden
Temps de lecture: env. 3 min.
Holocauste (32), Juifs (131), Synagogue (19)
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