Ukraine: Le P. Dymyd, prêtre grec-catholique, dresse un premier bilan de la visite du pape

«Nous sommes des orthodoxes en union avec Rome»

Lviv, 29 juin 2001 (APIC) Le Père Michel Dymyd, prêtre grec-catholique ukrainien, dresse pour l’APIC un premier bilan de la première visite pastorale de cinq jours du pape en Ukraine, qui s’est achevée mercredi. Parmi les catholiques en Ukraine, les grecs-catholiques sont mieux placés que les latins pour comprendre les résistances exprimées du côté orthodoxe, estime ce père de famille belgo-ukrainien de quatre enfants qui a longtemps vécu à Charleroi, avant de retourner dans sa patrie après la chute du communisme.

Le Père Michel Dymyd est à l’origine du renouveau de l’Académie de théologie de Lviv qui forme chaque année, depuis sa réouverture en 1994, quelques 1200 étudiants en théologie et en philosophie. Le Belgo-ukrainien de Charleroi fut, au début des années 90, la cheville ouvrière de «Radio Voskresynnia» (Radio Résurrection), la première radio catholique d’Ukraine. Docteur en droit canon oriental – son père, travailleur forcé déporté en Allemagne durant la guerre, a été ensuite mineur de fond en Belgique – M. Dymyd a choisi il y a une dizaine d’années de retourner dans sa patrie pour y vivre. Il est marié avec une peintre d’icônes de Lviv.

Il dresse avec sa sensibilité de grec-catholique un premier bilan de ce voyage. Pour décrire à un journaliste occidental ce qu’est un grec-catholique par rapport à un catholique latin, le Père Dymyd n’a qu’une formule: «Nous sommes des orthodoxes en union avec Rome.»

«Les catholiques latins nous ont fait du mal et nous en font encore…»

Ce prêtre marié et père de quatre jeunes enfants comprend donc fort bien que des fidèles et des responsables orthodoxes se soient interrogé, avant la venue du pape de Rome, sur les objectifs du Vatican: s’agirait-il d’appuyer l’expansion de l’Eglise latine en Ukraine ? De ce point de vue, le voyage comme tel a été l’occasion de lever bien des malentendus.

Le Père Dymyd rappelle notamment la demande de pardon explicite de Jean Paul II à l’égard des fidèles de tradition orthodoxe. «C’est un beau geste qui s’adressait aussi à nous», commente-t-il. «Car les catholiques latins nous ont fait du mal et ils nous font encore du mal, même sans le vouloir. De ce point de vue, le pape a posé un pas important pour le dialogue entre nous quand il a affirmé qu’il n’était pas venu faire du prosélytisme.»

Le Père Dymyd a aussi apprécié le geste de Jean Paul II lors de la célébration du 25 juin en rite byzantin: «L’évêque de Rome a laissé la préséance à notre archevêque grec-catholique, le cardinal Lubomyr Husar.» Pour l’Ukraine, poursuit le Père Dymyd, ce voyage est une bénédiction à plusieurs titres. Il aura montré aux yeux du monde que l’orthodoxie ne

signifie pas forcément la russification, il aura aussi contribué à mettre en valeur la langue ukrainienne, celle que le pape a utilisée pour ses interventions. En outre, les célébrations auxquelles ont participé de très nombreux orthodoxes ont aussi apporté la preuve qu’un véritable œcuménisme se vit à la base.

L’œcuménisme se vit à la base, mais quand la politique s’en mêle…

Dans les familles, il y a d’ailleurs beaucoup de mariages mixtes. Il y a même des frères d’une même famille qui sont prêtres, l’un dans l’Eglise orthodoxe dépendant du patriarcat de Moscou, l’autre dans l’Eglise grecque-catholique. Ce n’est pas cela qui pose problème en Ukraine, mais c’est la restitution des biens ecclésiaux qui avaient été confisqués à l’époque communiste ou attribués autrement, car ce sont des hommes politiques, attachés à telle ou telle Eglise, qui décident encore des attributions d’aujourd’hui.

Que pense ce théologien de Lviv d’un éventuel voyage du pape à Moscou ? «Si l’on regarde les gestes faits par Jean Paul II à l’égard de la hiérarchie orthodoxe durant sa visite en Ukraine, on peut penser que ce voyage marque un pas en arrière sur la route de Moscou. Mais si l’on considère le souhait des fidèles à la base, c’est un grand pas en avant.» (apic/sdr/imedia/be)

29 juin 2001 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture: env. 3 min.
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