L'abus sexuel peut laisser des blessures durables | DR
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Un ancien évêque américain exonéré des charges d'abus sur mineur

La Congrégation pour la doctrine de la foi (CDF), à Rome, a exonéré Mgr Joseph Hart, évêque émérite de Cheyenne, aux Etats-Unis, des accusations d’abus sexuels sur mineur qui pesaient contre lui. Cette conclusion n’équivaut pas à son innocence, mais au constat que les preuves «au-delà de tout doute raisonnable» manquent. Le Vatican lui adresse une réprimande canonique et maintient les sanctions imposées en 2018.

La Congrégation pour la Doctrine de la Foi (CDF) relève que l’évêque a agi de manière irresponsable en tant que prêtre et a maintenu les restrictions qui lui avaient été imposées en 2018. La congrégation réprimande Mgr Hart «pour son manque flagrant de prudence en tant que prêtre et évêque pour s’être retrouvé seul avec des mineurs dans sa résidence privée et lors de divers voyages, qui auraient pu être des occasions potentielles de mettre en danger «l’obligation d’observer la continence» et qui auraient «suscité un scandale parmi les fidèles».

En janvier 2018, le diocèse de Cheyenne, dans le Wyoming, avait ouvert une enquête sur des allégations d’abus de la part de Mgr Hart. L’ évêque émérite aujourd’hui âgé de 89 ans, a dirigé le diocèse de 1978 à 2001.

Rome ne suit pas les conclusions diocésaines

Le diocèse indiqué que ses enquêteurs étaient convaincus d’avoir suffisamment de preuves pour conclure avec une certitude morale que les six accusations portées contre l’évêque Hart étaient crédibles. Le dossier a ensuite été transmis à Rome pour une décision finale dans le cadre d’un procès canonique.

Le diocèse a annoncé le 25 janvier 2021 que la CDF avait conclu que Mgr Hart était «exonéré de sept accusations, et que cinq autres accusations ne pouvaient être prouvées avec certitude morale» ce qui signifie l’absence de tout doute raisonnable. La norme légale de preuve requise pour imposer une condamnation pénale n’est donc pas atteinte. Le diocèse précise que cette conclusion n’équivaut pas à une déclaration d’innocence.

Selon le diocèse, les accusations portées contre Hart concernaient onze hommes et une femme. Le CDF a estimé en outre que deux des accusateurs ne répondaient pas aux critères d’abus sur mineur, car les victimes présumées avaient 16 et 17 ans au moment des faits et que le Code de droit canonique de l’époque fixait à 16 ans l’âge de la majorité sexuelle (aujourd’hui à 18 ans, ndlr).  

Pas de preuves suffisantes

Joseph Hart a été accusé d’avoir abusé sexuellement de mineurs au milieu des années 1970. Le diocèse de Kansas City-St. Joseph, où il était prêtre avant sa consécration en tant qu’évêque auxiliaire en 1976, a versé des indemnités à 47 victimes d’abus sexuels commis par des membres du clergé, dont certaines ont affirmé avoir été abusées par Joseph Hart.

En 2020, les procureurs civils ont refusé de porter plainte contre Mgr Hart, en raison de preuves insuffisantes des allégations d’abus. A cette époque, Mgr Steven Biegler, l’actuel évêque de Cheyenne avait déclaré que, malgré l’absence de charges pénales, il pensait que les allégations étaient crédibles.

La CDF n’a pas levé les restrictions imposées à Mgr Hart en 2018 et lui a rappelé qu’il ne devait avoir aucun contact avec les mineurs, les jeunes, les séminaristes et les adultes vulnérables ni présider aucune célébration publique de la liturgie.

Mgr Biegler a de son côté réitéré son soutien aux victimes. «Aujourd’hui, je veux que les survivants sachent que je les soutiens et que je les crois». L’évêque a ajouté qu’il «continuera à travailler et à prier pour leur guérison et pour tous ceux qui sont impliqués dans ces affaires douloureuses et pénibles». (cath.ch/cna/mp)

L'abus sexuel peut laisser des blessures durables | DR
26 janvier 2021 | 17:11
par Maurice Page
Temps de lecture: env. 2 min.
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