Un théologien suisse considéré comme «dangereux» dans certains milieux

Fribourg : Colloque sur Maurice Zundel, prophète méconnu

Fribourg, 20 avril 2012 (Apic) L’abbé Maurice Zundel (1897-1975) a marqué l’histoire de l’Eglise catholique par son franc parler et sa liberté. Considéré comme «dangereux» dans certains milieux ecclésiastiques, il est cité par Paul VI dans son encyclique Populorum Progessio en 1967. Un congrès lui a été consacré du 16 au 19 avril à l’Université de Fribourg.

Prêtre, écrivain, Maurice Zundel est un homme de Dieu qui tient à communiquer ce qu’il entend par «Dieu» et par «homme». Toute sa réflexion porte sur cette relation et ses conséquences sur la vie humaine.

Le colloque organisé par Pierre Pistoletti et Lionel Girard, de l’Université de Fribourg, a permis d’entendre des personnalités de différents horizons parler de la richesse de la pensée de Zundel. Un film documentaire de la télévision française «Les silences de Maurice Zundel» a ouvert le colloque, présentant son parcours et mentionnant l’essentiel de sa pensée théologique.

Gilbert Vincent, qui a connu Maurice Zundel, a apporté son témoignage sur la personnalité bien trempée de l’abbé. Pierre Emonet a mis l’accent sur l’anthropologie personnaliste de Zundel comme préambule à sa théologie.

Pour Patrice Sonnier, l’importance du message de Zundel réside dans son appartenance à la lignée paulinienne, révélant la signification du «don de soi», du «moi oblatif» comme source de vie et de joie.

Un apport philosophique lumineux

La philosophe française Marie-Jeanne Coutagne a tenté de sortir des idées reçues et des idées simplistes qui font souvent de Zundel l’ennemi du thomisme et du cardinal Journet. Pour elle, Zundel a su faire une synthèse des différents paradigmes théologiques et philosophiques, sans en exclure aucun.

Jacques Pasquier, professeur émérite de l’Université de Fribourg, s’est penché sur l’utilité de la pensée de Maurice Zundel pour l’économie dans le monde contemporain. Il a fortement insisté sur la nécessité d’ordonner l’économie à l’être humain, à la personne, et non l’inverse.

Roland Ruedin a porté ses réflexions sur le droit de propriété, suggérant que, dans la ligne de Zundel, on y intègre la notion de générosité.

Le Père jésuite Jean-Blaise Fellay a offert un panorama historique de l’évolution des conceptions cosmologiques et de leur influence sur la théologie. «Nous sommes passés de la stable physique d’Aristote à la relativité d’Einstein en passant par la totalisante mécanique de Laplace. Les différentes découvertes scientifiques ne doivent pas effrayer l’Eglise mais elle doit y voir des invitations à creuser toujours davantage ses conceptions théologiques afin d’être simplement crédible», a-t-il affirmé. Le propre du scientifique est l’étonnement. Il est également nécessaire à l’Eglise. Maurice Zundel fut particulièrement au courant des évolutions de la science et a su présenter un Dieu capable de susciter l’intérêt des chercheurs de tout type.

Zundel et la liturgie

A. Haquin a montré comment la liturgie doit être saisie dans son intégralité, symboles compris, pour être véritablement «efficace». Selon lui, Maurice Zundel a trouvé dans la liturgie la source de sa vie spirituelle, à tel point que le simple fait de le voir célébrer la messe émouvait les personnes qui y assistaient. Le Père dominicain et musicien André Gouzes a mis l’accent sur la sensibilité de Zundel à l’art et au beau, qui ont une importance vitale pour l’Eglise. (apic/js)

20 avril 2012 | 10:09
par webmaster@kath.ch
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