France: Sœur Marguerite Rutan, béatifiée dans les arènes de Dax

Une pionnière de l’action sociale

Paris, 16 juin 2011 (Apic) Le cardinal Angelo Amato, préfet de la Congrégation pour les Causes des Saints, béatifiera Sœur Marguerite Rutan, le 19 juin 2011 à 15 heures, aux arènes de Dax, en France. Fille de la Charité de Saint Vincent de Paul, la future bienheureuse a été guillotinée en 1794 pendant la Terreur.

Sœur Marguerite était en avance sur son temps. Elle a œuvré auprès des enfants, leur apprenant à lire et à écrire, tout en leur donnant un métier. Déjà infirmières, les Filles de la Charité deviennent ainsi institutrices. Mais en juin 1788, Sœur Rutan doit fermer les classes, par manque d’argent pour nourrir les enfants, rapporte le communiqué de la Conférence des évêques de France (CEF).

Elle accorde alors son attention sur une autre catégorie de pauvres, «les filles abandonnées et sans ressources qui, pour cacher le fruit de leur incontinence, pourraient se porter à la suppression de l’enfant». Les services sociaux n’existaient pas à l’époque. Tout était à la charge de l’Eglise, précise le communiqué. Sœur Rutan suit l’intuition de son fondateur, saint Vincent de Paul: faire beaucoup avec bien peu, en s’engageant dans un réseau, qui ignore les frontières et respecte la mobilité. En cela, Sœur Marguerite Rutan est une pionnière de l’action sociale.

Encadré

Marguerite Rutan

Marguerite Rutan est née à Metz, le 23 avril 1736. Issue d’une famille modeste et nombreuse de 15 enfants, elle entre chez les filles de la Charité à 21 ans. A la demande de l’évêque, elle est envoyée à Dax pour diriger le nouvel hôpital Saint Eutrope.

En 1792, les Sœurs sont accusées de vol. Et le 3 octobre 1793, elles sont invitées à choisir entre prêter serment à la Constitution ou être expulsées. Toutes refusent de jurer. La veille de Noël, Sœur Marguerite est accusée d’avoir «par son incivisme, cherché à corrompre et à ralentir l’esprit révolutionnaire et républicain» des militaires en traitement à l’hôpital. Elle est envoyée à la maison de réclusion des Carmes, transformée en prison. Le 8 avril, elle comparaît en compagnie du Père Jean Eutrope de Lannelongue, prêtre réfractaire. Tous deux sont guillotinés le lendemain. Marguerite chante le Magnificat en marchant vers l’échafaud. Elle repousse le bourreau, par ces mots: «Aucun homme ne m’a jamais touchée». Ensuite, elle ôte son mouchoir de tête et ses fichus de cou.

Un an plus tard, le directoire du district déclare, à son sujet: «La commune de Dax regrettera longtemps cette femme vertueuse qui, par caractère tenant à son opinion religieuse, a été inhumainement sacrifiée sur des motifs dont la preuve reste encore à acquérir». Le 9 avril 1905, date anniversaire de son exécution, un acte civil solennel de réparation est adressé pour la respectable victime. Le 1er juillet 2010, le pape Benoît XVI autorise la publication du décret du martyr en haine de la foi de Marguerite Rutan. Cette décision était la dernière étape avant la béatification, célébrée à Dax le 19 juin 2011. (apic/com/ggc)

16 juin 2011 | 11:59
par webmaster@kath.ch
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