Rome: La mère du garde suisse Cédric Tornay veut accéder au dossier 13 ans après les faits

Version officielle de la mort contestée

Rome, 3 novembre 2011 (Apic) Plus de 13 ans après les faits, la mère du jeune garde suisse qui avait tué le commandant Aloïs Estermann et son épouse avant de se donner la mort en mai 1998 s’adresse à Benoît XVI pour qu’il lui communique les pièces du dossier, a rapporté la Télévision Suisse Romande dans la soirée du 2 novembre 2011. Dans une lettre adressée au pape, l’avocat de la mère de Cédric Tornay juge ainsi que le dossier a été « classé à la va-vite, au terme d’une enquête bâclée ».

Quelques heures avant la diffusion sur son antenne d’une émission spéciale consacrée à ces « meurtres au Vatican », la TSR annonce ainsi que l’avocat de Muguette Baudat – la mère de Cédric Tornay – dénonce une nouvelle fois les manquements de l’instruction diligentée par des experts du Saint-Siège « qui n’en sont pas ».

Après avoir interpellé Jean Paul II en avril 2002 sans succès, maître Luc Brossollet revient à la charge auprès de son successeur, demandant ainsi de à Benoît XVI de « mettre fin à l’injustice subie par Muguette Baudat » et de lui permettre de connaître enfin la vérité sur la mort de son fils en lui transmettant les pièces du dossier. L’avocat français pointe dans sa missive les multiples lacunes qui ont, à son sens, émaillé « la comédie d’une pseudo instruction » diligentée par les enquêteurs et les « balisticiens du dimanche » du Vatican.

Dans une longue lettre, l’avocat repose un certain nombre de questions sur le déroulement des faits, en particulier sur le fait que, selon la version officielle, Cédric Tornay se soit suicidé après le double meurtre. Selon l’avocat, « la thèse officielle, la reconstitution de la scène de la mort de Cédric, est fausse, définitivement fausse ». Reprenant une expression du pape lui-même, maître Luc Brossollet espère que le Saint-Siège ne se rangera pas aux côtés des « Etats voyous ».

Rappel des faits

Le 4 mai 1998, un peu après 21h, alors qu’il venait d’être nommé commandant de la Garde suisse quelques heures plus tôt, Aloïs Estermann, 43 ans, était retrouvé mort par balles dans son appartement de fonction, dans la caserne de la garde. A ses côtés gisait le corps de son épouse, Gladys Mezza Romero, d’origine vénézuélienne, ainsi que celui du vice-caporal Cédric Tornay, âgé de 23 ans.

Le lendemain matin, sans attendre les résultats complets des autopsies en cours, le Saint-Siège indiquait officiellement que Cédric Tornay avait tué le commandant et son épouse « dans un accès de folie ». Joaquin Navarro-Valls, alors directeur du Bureau de presse du Saint-Siège, affirmait que le jeune garde « ne s’estimait pas suffisamment reconnu » et « avait fait part à ses camarades de son amertume de ne pas figurer dans la liste des gardes suisses qui devaient être décorés le 6 mai », à l’occasion de la traditionnelle prestation de serment des gardes.

Dans une lettre adressée à Jean Paul II en septembre 1998, Muguette Baudat, la mère du jeune garde, avait fait état de pressions et de manipulations à son encontre, mais aussi de dissimulations et de mensonges, la portant à croire que les seuls éléments de l’enquête auxquels elle avait pu avoir accès étaient tout sauf concluants. Elle écrivit de nouveau au pape en juillet 1999 et affirma ensuite n’avoir jamais reçu de réponse à ses courriers.

Entre avril et septembre 2002, les avocats français de Muguette Baudat, le célèbre Jacques Vergès et Luc Brossollet, ont tenté en vain de faire rouvrir l’enquête. Les avocats ont entre autres mis en doute les conditions exactes de la mort de Cédric Tornay, le fait qu’il se soit suicidé, ainsi que la véracité de la lettre que le vice-caporal aurait écrite à sa mère juste avant de mourir. Dans une dernière lettre au pape, en décembre 2002, la mère de Cédric Tornay clamait à nouveau l’innocence de son fils et reprochait à Jean Paul II un « grossier déni de justice », lui faisant part d’une « injustice criante ». (apic/imedia/ami/js)

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