Les espérances de Mgr Pascal N’Koué, archevêque de Parakou
Parakou, 17 novembre 2011 (Apic) Mgr Pascal N’Koué, archevêque de Parakou au Bénin, attend beaucoup de la visite de Benoît XVI dans son pays, du 18 au 20 novembre 2011. Le prélat de 52 ans, à la tête d’un important diocèse du Nord depuis juin dernier, évoque sans langue de bois la visite du pape, mais aussi les défis de l’Afrique, dans une interview accordée à l’hebdomadaire français Famille Chrétienne du 19 novembre 2011.
Famille Chrétienne: Mgr N’Koué, qu’attendez-vous de cette visite?
Mgr Pascal N’Koué: Le pape a une vision sur l’Eglise, sur l’Afrique, sur le Bénin que nous, dans nos diocèses et dans nos villages, n’avons pas toujours. Comme le dit le proverbe: « Le vieillard assis voit plus loin que les enfants debout ». Il va nous dire ce que son cœur de père porte pour nous. Lors de son précédent voyage au Cameroun et en Angola, il a défini l’Afrique comme le poumon spirituel de l’humanité. Ici, c’est vrai, la religiosité populaire bat son plein. Mais est-ce enraciné, est-ce fondé dans le Christ? Le pape vient avec le désir de nous confirmer dans la foi. Je suis aussi très heureux qu’il rencontre les enfants. Il leur parlera sûrement de façon particulière. Il demandera aux Africains de ne pas écouter ceux qui leur proposent de faire des avortements de manière industrielle. Notre avenir est dans les enfants.
Famille Chrétienne: Quels sont les défis auxquels l’Eglise est confrontée au Bénin?
Mgr Pascal N’Koué: L’un des grands défis est l’intériorisation de la foi. Il ne suffit pas d’être saupoudré du nom de Dieu. Il faut que la foi nous soit une force intérieure, une vie intérieure. C’est pour cela que nous avons besoin de monastères. Cette difficulté à intérioriser facilite l’expansion des sectes, qui promettent un bonheur facile. Et comme les gens n’intériorisent pas la parole de Dieu, ils sont séduits par les sectes. Mais j’en vois qui reviennent. Une fois qu’ils ont été plumés, ils reviennent dans l’Eglise, parce qu’elle accueille tout le monde. Ils voient bien que c’est nous qui nous agenouillons pour aider les pauvres.
Famille Chrétienne: Depuis 70 ans, comment se pose le problème de l’inculturation de la foi, de son insertion dans la culture africaine?
Mgr Pascal N’Koué: L’erreur que nous commettons trop souvent est de vouloir séparer évangélisation et inculturation. On croit que ce sont deux notions contraires qu’il faut raccommoder. Or l’évangélisation, c’est quoi? C’est la parole de Dieu que je reçois et que je mets en pratique. C’est la phrase de saint Paul: « Pour moi, vivre c’est le Christ. Ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi ». Une fois que le cœur aime, il s’adapte! On a voulu faire de l’inculturation une affaire intellectuelle, qu’on a posé comme un sujet d’étude, mais c’est une question de vie! Dans toute culture, il y a des scories que le Christ vient guérir. Jésus a eu du mal à faire comprendre aux Juifs qu’il fallait faire des bonnes œuvres le jour du Sabbat.
Famille Chrétienne: Le synode a demandé aux Africains d’être les acteurs de leur avenir. En prennent-ils conscience?
Mgr Pascal N’Koué: Malheureusement, chez nous, on croit que c’est l’Europe qui viendra faire notre propre bonheur. C’est vrai que l’Afrique n’a pas autant d’argent dans ses banques, mais quand on a un problème, ce n’est pas vers les banques qu’il faut se tourner. C’est le travail qui crée la richesse. Et si l’Afrique avait les moyens de se payer son développement, elle dirait non à beaucoup de choses. Or nos chefs d’Etat signent un nombre de choses incroyables pour se payer leurs campagnes, et l’Afrique devient ainsi la poubelle de toutes les idéologies. (apic/fc/slp/imedia/ggc)
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