Fribourg: La religion dans la société moderne, recomposée ou menacée?

Conférence de Thomas Luckmann et Jörg Stolz

Fribourg, 29 novembre 2011 (Apic) Les sociologues Thomas Luckmann et Jörg Stolz sont intervenus sur le thème « Le problème de la religion dans la société moderne », le 28 novembre 2011, à l’Université de Fribourg. Organisée par la chaire de Sciences des religions, la rencontre a attiré une centaine de personnes.

« On ne peut pas raisonnablement parler de sécularisation ». Thomas Luckmann, professeur honoraire de l’Université de Constance et sociologue de renom, est catégorique: la religion ne disparaît pas, elle prend une nouvelle forme. Au travers d’un bref aperçu historique, le chercheur a rappelé que les rapports entre la religion et la société ont de tous temps évolué. Avec la limitation de l’Eglise à ses seules fonctions religieuses et la perte du monopole religieux, la religion est devenue une affaire privée. Mais elle perdure bel et bien.

« De génération en génération, on devient moins religieux »

Une position que ne partage pas Jörg Stolz: « De génération en génération, on devient moins religieux ». Pour le professeur de l’Université de Lausanne, la scène religieuse s’est profondément modifiée au cours du 20e siècle. Les milieux religieux très fermés – catholiques, réformés – du début du siècle passé ont fait place à quatre nouveaux groupes. Les croyants institutionnels vont à l’église, connaissent le nom du pasteur/prêtre, sont engagés. Les croyants alternatifs s’intéressent aux karmas ou chakras, cherchent dans différentes spiritualités des solutions à leurs problèmes. Les séculaires ignorent tout de la religion ou y sont opposés et enfin les distancés forment le quatrième groupe.

Si chacun des trois premiers milieux représente entre 10 et 15% de la population suisse, les distancés sont bien plus nombreux. « De loin, c’est numériquement le plus grand groupe. Ce n’est pas qu’ils ne croient pas, ils pensent qu’il y a quelque chose de plus haut. Mais pour eux, la religion n’est pas si importante, ils ont d’autres priorités », relate le chercheur. Ces derniers peinent à transmettre leur foi à leurs enfants, d’où une érosion du sentiment religieux en général.

La religion est-elle appelée à disparaître en Suisse? Jörg Stolz n’en est pas si sûr. « Si le nombre des croyants institutionnels est en baisse en général, dans le monde évangélique, il est en légère croissance. » En concurrençant le monde séculier, avec leurs concerts de rocks, leurs camps de snowboard et leurs ’réseaux’ matrimoniaux, les Eglises évangéliques semblent résister à la tendance générale. (apic/amc)

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