Condamnés pour prétendues conversions forcées de jeunes musulmans
Srinagar, 24 janvier 2012 (Apic) Le tribunal islamique du Cachemire a ordonné l’expulsion « immédiate et définitive » de l’Etat indien du Jammu-et-Cachemire du pasteur anglican Channa Mani Khanna et de quatre autres chrétiens. Ils sont accusés d’avoir mis sur pied des conversions forcées de musulmans au christianisme, rapporte l’agence d’information « Eglises d’Asie » (EdA) le 24 janvier 2012.
Le tribunal islamique présidé par le grand mufti pour le Cachemire, Ahmad Bashir-ud-Din, a reconnu le 19 janvier 2012 le pasteur Channa Mani Khanna coupable d’avoir baptisé de nouveaux convertis reconnus comme d’anciens musulmans et l’a condamné à l’expulsion. La même sanction a été appliquée au Père Jim Borst, missionnaire catholique hollandais de la Société de Saint-Joseph de Mill-Hill, qui œuvre dans la vallée du Cachemire depuis près de 50 ans.
Lors de la conférence de presse qui a suivi la promulgation du décret, Nasir-ul-Islam, représentant du grand mufti, a déclaré que les cinq chrétiens avaient été reconnus « coupables d’avoir dévoyé de jeunes musulmans, les amenant à se convertir au christianisme en exploitant leur pauvreté ». Selon lui, le Révérend Khanna aurait « confessé son crime » et la Cour détiendrait de nombreux témoignages contre lui et « ses complices ».
Dans son décret, le grand mufti a aussi demandé au gouvernement de mettre sous surveillance toutes les écoles chrétiennes de la vallée. Soulignant que « la majorité des élèves de ces écoles étaient musulmans », le tribunal islamique concluait que « les études islamiques devaient être intégrées à l’enseignement » et les comités directeurs des établissements comprendre des « maîtres en études islamiques ».
« La seule confession que j’ai faite, a rapporté le pasteur Khanna à l’agence ’ de presse catholique ’AsiaNews’, est d’avoir administré le baptême à de jeunes adultes, qui étaient venus dans mon église, avaient demandé à être baptisés et avaient suivi la formation nécessaire ». Le pasteur raconte la violence de l’audience où il a comparu sans avocat, sous les insultes, et admet avoir signé sous la menace un document en ourdou, une langue qu’il ne comprend pas, précise EdA, l’agence d’information des Missions Etrangères de Paris (MEP).
Le Père Jim Borst, accusé de conversion « par des moyens frauduleux » de jeunes musulmans au christianisme, a reçu de nombreuses menaces des islamistes. Arrivé au Cachemire en 1963, le Père Borst avait contribué avec succès au développement des différentes écoles, collèges et centres d’accueil et de soins, implantés dans la vallée depuis le XIXe siècle. Parmi les écoles qu’il avait fondées, très réputées pour la qualité de leur enseignement (la presque totalité de la classe dirigeante de l’Etat y a été formée, dont l’actuel ministre-président du Jammu-et-Cachemire), celle du Bon pasteur à Pulwana fut la cible choisie par les islamistes.
En 2003, des allégations de conversions forcées furent lancées contre le Père Borst, puis l’école du Bon pasteur fut visée par deux attentats à la bombe avant d’être finalement incendiée.
Mais ce sont les nouveaux convertis qui subissent le sort le moins enviable: il y a quelques semaines, la simple rumeur d’une conversion au christianisme de garçons du village de Ganderbal a suffi à déclencher un raid punitif et le pillage de leurs habitations.
Le 20 janvier, au lendemain de la promulgation du décret de la Cour islamique, un quotidien kashmiri en langue anglaise a publié un long récit intitulé « Les dessous d’une apostasie » dans lequel un soi-disant « converti » du pasteur Khanna expliquait comment il avait été piégé par le pasteur. Ce dernier, racontait-il, avait utilisé les services d’une fille pour l’enivrer, puis l’avait filmé à son insu, afin de pouvoir le faire chanter.
Rendu « progressivement dépendant à l’alcool, aux femmes, à l’argent facile, à la drogue et même aux armes que le prêtre avait promis de lui fournir », il avait été forcé de participer à toutes les célébrations du Révérend Khanna. Parmi les nombreux détails des cérémonies chrétiennes qu’il fournit à l’appui de son « témoignage », il allègue que tous les participants devaient boire « du sang de porc » dans un grand verre. (apic/eda/js)
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